Par Bernard Vassor
Auguste Tuaillon se trouve assis à droite de François Trombert à gauche sur la photo, au cabaret des Quat' Z"Arts ................... Un journal paru le 13 novembre 1907 titrait : Deuil à Montmartre : Le nain Auguste Tuaillon meurt à l'hôpital Lariboisière* -- Une gloire des cabarets artistiques La suite de l'article indique qu'Auguste tenait une place considérable dans les cabarets artistiques de la capitale. Il s'&tait taillé une réputation méritée d'humoriste et de collectionneur de cannes. Il vendait des programmes illustrés de sa caricature et de celle de ses camarades d'estrade ( Les bons poètes et bons chansonniers dans leurs oeuvres ). Dans les revues il tenait toujours des rôles importants et avait l'habitude d'évoluer sur les tables afin de réparer l’insuffisance de sa taille, connaissant ses premiers succès aux "Noctambules" du boulevard de Clichy. Surnommé "Don Juan de Montmartre" Auguste eut de nombreux succès amoureux qui furent célébrés les exploits de ce "lion" fameux par d'autres chansonniers qui l'entouraient. Des artistes l'ont portraituré. Parmi eux, Guirand de Scevola, Widhorpff, Wilette et bien sûr de Léandre qui devint son ami et qui ne manqua jamais une occasion de le mettre en valeur. Ainsi, dans le bal des Quats" Z'Arts Léandre avait le rôle de la reine Victoria, et c'est Auguste qui tenait la traîne. La revue Comoedia (certainement sous la plume de Laurent Tailhade ) signale que ses obsèques ont été célébrées à, l'église Saint-Vincent de Paul et que l'inhumation a eu lieu au cimetière de Pantin. La cérémonie a été conduite par son ami très cher le nain Delphin*, par Trombert et Martial Boyer. Xavier Privat a prononcé un discours émouvant. Etaient présents une liste impressionnante de personnalités artistiques de la Butte. Auguste se produisit dans de nombreux cabarets parisiens, et fut même engagé par, Eugénie Buffet lorsqu'elle prit les rennes du café de la Nouvelle Athènes. Signalons sa présence au "Carillon" http://autourduperetanguy.blogspirit.com/archive/2007/10/... et dans un cabaret du boulevard de Clichy dont il prit avec Delphin la direction. .......................... Une longue étude lui a été consacrée dans bulletin de la Société d'anthropologie par le docteur L. Manouvrier : In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 264-290.Manouvrier L. Sur le nain Auguste Tuaillon et sur le nanisme simple, avec ou sans microcéphalie. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 7, 1896. pp. 264-290. " 2 avril 1896 Auguste Tuaillon, dit Boffy. Né au village d'Esmoulières, canton de Faucogney (Haute-Saône) le 18 mars 1873, il est âgé de 23 ans, Il a été signalé par la plupart des journaux il y a trois ans à l'occasion de son appel pour le recrutement militaire. Il fut déclaré justement « le plus petit conscrit de France » car sa taille, à cette époque était,parait-il, 0 m. 97 et son poids 17 kilogrammes.Aujourd'hui son poids n'est pas supérieur, à ce qu'il assure. Quant à sa taille, que j'ai mesurée au laboratoire, elle est de 0 m. 997. Bien que l'on ait vu de nombreux nains plus petits dont il est inutile de rappeler ici les noms l, celui-ci est des plus remarquables pour diverses raisons. D'abord il est exempt de toute déviation rachitique et possède une conformation qu'on peut dire harmonique. Ensuite il est parvenu à l'âge adulte avec une assez bonne santé. Enfin il possède une intelligence d'un degré absolument normal. Auguste Tuaillon est arrivé récemment à Paris. Je l'ai trouvé dans un café-restaurant voisin de la gare de Lyon, où il est employé. Il prend part, à titre spécial, à des concerts d'ordre modeste et contribue par sa présence au succès de l'établissement. ; Bien que son nanisme soit très suffisant pour attirer sur lui l'attention et la curiosité du public, Auguste Tuaillon, sans avoir cultivé, à proprement parler, l'art lyrique populaire, a appris à se présenter assez gentiment. Il débite pour cela un long boniment humoristique composé par une dame, et qu'il accompagne de quelques hansonnettes et monologues. Il veut bien donner à la société d'anthropologie un spécimen de son travail, et vous pourrez juger que celui-ci est accompli d'une façon très satisfaisante. Avant devenir à Paris, il a gagné sa vie, depuis l'âge de 15 ans environ, en exhibant sa petite personne et ses petits talents ans diverses localités de l'Est, notamment à Luxeuil-les-Bains, non loin de son pays natal, et à Nancy".* Signalons qu'après son décès à Lariboisière son corps fut autopsié et radiographié sous toutes les coutures.
...........
** Delphin, de son nom véritable Jules Delphin Sirvaux né le 12 octobre 1882 aux Fessey dans le canton de Faucogney, (Haute Saône) comme son aîné Auguste. Il était son cadet de neuf ans et lui survécut pendant 31 ans. Après la mort de son ami, il eut une carrière d'acteur dans des films muets de Louis Feuillade et dans le fameux "Zéro de conduite de Jean Vigo" dans le rôle du principal (barbu) :
http://www.youtube.com/watch?v=s-MiDpR0gcY
Dans"La kermesse héroïque" de Jacques Feyder il joua aux côtés de Louis Jouvet.
Il interpréta juste avant sa mort en 1938 Yegor le bouffon dans "Le joueur d'échecs" de Jean Dréville
Jules Delphin s'est donné la mort pour une raison inconnue le 6 mai 1938 par asphyxie au gaz ....