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Les collectionneurs africains et le canon de l'art africain

Publié le 10 juillet 2014 par Detoursdesmondes
Mascarade-yoruba

Je l'écrivais, il y a peu, Détours des Mondes vous invitera à une après-midi de colloque le 16 décembre 2014 sur le thème : La collection : Une oeuvre d'art ? Regards particuliers sur les Arts Premiers.
Parmi les intervenants, nous aurons le plaisir de donner la parole à Julien Bondaz.
(Sa thèse intitulée L’exposition postcoloniale. Formes et usages des musées et des zoos en Afrique de l’Ouest (Niger, Mali, Burkina Faso) sera justement publiée en fin d'été ou début de l'automne).
Ce dernier a en effet mené une enquête auprès de collectionneurs et marchands d’art africains en Afrique de l’Ouest en 2012.
Ce qui est intéressant de prime abord, c'est que le rapport de ces collectionneurs aux oeuvres africaines ne peuvent se caractériser ni par l’exotisme, ni par la quête de l’"authenticité".
S'agit-il alors dans l'acte de collectionner de (re)construire des identités ethniques ? Les objets sont-ils actifs dès lors qu'ils sont conservés dans la collection d'un Africain ?
Igbo

Ce dernier point est soutenu par Sylvester Okwunodu Ogbechie dans son livre sur les collectionneurs africains et le canon de l'art africain : Refaire l'histoire.
Livre engagé dont le point de départ repose sur la constatation que les études sur l'art africain ne valorisent cet art que dès lors qu'il se situe dans un cadre occidental, faisant l'impasse sur les collections africaines et les marchands africains.
Les canons esthétiques de l'art africain sont donc biaisés. Pour tenter de bâtir de nouveaux canons, il faut construire de nouveaux critères de référence établis en tenant compte des oeuvres africaines qui se trouvent dans les collections africaines.
Démarche passionnante mais pour le moment encore, à mes yeux, à son début puisque Sylvester Okwunodou Ogbechie ne prend l'exemple que d'une seule collection d'art africain à Lagos, celle de Femi Akinsanya.
Mais si son ouvrage n'a pas une méthodologie suffisamment consistante, il a le mérite de nous interpeller sur les limites et les dangers de la notion de « canon » une fois pour toute établie à l'aune des collections occidentales. Beaucoup de recherches restent donc à faire en ce sens. Parmi elles, la recherche et la reconnaissance des marchands africains, des collecteurs qui sont à l'oeuvre et qui sont si souvent occultés.
Sur ces sujets passionnants, nous attendons donc avec impatience l'intervention de Julien Bondaz qui nous permettra d'avancer des pistes de réflexion.
Pour l'heure, on peut visionner une video de Sylvester Okwunodou Ogbechie qui présente ses arguments suite aux enquêtes et entretiens qu'il a menés :

Photo 1 : Coiffe de mascarade Yoruba, acheté au marchand d'art Theophilus Adedoja © T.D.R The Femi Akinsanya African Art Collection in Sylvester Okwunodu Ogbechie, Refaire l'histoire, Ed. 5 Continents.
Photo 2 : Masque Igbo, acheté au marchand d'art George Uwechue © T.D.R The Femi Akinsanya African Art Collection in Sylvester Okwunodu Ogbechie, Refaire l'histoire, Ed. 5 Continents.

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