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Maps to the stars

Publié le 14 juillet 2014 par Olivier Walmacq

Une jeune femme revenant d'hôpital psychiatre revient à Hollywood entraînant avec elle un acteur de teen movie à la mode, une actrice sur le retour et un chauffeur voulant devenir scénariste...

Maps To The Stars : Affiche

La critique un peu plus près des étoiles de Borat aux jardins de lumières et d'argent...

Ah revoilà l'ami David Cronenberg! Autrefois détesté ou hué par la presse pour la violence graphique de ses films, aujourd'hui adulé par cette même presse l'ayant dézingué, devenant ainsi hype au même titre qu'un certain Tim Burton ou même Sam Raimi et au point que ses fans de la première heure ont bien du mal à s'extasier. Clairement il y a un avant et un après Crash. Si exiSTenZ jouait encore la carte de la violence sur les corps que l'on appelera "Nouvelle Chair", ce n'est plus le cas depuis. En fait il semblerait que l'ami Crocro veut dorénavant faire dans la métaphore, les symboles au risque de perdre son public. Pas que cela soit inintéressant (preuve en est avec Les promesses de l'ombre), mais le niveau a clairement baissé. On est tout de même passé du troublant Faux semblants au soporifique (et le mot est faible) Cosmopolis. Maps to the stars, présenté en compétition à Cannes (le festival tellement branché qu'il vous ruine parfois une carrière, demandez donc à Francis Ford Coppola qui est passé du triomphe d'Apocalypse Now au flop ruineux Coup de coeur!) et reparti avec le prix d'interprétation pour Julianne Moore, ne déroge pas à cette règle: ça passe ou ça casse. Je ne vais pas vous mentir: c'était vraiment mieux que Cosmopolis (qui, je vous le rappelle, fut un très grand moment de solitude) et j'ai même passé un bon moment. Mais il y a quelques pépins notables.

Maps To The Stars : Photo

Tout d'abord et le plus indéniable c'est que l'on n'a pas réellement l'impression de voir un film de Crocro. On ne retient uniquement sa mise en scène viscérale uniquement dans la scène des coups de statuette ou dans le personnage de Mia Wasikowska, cette grande brûlée qui se cache derrière des gants, des bas et ses cheveux. Il y a aussi du sexe mais c'est clairement secondaire voire anecdotique (comme le confirme la coucherie entre Moore et Robert Pattinson). Ce n'est pas un moyen de faire avancer la psychologie des personnages comme dans Faux semblants ou Vidéodrome. Ensuite, il faut bien avouer que l'on se croit davantage dans un énième film indépendant américain plutôt que d'un Crocro. A la limite, on se croirait dans un film de Sofia Coppola que ce soit par le type de réalisation assez simpliste que dans le thème (Hollywood et ses méandres). Cela reste tout de même mieux et moins soporifiques que les films de la fille de Francis mais pas de quoi se vanter sur ce point. Ensuite et là on touche encore une fois à du graphique, qu'est-ce que c'est que cette immolation David? Tu n'étais pas sérieux en demandant aux mecs d'Asylum de te faire cet effet spécial d'une rare laideur et indigne de toi qui a signé certains des effets gore les plus géniaux du cinéma (il n'y a qu'à voir la transformation finale de Jeff Goldblum dans La mouche pour s'en rendre compte)? Parce que franchement quelle horreur. On notera aussi la séquence où Julianne Moore a la diahrée séquence au combien hors-sujet et assez gratuite (je pense que l'actrice a dû se marrer tout de même en tournant la scène).

Maps To The Stars : Photo Julianne Moore

Il n'en reste pas moins que ce nouveau cru est assez intéressant. Dans un premier temps, on s'amuse de la description d'Hollywood ici présente et hantée par les fantômes du passé. Un nouveau thème pour Crocro que les fantômes, partie assez intéressante du film confrontant souvent malgré eux certains personnages dans leurs pires retranchements. La jalousie notamment puisque Julianne Moore ne cesse de voir sa mère qu'elle a toujours accusé d'abus sexuels même pendant une partie de jambes en l'air, tout en espèrant gagner le rôle que sa mère jouait autrefois dans un remake (bienvenue à Hollywood!); et le jeune Evan Bird voyant une petite fille auquelle il a rendu visite et morte peu de temps après tout en trouvant en un enfant-star un rival potentiel. Ce dernier est le fils d'un gourou incarné par John Cusack (qui s'avère assez drôle dans ses délires psychiques) et sa mère (Olivia Williams) gère sa carrière en tenant les producteurs par les couilles (c'est elle qui le dit pas moi). A cela rajoutez un autre fantôme du passé incarné par Mia Wasikowska qui, comme je l'ai expliqué, est brûlée les trois quarts du corps et s'entiche de Rob Pattinson qui incarne (plutôt bien) un chauffeur cherchant la notoriété. En apparence, on se demande comment tous ces personnages se rassemblent avant de comprendre que Wasikowska est l'élément qui les relie tous sans exception, que ce soit par liens proches ou relations de travail.

Maps To The Stars : Photo Robert Pattinson

Les fantômes ont beau déambulé dans Hollywood, les cadavres sont bel et bien dans la cité des anges. Certains recherchent encore et toujours la gloire passée, d'autres l'ont eu beaucoup trop tôt voire pas du tout, tandis que les erreurs finissent toujours par remonter à la surface. Pendant un moment, on croit aligner les scénettes comme dans le premier film choral ou à sketch venu, il n'en est finalement rien. Crocro nous emmène dans un endroit froid où cela prend des grands airs avant de jurer comme un charetier dès que la personne est le dos tourné et où l'amour n'existe pas au détriment du sexe facile pour monter en grade (si Pattinson se tape Moore ce n'est probablement pas pour ses beaux yeux, mais bel et bien pour percer). Ensuite, on s'amuse assez facilement des dialogues plutôt crédibles et pas trop caricaturaux dans ses représentations (un film comme Bad Babysitter pourrait très bien être produit par la Fox en mode chipmunks ou Sony en mode Schtroumpfs). Crocro peut également compter sur des comédiens pas mal. Wasikowska crève encore l'écran jusqu'à ce qu'un film puisse enfin la mettre réellement en avant. Moore joue de manière excessive un personnage qui en a besoin, jouant une partition totalement différente de ce que l'on a l'habitude de voir d'elle. Même l'ami Pattinson, qui n'a franchement pas brillé pour son charisme ces dix dernières années, se révèle attachant alors qu'il n'apparaît que brièvement. Et si le top model (il n'a pas été pris dans Twilight pour ses beaux yeux) devenait acteur? Sur un malentendu ça peut marcher.

Maps To The Stars : Photo Evan Bird

Un Crocro loin des étoiles et qui s'en sort bien dans sa description fantômatique d'Hollywood.

Note: 14/20


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