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2 ans d’agence à Londres. Le retour d’expérience d’un entrepreneur à Londres

Publié le 18 juillet 2014 par Lilzeon

A hauteur d’un post par an, ce blog va bientôt être catégorisé dans la rubrique slow motion. Mais enfin quand le monde tangible va plus vite que sa traduction digitale, il faut bien avouer que la plume pâtine.

Résumé des épisodes précédents : parti à Londres sur un presque coup de tête, j’ai lancé une agence à Londres spécialisée dans les médias sociaux.  L’agence a grossi doucement, et le cap terrible de la première année avait été franchi.

En soi une formidable courbe d’apprentissage, sachant que j’ai commencé avec peu de fonds (150 €). Mais je disposais d’ assets que les blogs d’entrepreneur oublient souvent de préciser : une fiancée, un chat, des copains qui croient en certains rêves, un frère qui a déjà fait la même, et un profil LinkedIn.

Nous venons de fêter la deuxième année officieuse de RE-UP qui ne portait pas tout à fait ce nom à sa genèse, et qui a trouvé son  nom administratif depuis quelques mois. Beaucoup de choses à décrire sur cette aventure entrepreneuriale qui est devenue un vrai projet collectif.

S’amuser

Certains créent une structure pour être les maîtres du monde (ou du moins de SON monde), d’autres pour avoir la paix…on oublie souvent que le vrai luxe, c’est de s’amuser tous les jours avec ce que l’on fait. La vérité est que si je ne faisais que du marketing d’une façon ou d’une autre, je serais soulé.

Mais hier, j’ai appris comment on faisait de la 3D en utilisant des images statiques, parlé de l’avenir de la cosmétique nipponne, découvert comment le plastique peut se fondre dans des moules, discuté des enjeux autour d’Alzheimer tout en réfléchissant à ce qui fait se lever les mecs le matin; j’en passe et des meilleurs. Ah et bien sûr découvert une nouvelle bière au pub en bas. La vie est jolie quand on apprend auttant de tant de gens.

Aux offusqués qui à la question “comment ça va?” après le week-end et qui répondent “comme un lundi” devraient se rappeler qu’ils ne sont pas dans les mines et que tout est possible. C’est ça, la première forme de redistribution.

A plusieurs

C’est un réflexe de primate de se retourner sur soi quand on lance SON projet; c’est un délire bien sûr aussi un peu égoïste. N’empêche qu’une fois la confiance en soi revenue, le lâcher-prise permet d’accueillir l’altérité. Et clairement, depuis que nous sommes 2 partners dans cette aventure, on combat le pêché originel (vous savez, le premier humain qui a dit “ceci est à moi” d’après Rousseau). Ce projet devient une idée dans laquelle arrivent d’autres idées, des habitants, une forme de petite démocratie avec ses ideaux, ses faiblesses et ses espoirs. Bizaremment, en droit, la notion de responsabilité limitée est très difficile à saisir au début. La responsabilité limitée permet surtout de créer cette propriété intellectuelle qui existe au-delà des individus fondateurs. David Ogilvy est mort depuis bien longtemps, Ogilvy demeure. A plusieurs.

Un travail intense, beaucoup plus intense que ce que je pouvais imaginer

Avouons le de suite : je pense que personne ne peut véritablement anticiper la charge de travail de ce que lancer son entreprise représente; parce qu’il ne s’agit pas d’être bon dans un domaine : il faut habiter dans une sorte de tension qui touche non plus seulement à un métier, mais à la fabrication d’un projet en dur qui part initialement d’une conversation de comptoir. L’idée prend forme en créant ses aspérités, sur des choses aussi simples que le choix de la couleur d’un PC ou sur des choses aussi sensibles que le type de territoire, de marché qu’on va viser.

La différence avec le modèle start-up au sens strict 

C’est très difficile à expliquer à quel point la notion de start-up est galvaudée; RE-UP ne suit pas exactement la définition Wikipedia à savoir une structure “designed to search for a repeatable and scalable business model”. Nous sommes une agence créative, et si certains produits ou services sont réplicables (effets de synergie, réduction des coûts, et donc plus forte profitabilité), la plupart de ce que nous vendons n’est pas répétable en soi.

Nous avons donc des outils, des interfaces, des process évidemment industrialisables; mais nous sommes finalement plus proches du modèle d’un artisan qui part à la conquête du monde que d’Instagram.

Une activité artisanale qui n’est pas incompatible avec une activité d’innovation

…ce qui ne veut donc pas dire qu’à côté du métier créatif pur, nous ne pouvons pas développer des outils qui pourraient faire l’objet d’une commercialisation différente du métier d’agence. Je ne vais pas en dire plus, mais nous savons désormais que les deux territoires (technologique et “marketing / communication”) sont à rapprocher.

S’affranchir de la nouvelle orthodoxie économique

Un serial entrepreneur réputé en France avait bien essayé de me faire peur lors d’un sommet digital en me demandant quel était le scénario d’ exit. En réfléchissant, je pense que cette démarche est symptomatique des entrepreneurs frenchies qui essaient de singer les américains en oubliant au moins deux éléments comme la taille de marché ou la langue. On ne demande pas à un boulanger quand il va revendre son affaire avant d’être parvenu à se créer une clientèle…

Autre biais à mon sens : dire à des incompétents que se planter n’est pas grave; un incompétent va reproduire le fruit de son incompétence en se plantant plusieurs fois de suite. Il faut donc prendre avec une extrême prudence ce qui est aujourd’hui le discours orthodoxe : “fail to succeed”. Mon conseil : d’abord réfléchir à ce qui pourrait marcher.

Travailler sa réputation par le track record

Nous avons été particulièrement peu audibles et peu visibles dans la presse marketing et communication. En revanche, depuis que nous avons pris une approche plus discrète, nous avons pu passer plus de temps à travailler avec nos clients et partenaires qu’à zoner dans des conférences où l’on n’apprend plus rien depuis que Google existe.  Et nous concentrer sur la consolidation de “preuves” que nous sommes non seulement des acteurs crédibles…mais parfois même (oh arrogance) meilleurs que des agences ayant pignon sur rue. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes arrivés au bout du long chemin qui mène vers une activité pérenne, régulière, qui a une existence en soi indépendamment du fait que ses fondateurs portent les projets. Mais en tout cas une confirmation que ce qui compte, c’est le vrai bouche-à-oreille.

Réunir les Anciens et les Modernes

Il y a toujours eu une guerre terrible, voire même une sorte de racisme social, entre les anciens petits capitaines d’une pratique de marketing (télévision vs twitter, régies publicitaires contre départements d’opérations spéciales, partisans des places de marché vs commerciaux à l’ancienne, social media boys vs marketing direct…). La vérité est que la plupart des grandes réalisations reposent sur une chimie étrange entre l’expérience et les nouvelles idées, entre la bouteille et le génie. RE-UP a à coeur d’essayer de rejoindre ces gens aux parcours pas franchement linéaires, à bosser avec des vieux loups et des jeunes chatons barbouilleurs. Et ça prend.

Réinventer, toujours

Alors voilà, on sort de jolis projets, les marques sont à tomber, les causes intéressante. Mais à ce stade point de laurier, plutôt de quoi planter des oliviers dans les herbes folles; on est 10 RE-UP boys and girls. Et on recrute. Notre loft sied dans une ancienne prison qui a des airs de loft. Les ondes de RE-UP nous emmènent dans les nuits de Paris, les rivages de L.A. ou les montagnes suisses. On voit doucement s’ouvrir des bureaux en bois vers Sao Paulo. De quoi continuer à s’émerveiller.


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