Transcendance

Un scientifique de renom condamné à mourir se réincarne dans le réseau informatique jusqu'à en devenir une menace...

La critique "mon ordinateur c'est mon petit coeur" de Borat

Sur le papier, Transcendance avait tout pour convaincre. Un pitch intéressant et interrogeant sur notre rapport étroit entre l'Humain et la technologie, avec un beau casting (Johnny Depp, Rebecca Hall, Paul Bettany, Morgan Freeman, Kate Mara, Cillian Murphy, Clifton Collins Jr, Cole Hauser, Lukas Haas et Josh Stewart), premier film du chef opérateur fétiche de Christopher Nolan (Wally Pfister) qui produit d'ailleurs le film en bon ami. Pourtant tout se viande assez rapidement pour cette production de 100 millions de $ qui risque de coûter bonbon à son réalisateur, puisque ses chiffres au box-office sont au mieux catastrophiques (82 millions de $ au total soit même pas de quoi rentabiliser son budget) et surtout l'accueil critique l'est tout autant. Un film qui est un échec commercial et critique et confirmant contre toute attente que Johnny Depp n'est pas une star du box-office (et ce malgré les Pirates des Caraïbes qui sont vraiment des cas à part) et surtout que l'on peut être un bon chef-opérateur cela ne fait pas un bon metteur en scène. Car le gros problème de Transcendance c'est bien évidemment le fait qu'il soit un premier film: il accumule les erreurs du débutant et notamment celui du débutant qui se veut très ambitieux et se vautre avec trop d'argents dans les poches.

Déjà le fait de commencer par la fin alors que cette dernière sera reprise plan par plan à la toute fin du métrage, proposant un doublon pour le moins gênant d'autant que la séquence n'a pas de grand intérêt. Ensuite il y a indéniablement un problème de script. Dit comme cela, le pitch est intéressant mais rapidement il apparaît comme banal à force de situations connues à l'avance et pas forcément à cause de la bande-annonce. Ainsi on navigue de situation en situation en savant déjà qu'à peine mis dans l'ordinateur, Depp va devenir machiavélique. Comme le souligne Bettany au cours d'une discussion avec Rebecca Hall "tu trouve normal qu'à peine connecté, il veut se connecter à la bourse de Wall Street?" Elle trouve cela logique, trop traumatisée par le fait de retrouver un mari qu'elle ne retrouvera finalement jamais. Sans compter ses projets d'avenir devenant trop grandiloquent pour être honnête. Mais ce n'est pas grave elle est toujours aveuglée par son amour retrouvée. On retrouve le cliché typique du savant fou et de sa compagne aimante, ainsi que l'ami qui est en totale contradiction avec ses camarades et l'ancien patron trouvant cela immoral. A cela rajoutez un agent du FBI d'une rare inutilité (on se demande plus d'une fois ce qu'il vient faire là), si ce n'est de caser Cillian Murphy dans un film produit par Nolan (désolé mais on y revient toujours).

Mais surtout on relève beaucoup d'incohérences au cours du film, à la limite parfois du faux-raccords. (attention légers spoilers) La première incohérence provient du fait que quelques heures après s'être fait tirer dessus qui plus dans le thorax, l'ami Depp peut marcher tranquille comme vous et moi alors que la sequence suivante, il vomira ses tripes avant de se retrouver sur un lit d'hôpital! C'est juste improbable. Ensuite il y a ce passage où un gamin ramène une photo qu'il a prise dans le QG de Depp. Sauf que le zoom est tellement mis en avant ou la photo est tellement rapprochée, sans compter que le personnage pris en photo est contrôlé par Depp, il est donc quasi-impossible que cette photo a pu être prise d'aussi prêt par ce gamin sans se faire remarquer une seule fois. Il y a aussi ce plan se situant dans la voiture où un des terroristes annonce à Bettany que Depp est rentré dans le QG avec Hall dans les bras. Sauf qu'il est tout bonnement impossible que ces personnages ait pu voir cela, parce qu'ils étaient en train de descendre les escaliers quand ce fait est arrivé! Ce sont pleins de petits automatismes narratifs (en gros, faire vite pour ne pas perdre le spectateur) qui deviennent ici incohérents. (fin des spoilers) De plus, de par son air de déjà vu, le film s'avère rapidement ennuyeux, d'autant qu'il dure près de 2h. On est même floué par le fait que le final soit très bourrin avec multiples explosions, surtout pour un film qui se veut si intelligent. On ne parlera même pas des acteurs qui font le job correctement, croyant peut être trouver un film ambitieux. Bien malheureusement, si un pitch pouvait faire un film, cela tiendrait du génie.

Un film qui avait toutes les cartes en main pour faire un long-métrage ambitieux, mais floué par des automatismes trop prévisibles, des incohérences multiples et surtout d'un ennuie incroyable.

Note: 3/20 (parce que c'est un premier film et qu'il y a quelques idées)

Note naveteuse: 12/20 (parce que c'est quand même très chiant)