Fastlife est la première réalisation du célèbre humoriste Thomas Ngijol, également scénariste et acteur, dressant le portrait d'une ancienne vedette sportive égoïste et irresponsable obsédée par la célébrité. Avec ce parcours classique du héros « enfant » apprenant à devenir adulte, elle s’avère être une comédie relativement sage, n'allant jamais totalement au bout du délire escompté avec un tel artiste.
Plutôt encourageant que ce premier film réalisé par Thomas Ngijol. En termes de mise en scène du moins. L'humoriste semble à l'aise dans l'exercice, d'autant plus remarquable quand on note qu'il s'octroie également les casquettes de scénariste et d'acteur principal. Fastlife est ainsi un projet purement personnel, porté entièrement par le compère de Fabrice Eboué. Venu nous le présenter cette semaine, le comédien paraissait complètement exténué mais heureux de pouvoir enfin relâcher un peu la pression après un tournage n'ayant pas dû n'être qu'une partie de plaisir.
De fait, Ngijol fait preuve d'une grande maîtrise derrière la caméra, chaque plan témoignant d'une attention toute particulière. Le film se révèle esthétiquement travaillé, bien plus que dans la majorité des comédies hexagonales actuelles, avec une direction artistique ad hoc. C'est du côté de son scénario que Fastlife déçoit. Soucieux de proposer un film relativement grand public, Ngijol donne l'impression d'avoir mis de l'eau dans son vin, perdant un peu de son mordant au profit d'une morale (toutes proportions gardées) sauve. On attendait une comédie beaucoup plus irrévérencieuse, on se retrouve devant un objet relativement sage, relevé par quelques excès de folie salvateurs comme lors de cet hallucinant épilogue, apportant cette touche de cynisme propre à l'acteur. Le parcours de cet « anti » héros demeure néanmoins prévisible le reste du film, très ancré dans une certaine tradition du « rise and fall … and rise ! ». Une fois que l'on a compris que le métrage ne cherchera pas à sortir des sentiers battus, l'on pourra apprécier les vignettes humoristiques qui parcourent le récit. Le destin du personnage principal passant ainsi au second plan, on s'amuse des quelques répliques savoureuses entre ce dernier et le petit microcosme l'entourant, en décalage avec le ton général de l'œuvre. Il faut dire que le casting se montre impeccable et s'il ne parvient pas à transcender ce scénario très convenu, il fait correctement son travail lorsqu'il s'agit de donner matière à des personnages loufoques. Olivier Marchal, notamment, surprend par son aisance comique, renvoyant la balle à Ngijol avec beaucoup de naturel.
Finalement, malgré la tiédeur du scénario, le plus gros reproche que l'on ferait au film reste sa très mauvaise gestion du rythme. Le début est laborieux, il est difficile de discerner les enjeux, la mise en place du personnage est trop lente, et certains éléments narratifs sont tout simplement inutiles (la sous-intrigue avec la jeune sportive notamment). Lorsque l'on commence à rentrer dans le film, celui-ci s'accélère brusquement, enchaînant ellipses sur ellipses, donnant l'impression d'éviter systématiquement son sujet par peur de décevoir ou par facilité.
Sorte de Zoolander du monde de la course, Franklin est un personnage fort, à la fois agaçant et touchant, interprété avec talent par son créateur Ngijol. Il est dommage que ce dernier n'ait pas profité de son film pour y aller un peu plus fort dans la caricature du monde du sport et du showbiz (c'est dans le titre), ou pour tout simplement se lâcher encore plus dans un délire à la limite de l'abstrait (on pense à Ricky Bobby). Avec plus de rigueur scénaristique, on tenait une bonne comédie. En l'état, on se contente de vannes sympathiques, et c'est déjà bien !
Titre original
Fastlife
Mise en scène
Thomas Ngijol
Date de sortie
16/07/14 avec EuropaCorp
Scénario
Thomas Ngijol & Mohamed Issolah
Distribution
Thomas Ngijol, Karole Rocher & Julien Boisselier
Photographie
Michel Amathieu
Musique
Guillaume Roussel
Support & durée
35 mm / 91 minutes
Synopsis : FASTLIFE : aller toujours plus loin, plus vite, pour briller aux yeux des autres : telle est la devise de Franklin. Franklin est un trentenaire mégalomane obnubilé par l’envie de briller à n’importe quel prix. Il devra choisir entre devenir un homme ou continuer à vivre la Fastlife.
EN TOUTE HUMILITÉ, JE SUIS NÉ POUR BRILLER.
Franklin Ebagé