Une famille catholique doit faire face aux différents mariages de leurs filles avec un juif, un musulman et un asiatique. Mais alors qu'il pensait enfin avoir un gendre catholique, il se trouve qu'il est noir...
La critique "quatre mariages et deux enterrements" de Borat
Dire que j'aurais aimé une comédie contemporaine avec Christian Clavier relèvait de l'impensable. La dernière fois où j'ai vu une lumière sortant de ses yeux était dans Astérix et Obélix: Mission Cléopatre où il avait l'air tellement blasé de sortir des vannes Nuls qu'il en devenait drôle. Sauf qu'entre les deux, ce n'était pas trop l'éclate. L'acteur s'est soit enfermé dans des rôles d'hystérique probable soit dans celui du gros beauf en costume. Reste que dans les deux cas, l'acteur phare du Splendid commençait sérieusement à s'essoufler et son appui vis à vis de son ancien camarade politique n'a pas aidé non plus à sa réputation, tout comme sa première réalisation flop intersidéral s'il en est. Puis arrive Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu? le nouveau gros succès populaire français avec à ce jour plus de 9 millions de spectateurs et dépassant même Le dîner de cons. Ce qui est exagéré comme souvent, mais bon le public est roi ne l'oublions pas en rappelant tout de même qu'une comédie aussi peu intéressante que Bienvenue chez les ch'tis a fait 20 millions d'entrées enfin bon. Reste que le film est toujours en exploitation et au vue de la Fête du cinéma imminente, cela risque encore de faire grimper le nombre de spectateurs. Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu? aurait pu être très mauvais et rentrait dans le lot des comédies foireuses made in France.
"Chantal qu'est-ce qu'on fout dans cette galère? -Je sais Christian ils n'ont pas fini de nous faire chier avec leur mariage. De notre temps, quand c'était nul c'était drôle..."Par là, je veux bien sûr dire têtes connues (Clavier donc mais aussi Chantal Lauby ou Frédérique Bel), valeurs montantes (Ary Abittan, Medi Sadoun, Noom Diawara, Frédéric Chau), sujet ultra-populaire (religions, mariages, bordel!) et un réalisateur dont on ne retiendra jamais le nom mais au CV dont on préfère rester éloigné (Philippe de Chauveron, réalisateur des pitoyables L'élève Ducobu et L'amour aux trousses mais aussi scénariste des Seigneurs ou La beuze). Sans oublier la sacro-sainte TF1 qui n'a pas hésité à vanter son succès dans une émission aussi ridicule que 50 minutes inside ("l'émission avec Immigrant Song en version dance" dixit mon camarade Leslie Barsonsec). Autant dire que cela faisait très peur et pourtant... Déjà comme dit plus haut, cela faisait longtemps que Clavier n'avait pas été aussi bien dans un film. Il est tout simplement parfait en paternel alignant cliché sur cliché et incapable de s'entendre réellement avec ses gendres. Le film, comme l'annonce l'affiche, se focalise principalement sur la religion, la couleur de peau et joue à fond sur le quiproquo. Clavier et Lauby ont élevé leurs filles de manière catholique et franchouillarde. La première épouse un juif, la deuxième un musulman, la troisième un asiatique et la dernière est en passe de se marier avec un catholique... noir.
Trois fayots pour le prix d'une famille.En partant de là, De Chauveron signe une comédie où tout le monde s'en prend dans la tronche et ce pour notre plus grand plaisir. Ce n'est pas seulement un cas isolé mais tous que ce soit les bourgeois, les noirs, les blancs, les musulmans, les juifs ou les asiatiques. Sur le même terrain, Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu? n'atteint jamais le classique de Gérard Oury Les aventures de Rabbi Jacob, mais force est de constater que cela fonctionne et c'est peut être aussi la recette de son succès: le fait de fédérer tout le monde en se tapant dessus mutuellement. Clavier trouve même son parfait homologue en la présence du père de son gendre: si Clavier aligne les bourdes comme jamais et se revendique gauliste (donc très bière selon la méthode Chirac!); Pascal N'Zonzi est le parfait africain encore meurtri par son service-militaire en France et refusant catégoriquement de se plier à la méthode français. Il n'est donc pas étonnant que les deux concordent. Pareil pour les différents gendres qui se tirent la bourre que ce soit seul ou en groupe, jusqu'à se rejoindre pour "éliminer" le nouvel arrivée de la famille dans une séquence détonnante. On rit souvent de bon coeur devant cette comédie, ce qui se révèle tout de même assez rare de nos jours surtout pour une comédie type prime time TF1. L'osmose des comédiens joue également beaucoup dans le succès du film allant de Chantal Lauby en mode Droopy comme on l'adore ou Emilie Caen à fond sur le côté dépressif.
Une comédie qui ne révolutionnera rien mais qui a le mérite de faire rire et surtout s'attaque à tout le monde avec une certaine habileté.
Note: 14/20