Le Disquaire Day s’est déroulé le 19 avril dernier. Comme chaque année, nous avons eu droit à de nombreux trésors qu’il ne fallait pas rater et ne surtout pas laisser au voisin de rayon, lorgnant sur notre butin. Ce fut le cas de Clear Lake Forest, le nouvel EP des Black Angels spécialement paru lors de ce jour particulier. Si le vinyle transparent sur lequel reposent les 7 titres inédits vous a filé entre les doigts, le groupe américain vous offre une seconde chance : en effet, l’EP est disponible en écoute intégrale depuis le 15 juillet, avant sa sortie officielle le 22 juillet prochain. Mais ce disque fait-il partie des achats regrettés une fois la platine mise en marche ou, au contraire, sera-t-il le collector que vous mettrez en avant sur votre étagère ? On l’a écouté, et on vous en parle : une séance de rattrapage avant la séance de rattrapage.
Sunday Evening ouvre l’EP et annonce par la même occasion l’ambiance inédite que le groupe impose dès les premières notes. Sonorités presque blues, la noirceur du garage semble s’atténuer le temps d’un opus laissant place à des rythmes toujours psychédéliques mais désormais réellement plus rock and roll. Ce morceau, aux faux airs de ballade enjouée, se révèle être un tube vintage dont les guitares hurlantes et la voix saturée nous rappellent les sonorités américaines que l’on peine à retrouver aujourd’hui.
On enchaîne avec Tired Eyes, track sur lequel le groupe nous offre un florilège de synthés, guitares wah-wah et autres phasers. La batterie ne déroge pas à la règle : toujours aussi puissante, elle fait la part belle à des mélodies plus lumineuses qui insufflent un vent de légèreté sur le garage d’ordinaire bien plus sombre du groupe.
Diamond Eyes suit, et c’est en écoutant cette ballade susurrée par Alex Maas dont la voix se mêle aux chœurs presque religieux et au tambourin saccadé que l’on saisit l’ampleur de l’EP. Au troisième morceau seulement, il nous semble redécouvrir un groupe dont le talent n’était déjà plus à prouver. Les riffs de guitare s’extirpent des accords, l’orgue impose ses notes (dans The Flop, notamment, où il ouvrira puis guidera le morceau jusqu’à la fin) et la voix, toujours saturée, marque chaque morceau d’une empreinte inédite mais très plaisante.
On s’arrêtera également sur The Executioner, complainte aux allures de western, savamment composée d’une guitare linéaire qui suffit à accompagner un chant désespéré et lancinant, annonçant la clôture proche du disque.
Et cette clôture finit de nous convaincre sur la qualité du dernier opus des Black Angels. Linda’s Gone est en effet un trésor psychédélique où les riffs de guitare viennent perturber le drone ambiant du morceau. Entre les chœurs et les notes, la voix prend place et pour finir répète « Now Linda’s gone and she’s moving on », comme pour se convaincre. L’outro dont les chœurs gospeliens nous rappellent the Velvets marque la fin du morceau mais aussi la fin d’un disque dont la différence fera la force.
En mettant entre parenthèses les codes communs du garage psychédélique, les Black Angels ont su offrir un EP auquel nous ne nous attendions pas. Une fois la surprise passée, c’est en boucle que nous savourons un disque dont la nouvelle couleur est pleinement assumée. Manquer sa sortie non-officielle sera considéré comme une erreur qui, dès le 22 juillet, deviendrait inexcusable.