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Amarcord

Publié le 25 juillet 2014 par Olivier Walmacq

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genre: comédie dramatique
année: 1973
durée: 2h05

l'histoire: Dans un bourg italien près de la mer, à l'heure du fascisme triomphant, les enfants trainassent, cherchant des victimes pour leurs blagues innocentes. L'un d'eux va connaître, en l'espace d'une année, une série d'expériences tour à tour drôles, savoureuses et poignantes.  

la critique d'Alice In Oliver:

On ne présente plus Federico Fellini, l'un des plus grands cinéastes italiens, et même l'un des plus grands cinéastes tout court, à qui l'on doit de nombreux classiques et chefs d'oeuvre du noble Septième Art: La Strada, La Dolce Vita, Satyricon, Fellini Roma, le trop méconnu Les Clowns ou encore Le Casanova de Fellini. Vient également s'ajouter Amarcord, réalisé en 1973.
En dialecte romagnol, « Amarcord » signifie à peu près « je me souviens ». Les fans du réalisateur considèrent souvent Amarcord comme une oeuvre personnelle qui pourrait être même une chronique de l'adolescence de Fellini.

En l'occurrence, Amarcord rencontrera un grand succès dans son pays (donc en Italie) et remportera l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1975. Pour l'anecdote, lors de sa sortie en Union Soviétique, deux scènes furent censurées, au grand dam de Fellini, invité officiellement, qui essaya de convaincre les autorités de revenir sur leur décision : la scène de masturbation dans la voiture et la scène chez la buraliste à l'imposante poitrine.
Plus que jamais, Amarcord s'apparente à une chronique à la fois hilarante et amère de l'Italie fasciste des années 1920-1930.

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C'est aussi le seul film à vocation politique de Federico Fellini. Aussi est-il nécessaire de rappeler les grandes lignes du scénario. Attention, SPOILERS ! Rimini, un bourg italien près de la mer dans les années 30 à l'heure du fascisme triomphant. Au gré des petits et grands événements qui scandent le retour des saisons, la vie provinciale s'écoule inexorablement.
Les manines qui tombent des arbres ressemblent sans doute à des flocons de neige mais annoncent le printemps. Le " corso ", la rue principale est le rendez-vous d'une population installée dans ses douillettes habitudes.

Les notables pontifient, les braves gens déambulent, les enfants traînassent, cherchant des victimes pour leurs blagues innocentes. L'un de ces enfants, Titta, va connaître, en l'espace d'une année, une série d'expériences tour à tour drôles, savoureuses et poignantes.
A l'école, c'est un élève déluré qui subit comme ses camarades les cours soporifiques ou ridicules d'un corps enseignant respectueux de la tradition. Farces et chahuts compensent l'ennui des heures de classe. Titta est secrètement épris de la vamp locale, La Gradisca, une délicieuse écervelée consciente de ses charmes.

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Chez lui, Titta se trouve plongé dans une atmosphère familiale mouvementée. La cohabitation avec Patacca, l'oncle de Titta, le frère de sa mère, gigolo pique-assiette aux tendances fascistes et son grand-père accentue les disputes entre ses parents pourtant vite apaisées.
Indéniablement, Amarcord reste une oeuvre à part dans la filmographie de Fellini, qui brosse un portrait particulièrement acerbe du fascisme et de la dictature en général, tout en faisant preuve d'une certaine hilarité. D'ailleurs, voici une déclaration de l'intéressé: "Le fascisme est en quelque sorte une ombre menaçante qui ne demeure pas immobile derrière notre dos, mais qui grandit souvent au-dessus de nous et nous précède. Le fascisme sommeille toujours en nous. Il y a toujours le danger de l'éducation, d'une éducation catholique qui en connaît qu'un but : conduire l'homme à une dépendance morale, réduire son intégrité, lui dérober tout sentiment de responsabilité pour le garder dans une immaturité qui n'en finit pas. Dans la mesure où je décris la vie dans un petit endroit, je représente la vie d'un pays et présente aux jeunes gens la société dont ils sont issus. Je leur montre ce qu'il y a eu de fanatisme, de provincial, d'infantilisme, de lourdeur, de soumission et d'humiliation dans le fascisme de cette société là".

Finalement, tout est dit dans cette déclaration de Fellini. De ce fait, le film navigue sans cesse entre le fantasme et le réel via certaines séquences totalement délirantes. C'est par exemple le cas lorsque le portrait (énorme) de Mussolini apparaît à l'écran dans la joie, la bonne humeur et les paillettes. Finalement, un pays ou une nation ne peut grandir qu'en ne prenant conscience de son passé. Tel est le message du film. Les événements qui nous contés ne seront pas sans conséquence pour ces divers protagonistes, en particulier pour le héros principal du film, donc le jeune Titta.
Via ce procédé; Fellini évoque la violence fasciste dans son propre pays. Pour le réalisateur, elle restera à jamais une blessure profonde. En ce sens, le travail de mémoire est absolument nécessaire. Vous l'avez donc compris: Amarcord est une oeuvre déroutante et beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, qui mériterait sans doute une meilleure analyse, mais ne l'oubliez pas, vous êtes sur Naveton Cinéma !

note: 18/20


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