Oui, je sais, deux mois sans nouvelles, sans articles, sans rien ... Oui, j'ai été faible, je l'avoue, mais me revoilà en forme et prête à reprendre mes activités bloguesques. Et c'est avec cérémonie que je rouvre mon débit de mots : car aujourd'hui, c'était le défilé du 14 Juillet, mais c'était aussi l'occasion pour la France de participer à son devoir de mémoire. Et quand on ne vit plus en France, le devoir de mémoire, quelque part, il se fait plus fort ... Un an donc après ma première fête nationale loin de mon pays, je reviens sur cette journée.
Étrangement, avant l'an dernier, le 14 Juillet ne signifiait pas grand chose pour moi. Je ne m'y intéressais pas plus que cela. Mais ça, c'était avant ... Avant l'expatriation. Avant ce bouleversement qui, par une étrange magie, distille dans les veine un soupçon de patriotisme ... Moi qui avant me foutait royalement de cet événement, à part pour les meetings aériens (parce que je kiffe ma life les avions de chasse) et les feux d'artifices, j'ne suis à pendre le drapeau français à ma fenêtre, à mettre ma main sur le cœur pour La Marseillaise, et à y aller de ma petite larme sur Le chant du départ ... Ouais, j'vous l'ai dit, je suis faible ^^.
Étrange comme un an à l'étranger, ça peut vous changer : de la jeune fille qui avait honte d'être française il y a encore un an, je suis passée à la jeune femme amoureuse d'un belge, qui vit à l'heure belge, mais qui y va d'un magistral "non, je suis expatriée française, moi" quand on lui dit qu'elle est belge lorsqu'elle dit où elle vit. Finalement, la fierté de mes origines, je l'ai.
Et quelles origines ! Mais bon sang, oui, j'ai de quoi être fière, en fait ! Avec un arrière-grand-père (qu'hélas je n'ai jamais connu) qui cachait des enfants juifs dans sa ferme et les aidait à passer la frontière, un autre (pas connu non plus) qui a été envoyé dans un camp de travail forcé en Allemagne, et des aïeules qui, encore gamines, faisaient passer du courrier de la zone libre à la zone occupée et inversement en cachant les lettres dans leurs sous-vêtements tandis qu'elles voyageaient à bicyclette ... Ba ouais, j'ai de quoi être fière d'être française !
De fait, ce 14 Juillet 2014 a eu une saveur particulière pour moi. Certes, c'était la Première Guerre Mondiale qui y était commémorée, mais tout de même. Après tout, mes arrières, ils l'ont connu, cette "der des der" ... Et à présent que je n'ai plus d'arrières-grands-parents, comme je regrette de n'avoir jamais osé poser ces questions sur cette époque qui me brûlaient les lèvres ...
Donc, ce matin, c'est à 8h30 que je me suis levée, et avant 9h j'étais bien calée devant ma télé à écouter et à regarder tout ce qui se passe avant le coup d'envoi du défilé. Un défilé avec en fil rouge la réconciliation et la paix ... comme en ont témoignés le drapeau européen durant la parade d'ouverture et le poétique final ...
En plus d'être sympa à regarder, tout cela m'aura apprit des choses ...
J'ai appris, grâce à ce cher Stéphane Bern, que Rouget de Lisle, l'auteur de notre hymne national de 14 couplets que personne ne connaît vu qu'on ne nous enseigne que le premier, était inhumé aux Invalides avec les Maréchaux de France, et qu'il ne fallait que l'accord du Président de la République pour le transférer au Panthéon.
J'ai appris que pour la toute première fois en 134 défilés - oui, du coup j'ai appris que cette année c'était le 134ème défilé du 14 Juillet - il y a eu une unité complète de réservistes, alors qu'habituellement les réservistes qui défilent sont dispatchés dans les nombreuses autres unités.
J'ai appris que cette année c'était l'anniversaire de pleins de choses : outre le centenaire de la 1ère GM, c'était aussi les 200 ans du 3ème régiment du génie (ouais, rien que ça), les 80 ans de l'armée de l'air et les 50 ans des Forces Aériennes Stratégiques. Pas mal.
J'ai appris, non sans un certain émoi, à cause de ma passion pour les avions de chasse (mais si, vous savez, quand j'étais petite j'voulais être pilote de chasse ... mais fallait être militaire alors bon ... bref), que c'était le toute dernière fois que les Mirage F1CR allaient voler ... Une page se tourne pour la technologie aérienne.
Au revoir, F1 !
Enfin, j'ai compris qu'il y avait 80 pays représentés ce matin, les 80 actuels dont la population a été impliquée dans la 1ère GM (une partie de ces pays appartenaient à des Empires à l'époque), et que toutes ont pu envoyer un porte-drapeau et ses deux gardes, tous en belles tenues (la plus notable étant celle de la Grèce, remarquée aussi pour leur pas assez improbable), et que l'ouverture du défilé, après le petit film d'introduction fait à base d'images d'archives et finissant sur le tout premier défilé d'après guerre, en 1919, et l'entrée de militaires actifs en tenue de poilus (en tenue datant de 1915, paraît-il), a été faite par cette parade des drapeaux (par ordre alphabétique pour "éviter d'éventuels problèmes protocolaires").
La marche des poilus
Alors oui, cette partie-là a fait et fait encore polémique, à coup de "mais pourquoi inviter l'Algérie ? C'est une honte !", ou de "mais c'est quoi ça d'inviter d'autres pays ? C'est notre journée !", ou encore "vraiment ridicule et inutile ces trio avec leur drapeau, on se croirait aux JO !" ... ou pire, certains ont fustigé Hollande d'avoir invité le drapeau du FLN ... du quoi ? Bande de cons, confondez pas le drapeau du FLN avec celui de l'Algérie ! >_<
Le sujet qui fâche ...
Les gens, doit-on vous rappeler que, toutes nations confondues, cette guerre MONDIALE a entraîné la mort de 9 millions de personnes qui auraient sans doute mieux aimé resté chez eux avec leur famille ? Présenter tous ces pays est avant tout un hommage à tous ces morts, peu importe le camp qui était le leur. Quant à l'Algérie, doit-on aussi rappeler que sans les algériens, sur nos fronts, certaines choses ne seraient peut pas comme elles sont aujourd'hui, au même titre que pour les fameux tirailleurs sénégalais qui n'ont pour seul hommage qu'une tête caricaturale sur les boîtes de Banania ? Tout cela s'appelle le devoir de mémoire, et plutôt que d'avoir honte de la France, ayez honte de vous pour ainsi ne point faire preuve de tolérance, d'humanité et de respect pour tous ces gens qui sont morts pour que VOUS ayez un avenir !Car voilà ce que représentait ce défilé de cette année : le devoir de mémoire.
Ce que je retiens aussi de cette année, ce sont d'abord les deux chants de poilus, La Madelon et le sublime Chant du départ, entonné par le talentueux chœur de l'armée française, et enfin, comme je le disais plus haut, ce petit ballet, chorégraphié par José Montalvo et exécuté par des jeunes (250) venant de tous les pays impliqués dans la 1ère GM (et qui n'ont répété le final qu'une semaine avant de le faire, merci donc à ceux qui accusent les intermittents du spectacle toujours en grève d'apprendre à se servir de leurs neurones, s'ils en ont, et de réfléchir avant de dire des conneries plus grosses qu'eux ... #MarreDeCettePutainDintolerance), avec en toute fin un léger lâché de colombes, le tout sur la musique du concerto pour clarinette de Mozart. C'était poétique, tout en émotion, et surtout cela portait à bout de bras un message de paix que beaucoup devraient se faire violence pour enfin le comprendre ... Car oui, l'Elysée a eu envie de marquer cet anniversaire (le centenaire de 14-18 donc) « d'un geste de paix et d'harmonie au regard de ce conflit barbare ». C'est plutôt appréciable, non ?
Ouep, vue de ma télé ^^
Bref, le 14 Juillet 2014, j'ai aimé, et j'en suis fière !