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Ce que j'ai aimé :
Le temps d'un été, la jeune Sophie partage quelques mois avec son père et sa grand mère fantasque sur une petite île, loin de tout, en suspens entre deux mondes, deux périodes floues qui l'ont laissées orpheline. Complices, la grand-mère et sa petite fille arpentent l'île, écoutent les hareldes, les oiseaux peuplant le lieu, sculptent des animaux avec des branches et des morceaux de bois, fabriquent des palais en allumettes, et discutent de Dieu, de respect d'autrui, de la vie qui palpite à leurs côtés.
Elles se fondent dans le paysage de cet été, en harmonie avec le lieu et ses habitants.
"Elle ressemblait à un énorme bécasseau quand elle se promenait, ella vançait lentement sur ses jambes raides, s'arrêtait souvent, tournait la tête à doite et à gauche, et examinait tout avant de continuer."
La grand-mère est à l'orée entre la vie et la mort, et peu à peu elle rend hommage à cette vie qui palpite encore en elle, elle prend soin du monde et des personnes qui l'entourent, allant même jusqu'à faire le tour de l'île pour arroser ses plantes préférées quand le temps est à la sécheresse. S'il lui arrive de perdre son dentier dans les pivoines, et de se disputer avec Sophie, elle est néanmoins celle qui éclaire l'île de sa présence révélatrice.
"La grand-mère gravit le rocher tout en réfléchissant sur les oiseaux en général. Il lui semblait qu'aucun autre animal ne possédait leur pouvoir de dramatiser et de parfaire un évènement -les changements de temps et de saison, les multiples états d'âme que traversent les individus."
Ce court roman est une véritable hymne à "la beauté du paysage final de notre vieillesse dans un été qui s'achève ! Le silence se fait autour de nous, chacun part de son côté, et cependant nous nous retrouvons tous devant la mer, dans la paix du soir au coucher du soleil."
Il évoque magnifiquement le bonheur qui s'immisce dans les interstices du temps et de la vie.
Ce que j'ai moins aimé :
- Rien, j'en redemande !
Premières phrases :
"C'était en juillet, un matin de bonne heure, il faisait très chaud et il avait plu pendant la nuit. La roche nue fumait, mais la mousse et les crevasses baignaient d'humidité et les couleurs étaient plus intenses."
Infos sur le livre :
Le livre d'un été, Tove Jansson, traduit du suédois par Jeanne Gauffin, Le livre de poche, 1978, 5.60 euros