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Le juge fayard, dit le sherif - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Yves Boisset (1977 - France) avec Patrick Dewaere, Philippe Leotard, Jean Bouise, Jacques Spiesser, Michel Auclair, Marcel Bozuffi, Aurore Clément, Jean-Marc Thibault

Un sacré bon film.

L'histoire : Saint-Etienne. Le juge Fayard, surveillé par sa hiérarchie car légèrement entêté, et surtout "infâme gauchiste", tombe incidemment, lors d'une enquête de routine, sur le premier fil d'une pelote qu'il va dévider petit à petit avec ténacité. Les résistances, le meurtre de témoins, les menaces... tout le pousse à mener l'enquête toujours plus loin et il va ainsi révéler des liens étroits entre le grand banditisme et les plus haut placés pontes du département, voire de l'Etat...

Mon avis : Un grand classique des années 70, un superbe film comme on savait si bien les faire en ce temps-là, avec du rythme, du suspense et de beaux messages politiques. En tous cas, une chose n'a pas changé : tous des pourris ! Au travers de cette affaire, nous découvrons avec précision les implications qui peuvent exister, dans la plus grande opacité, entre gangsters, finance internationale et hommes de pouvoir ou politiques. Avec, pour protéger ce système bien huilé, des pressions, des menaces et des gens qui ont peur. La démonstration est parfaite, et Dewaere formidable, teigneux et gentil à la fois.

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Un film où on a également le bonheur de revoir trois comédiens disparus trop tôt : Dewaere, bien sûr, mais aussi l'impeccable Jean Bouise et l'excellent Philippe Léotard. On notera aussi, dans un tout petit rôle... Bernard Giraudeau !

Si rien ne change au pays des Grands de ce Monde, j'ai été étonnée de constater le clivage terrible de l'époque entre droite et gauche. J'étais trop jeune pour l'analyser, je ne le savais pas. Mais je commence à comprendre maintenant un peu mieux pourquoi aujourd'hui encore on me traite de "bolchévique". La gauche et les gens de gauche étaient drôlement méprisés ! Le petit juge se fait sans cesse traiter de sale "gauchiste" et les gens de pouvoir, tous de droite, sont terriblement hautains, prétentieux, sûrs de détenir la vérité. La discrimination est impressionnante ! Pourtant mai 68 était passé par là... Même si cette petite révolution a laissé des empreintes incontestables dans la société, au niveau politique, on constate comment les choses ont été reprises "en mains" vite fait bien fait par la droite. Mais on remarquera aussi que la gauche est incarnée par des jeunes, et la droite par la vieille garde : le changement est bien en marche.

Aujourd'hui, tout cela ne veut plus dire grand chose, gauche, droite, même combat, c'est du pareil au même. Il ne viendrait plus à l'idée de personne de s'injurier pour si peu. Les convictions profondes sont parties rejoindre les partis extrémistes, et ce n'est pas forcément mieux ! En tous cas, pour ma part j'assume ! Je me sens communiste dans l'âme (gauchiste n'ayant plus de réelle signification), tout en sachant que c'est une utopie impossible à mettre en oeuvre. Au procureur qui lui assène, méprisant : "Vous ne changerez pas l'humanité", Fayard répond : "On peut essayer..." Oui, M'sieur, on peut essayer...

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Bien que l'écran de fin nous précise que "Toute ressemblance avec..." etc. etc. on sait que le film s'inspirait de l'affaire du Juge Renaud, assassiné en 1975 à Lyon qui travaillait sur un sujet très similaire. Son meurtre a fait l'objet d'un non lieu... Boisset a subi de nombreuses pressions et même la censure, notamment en ce qui concerne l'évocation du SAC (Service d'Action Civile), une sorte de police parallèle au service du président (de Gaulle et ses successeurs - de 1960 à 1981). Le nom était remplacé par un bip lors de la diffusion en salles. Très actif contre la gauche, le SAC a aussi été accusé de nombreux "incidents", notamment au moment de la guerre d'Algérie. Dissous en 1981 par le nouveau président, François Mitterrand (qui a levé la censure qui pesait sur le film)... on sait cependant qu'il a été remplacé par d'autres organisations sucessives...

Cet article a été programmé car je suis absente jusqu'au 28 juillet. Je répondrai à vos commentaire dès mon retour.


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