Minuscule: La vallée des fourmis perdues

Une coccinelle égarée en vient à aider des fourmis noires à garder une caisse pleine de sucre convoitée par des fourmis rouges...

La critique riquiqui de Borat

La place à 4 euros pour les moins de 14 ans fait des émules comme le confirme le million d'entrées de Minuscule: La vallée des fourmis perdues. Un film d'animation français qui n'avait rien d'un blockbuster et risquait de passer inaperçu. Pourtant avec le nouveau tarif pour les jeunes (bon ou mauvais, de toutes manières les plus de quinze ans qui vont plus au cinéma se font toujours avoir, l'explosion des téléchargements chez les jeunes n'est donc pas étonnant), le film d'Hélène Giraud (fille du regretté Moebius à qui le film est dédié) et Thomas Szabo a pu avoir une meilleure exploitation que certains films d'animation hexagonaux et à vrai dire on ne va pas s'en plaindre. Il en reste qu'Ernest et Céléstine avait eu lui aussi son petit succès sans ce tarif. Minuscule est l'adaptation de la série animée qui officiait sur France 2 et racontant les diverses histoires courtes d'insectes. Ce film reprend donc le concept de la série sur ce film d'1h29, ce qui peut s'avérer très difficile, le format court à la télé ayant souvent eu son lot de casseroles au cinéma. On se souvient en France des adaptations ratées de Caméra Café. Minuscule réussit pourtant ce pari avec succès et se pose comme un vraiment bon film d'animation hexagonal. 

D'un point de vue visuel, le film est assez particulier compte tenu que les décors sont bel et bien réels, les insectes étant ensuite rajoutés en images de synthèse. Un procédé qui marchait déjà sur la série et qui gagne ici en beauté sur un écran de cinéma. Voir Minuscule au cinéma est donc un excellent argument pour profiter des décors sublimes des Parcs Nationaux des Ecrins et du Mercantour, vastes et foisonnant. Ensuite, le film a le mérite de décontenancer le jeune public en étant un film purement muet ne reposant que sur des sons. Un fait rare de nos jours et surtout dans l'animation même si une grosse production comme Wall-e l'avait prouvé en étant à 70% muet. Ainsi, les déplacements volants prennent des proportions dignes des courses-poursuites automobiles pour un ballet sonore vrombissant. Le bruit de l'aile endommagée de la coccinelle est celui d'une porte qui grince et quand une boule de feu fracasse une termitière cela fait le bruit d'une immense explosion. Quand la fourmi en chef cherche à communiquer avec la coccinelle elle lui tape sur ses ailes avec un bruit qui rappelle celui d'un xylophone. Tout est fait pour que le spectateur soit tout aussi décontenancé qu'à l'aise. Le récit s'avère simple, à savoir une coccinelle et des fourmis noires voulant conserver une boîte de sucres convoitée par des fourmis rouges, mais assez attractif.

La coccinelle est montrée comme la victime de mouches moqueuses et se retrouve perdue loin de chez elles; les fourmis noires ne cherchent qu'à regagner leur termitière si possible avec de quoi manger pour avoir des provisions. En prenant des points de vue simples, les réalisateurs peuvent se permettre de garder en éveil le public avec peu de personnages principaux et surtout d'aller à l'essentiel. D'autant qu'il n'y a à aucun moment d'anthropomorphisme, ce qui est pourtant le cas de 99% des films avec des animaux. Le film se permet même plusieurs clins d'oeil cinéphiles plutôt jouissifs. La grosse bataille finale rappelle aussi bien 1001 pattes (l'importance de l'allumette face à une menace trop grosse) et surtout Le seigneur des anneaux et particulièrement Les deux tours, puisque la bataille se déroule autour de la termitière assiégée par les fourmis rouges comme le gouffre de Helm. Comme vous pouvez le voir ci-dessus, la petite maison où habite l'araignée est une parfaite réplique de la maison de Psychose et l'intérieur est tout aussi rocambolesque. Enfin les poursuites ne sont pas sans rappeler les courses-poursuites de cinéma. Minuscule se savoure donc comme un très bon film d'animation, surtout dans une période où l'animation française est dénigrée au possible et notamment par certains coins presse (pourquoi je pense à Première?). Autrement dit, ce genre de petit film fait du bien au cinéma français et son succès n'en est que plus légitime.

Un film d'animation français singulier et s'imposant comme une belle course contre la montre pour nos petites fourmis.

Note: 17/20