Plusieurs applications utilisent la géolocalisation comme un filtre à la socialisation. Le smartphone joue alors le rôle de traçeur grâce auquel les liens sociaux ancrés dans la proximité peuvent se tisser instantanément.
La géolocalisation dans les réseaux sociaux traditionnels repose sur une "alerte" contextualisée envoyée à sa communauté. En témoigne Foursquare dont l’application permet à l’utilisateur de signaler sa présence à sa communauté d’amis sans s’attacher à leur proximité relative. En inversant l’expérience, pourquoi ne pas imaginer se créer une communauté en fonction de l’endroit où l’on se trouve et jouer sur l’instantanéité, l’éphémère? Mais plus encore que centrer l’expérience sur la proximité entre utilisateurs, il est possible de tracer la proximité relative d’un "device" (un smartphone notamment) par rapport à un autre explique Gerry Colyer, fondateur de l’application Spiral, un tout jeune réseau social de proximité. Comme Spiral, plusieurs startups semblent ainsi s’attaquer à la saturation des réseaux et la réciprocité comme unique moyen de rentrer en relation. Ces réseaux sociaux spatialisés émergents s’appuient sur plusieurs technologies allant des iBeacons à la géolocalisation. Cette dernière reste la plus intéressante puisqu’elle permet de varier la portée au sein de laquelle peut s’ancrer une conversation.
La proximité comme nouvel axe de socialisation
L’application Spiral laisse à l’utilisateur le soin de varier la portée géographique à laquelle il souhaite se connecter. Il pourra consulter les conversations qui ont lieu dans cet espace à la manière d’un flux Twitter. Spiral utilise donc la géolocalisation comme un filtre spécifique. La communauté d’un utilisateur n’est pas celle de ses amis, c’est sa situation spatiale qui le met en contact avec la communauté des utilisateurs qui l’entourent à un instant donné. L’application Happn quant à elle, illustre à quel point la fonction traditionnelle de "dating" des réseaux sociaux va être bouleversée par l’accent mis sur la proximité. En effet Happn repose sur la communication des smartphones entre eux qui, pour ainsi dire, laissent une trace numérique dans l’espace physique. L’application recense tous les "devices" croisés dans une journée et organise une liste de profils susceptibles de plaire à l’utilisateur. La régularité dans la proximité des utilisateurs est la variable première de l’algorithme de classement des profils: une personne croisée remonte dans la liste des profils nous correspondant.
L’aspect éphémère des réseaux sociaux
La nature éphémère des relations sociales qui ne tiennent qu’à la proximité n’en dégrade pas pour autant la qualité. Gerry Colyer s'explique : "Nous n’avons rien contre des interactions sociales éphémères. Des gens peuvent se rencontrer pour une partie de baseball spontanée et s’amuser sans avoir besoin de se retrouver après coup". Les conversations, ancrées dans un rayon donné, ne sont pas pour autant si éphémères. Les utilisateurs de l’application pourront retrouver les traces des conversations passées car elles sont construites sous la forme de "fils" qu’il est possible de retrouver. Après avoir été très axés sur le rapprochement virtuel des utilisateurs présents dans des lieux très éloignés, les réseaux sociaux entament une re-spatialisation. Ces récentes applications, avec des technologies et des visions différentes, proposent in fine une expérience sociale centrée sur le rapport à la proximité. Le réseau social devient un outil efficace pour connecter des individus isolés lorsqu’ils sont physiquement proches, pour les conférences, les concerts ou les salles de classe. Le réseau social n’est plus un moyen de rencontrer de lointains inconnus mais fonctionne comme une interface entre un individu et son espace proche.