Avec : R. Lee Ermey, Vincent D'Onofrio, Matthew Modine, Arliss Howard, Adam Baldwin, Dorian Harewood, Kevyn Major Howard, Ed O'Ross, John Terry, Kieron Jecchinis, Marcus D'Amico...
Genre : Guerre.
Origine : États-Unis - Grande Bretagne.
Durée : 1 heure 56.
Date de sortie : 21 octobre 1987.
Synopsis : Pendant la guerre du Vietnam, la préparation et l'entrainement d'un groupe de jeunes marines, jusqu'au terrible baptême du feu et la sanglante offensive du Tet a Hue, en 1968.
Bande annonce française
"Les morts ne savent qu'une chose : Il vaut mieux être vivant."
Je regarde peu de films traitant de la guerre. C'est pas que je les trouve mauvais, c'est juste que c'est un genre qui ne me passionne pas, qui ne m'attire pas. Pourtant, ses derniers jours, j'avais quand même envie de m'en faire un et mon choix s'est porté sur un film de Stanley Kubrick dont j'avais souvent entendu le plus grand bien à savoir "Full Metal Jacket". C'est ainsi que je me suis retrouvé à découvrir il y à peu ce long métrage pour la première fois.
Et moi qui ne suis pas habitué à ce genre cinématographique, je dois dire que je ne regrette absolument pas mon choix. Je ne m'attendais vraiment pas à un tel résultat et j'ai vraiment beaucoup aimé ce scénario écrit par Stanley Kubrick, Michael Herr et Gustav Hasford. Dès les premières minutes, j'ai été transporté dans ce film. Il faut dire qu'il réunit vraiment tous les ingrédients pour nous emmener avec lui à savoir une histoire très intéressante saupoudré d'humour et d'action.
L'humour, je ne m'attendais vraiment pas à en trouver ou du moins pas autant et c'est un choix qui m'as beaucoup plu. Regorgeant de répliques excellentes, cet humour nous fait tout de suite rentrer dans ce monde que je ne connaissais pas. Il propose aussi un parallèle assez intéressant avec la noirceur de ses propos, cette façon que la guerre peut réduire à néant un homme d'un point de vue psychologique, à quel point la guerre en fait une machine à tuer en détruisant toute forme d'humanité que l'on peut avoir.
Car malgré cet humour, le film n'en oublie pas moins son récit. Le film nous questionne sur nos propres limites, sur ce qui est acceptable ou non et aussi sur notre propre dualité à l'instar du personnage de guignol arborant un casque portant l'inscription "Born to kill" et portant sur son uniforme également un symbole de paix. L'image en soit est assez forte (elle représente d'ailleurs très bien l'affiche du film) et nous pousse en tant que spectateur à chercher aussi nos limites.
Doit-on rire de ses militaires que la guerre amuse ? Doit-on cautionner une société qui détruit l'âme humaine pour faire de nous que de simples soldats ? La guerre vaut elle vraiment le jeu ? A t-on le droit de remettre en cause des ordres que l'on juge inacceptable ? Derrière ce récit, et malgré la forte présence d'humour, il y à une profondeur scénaristique que j'ai beaucoup aimé et qui ne m'as pas laissé indifférent. Cette façon de perdre ses repères, de n'avoir aucun scrupule à taper la pose pour un photographe en plein conflit, de se moquer de la population etc etc Cette perte de valeurs, cette perte de notre humanité est un point qui m'as plu surtout que le scénario ne tombe jamais dans le côté moralisateur mais laisse le soin aux spectateurs de se questionner lui même.
Devant la caméra, on à le droit à un très bon casting à commencer par l'excellent R. Lee Ermey en Sergent instructeur Hartman. Personnage mythique du film (je le situé déjà avant même d'avoir vu le film) et haut en couleur, l'acteur livre une très bonne performance sans jamais tombé dans le ridicule. Même en se comportant de façon inhumaine, il y à un côté sadique chez nous qui fait qu'on à de la sympathie pour ce personnage qui apporte beaucoup d'humour avec ses répliques ciselés. Charismatique, R. Lee Ermey s'impose très facilement dans son rôle et son ancien passé de Sergent instructeur ne le rend que encore plus crédible, ce qui fait d'ailleurs froid dans le dos quand on voit jusqu'où peut aller son personnage.
Le deuxième personnage que j'ai adoré c'est celui de Vincent D'Onofrio en Baleine. On à tout de suite de l'empathie pour lui. De par son physique qui l'isole tout de suite du reste du groupe et de par son regard, on ne peut que éprouver de l'affection pour cet homme que l'on va rabaisser au plus bas. Son évolution est vraiment intéressante et le comédien livre lui aussi une excellente performance. D'ailleurs, même après le générique de fin, j'ai encore en tête sa dernière scène et son regard dans ce long métrage qui montre la palette que l'acteur est capable de nous offrir.
Matthew Modine en Guignol n'est pas mauvais non plus mais j'ai eu moins d'empathie pour lui sauf peut être vers la fin mais la deuxième partie du long métrage le met plus en valeur aussi avec Cowboy. Ce dernier est également bien interprété par Arliss Howard. Les personnages de Cowboy et Guignol sont pas mal, leurs jeux est vraiment très convaincant mais ils n'ont jamais réussi à provoquer chez moi la même sympathie que je pouvais avoir pour le Sergent instructeur et Baleine. Quoiqu'il en soit, ça n'enlève en rien leurs qualités d'acteurs.
Le reste de la distribution fait également le job. Adam Baldwin en Brute Epaisse fait ce qu'il faut. Il fait tout ce qu'on attends de lui de bonne manière au même titre que Dorian Harewood en Blackboule. Blackboule est d'ailleurs un personnage que j'aurais bien aimé voir un peu plus, je pense qu'il aurait pu donner davantage même si d'un point de vue scénaristique je comprends la place qu'on lui accorde. Chaque comédien joue son personnage à fond en tout cas et rend crédible le portrait de cette troupe.
J'ai aussi eu une grosse claque avec la mise en scène de Stanley Kubrick. Le cinéaste livre vraiment une réalisation que je trouve parfaite. C'est propre, c'est soigné, c'est efficace et ça va à l'essentiel. Chaque plan est parfaitement bien pensé et on ne tombe jamais dans la surenchère inutile. Le réalisateur nous offre aussi des travellings qui valent le détour et qui rendent l'action encore plus fluide. D'ailleurs, à l'heure où de nombreux cinéastes aiment avoir Parkinson (le syndrome de la caméra qui tremble chaque seconde), j'ai vraiment apprécié de voir avec quelle propreté Stanley Kubrick à su être près de ses personnages tout en nous offrant une image nette notamment lors des scènes de combats.
Visuellement, j'ai vraiment trouvé que c'était magnifique. Le film possède sa propre identité, sa propre âme. L'ensemble est vraiment d'une très grande beauté ce qui rend le spectacle encore plus appréciable sans que l'on ne soit jamais perdu. Bien entendu, j'ai conscience que j'ai vu le film dans une version restauré qui amplifie ce côté propre comparé à ce que devait être ce film à l'époque mais je trouve qu'il vieillit très bien et ne prends pas une ride. Je n'ai vraiment rien à reprocher à cette réalisation que je trouve impeccable.
Les décors sont magnifiquement exploités que ce soit dans le centre d'entraînement où l'ont transpire et où on à mal pour les protagonistes ainsi que ceux en plein cœur du Vietnam où malgré par moment une légèreté ambiante, on sens que le danger peut être partout. Les costumes sont eux aussi parfait de même que la photographie. Gros point fort aussi concernant la musique signée par Vivian Kubrick. Elle à su me surprendre et m'emporter avec elle. Les musiques sont excellentes et le choix des différentes chansons est lui aussi impeccable avec des mélodies à laquelle on ne s’attend pas et qui tranche une nouvelle fois avec la noirceur d'un récit loin d'être léger malgré la présence de son humour.
Pour résumer, j'avais déjà envie de me faire un cycle consacré à Stanley Kubrick et j'avais déjà envie de me faire quelques films de guerre mais ce "Full Metal Jacket" n'as fait que amplifié ses différentes envies. Le long métrage s'avère maitrisé en tout point et je comprends très largement maintenant qu'il soit devenu une référence. Le côté divertissant est là mais on n'oublie pas la profondeur du récit qui est porté par un casting excellent et une mise en scène bluffante. Je ne pensais vraiment pas autant aimé ce film qui fut donc pour moi une très bonne découvre et une très bonne surprise. C'est une œuvre puissante que je recommande en tout cas chaleureusement et que je reverrais sans doute avec le plus grand plaisir.