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On m'a reproché récemment de faire des tops presque exclusivement anglais, oubliant au passage quantité de bons groupes américains. Cette année 1984 ne fait pas exception à cette règle, puisque mise à part R.E.M. et Manset pour le quota hexagonal, les britons raflent tout. C'est une question de sensibilité sans doute. Je me sens souvent plus proche de nos voisins d'outre Manche. Question de distance. Et puis question d'époques. Car ce match Angleterre - Etats-Unis, si déséquilibré fut-il pour moi dans les années 80, est beaucoup plus serré aujourd'hui par exemple. La mondialisation ? Peut-être. J'avoue ne m'être jamais posé de questions dans ces termes, préférant me laisser guider par mes goûts et mes envies. Et en 1984, ce qui me plaisait par dessus tout, c'était Echo and the Bunnymen.
10- Lloyd Cole & The Commotions - Rattlesnakes
Ce disque , le premier du chanteur, a connu un très large succès, emmené par les tubes "Perfect Skin" et surtout "Forest Fire" qui passe encore en radio aujourd'hui. Lloyd Cole y disait son amour pour Lou Reed et l'Amérique - tiens, tiens - en lui affublant des atours très britanniques - quand même. Il ne parviendra jamais à rééditer un telle réussite.
9- Julian Cope - Fried Julian Cope, ancien chanteur de The Teardrop Explodes, se lance dans une carrière solo (qui dure encore depuis). On ressent dans sa musique l'influence d'un Syd Barett ou plus encore d'un Kevin Ayers, avec qui il partage aussi cette vie d'ermite, loin du monde moderne. La pochette ironique de "Fried" est bien à l'image du bonhomme. Intégrité exemplaire.
8- Felt - The Strange Idols Pattern And Other Short Stories Je ne suis pas le fan absolu de Lawrence Hayward et si je préfère même son groupe suivant Denim à Felt, ce disque comme "Ignite The Seven Cannons" restent parmi les plus beaux modèles de pop romantique et inspirée de leur époque.
7- Pale Fountains - Pacific Street Peut-être pas aussi constant que leur suivant, "Pacific Street" n'en demeure pas moins plus que recommandable. Le début comme la fin recensent parmi les meilleures chansons pop de la décennie. Inusable.
6- R.E.M. - Reckoning C'était quand même bien R.E.M. à l'époque ! Écoutez donc l'intro de "Harborcoat", ces guitares, cette rythmique... "Reckoning" poursuit le sillon emprunté par l'excellent "Murmur", en juste un peu moins fort. Après, viendra le vrai succès et un autre R.E.M. dont la musique toujours fréquentable perdra cette fraîcheur initiale.
5- Manset - Lumières Le meilleur Manset. Le plus accessible. Malgré la production très eighties et les petites batteries synthétiques. Sept chansons seulement mais pas une en-dessous. Des paroles qui touchent. "Un jour, être pauvre" : comme un résumé de la démarche du chanteur.
4- Television Personalities - The Painted Word Attention, grand disque bancal et introspectif d'un groupe dont le culte ne cesse de grandir, des Pastels à MGMT (qui ont même écrit une chanson pour leur chanteur). "The Painted Word", c'est le mariage entre le "Venus in Furs" du premier Velvet et le psychédélisme d'un Syd Barrett, transposé dans le Londres des années 80. Une claque !
3- Cocteau Twins - Treasure Le chef d'oeuvre du groupe écossais : tout y est parfait ou presque. Un disque pour léviter, en apesanteur, au rythme de la voix de Fraser et de la musique scintillante, tourbillonnante, enveloppante. La dream pop, c'est Cocteau Twins. Et pis c'est tout.
2- The Smiths - The Smiths J'étais trop jeune pour avoir vécu la naissance des Smiths de l'intérieur. Je n'ai découvert le groupe que bien plus tard, après sa dissolution. J'imagine l'effet produit par la première écoute de "This Charming Man" en 1983 - le single est sorti l'année précédente. La voix de Morrissey, la guitare de Marr, tout est déjà là. Une nouvelle page de l'histoire du rock s'ouvre... Mémorable.
1- Echo and the Bunnymen - Ocean Rain "The Killing Moon" est l'une des plus belles chansons des années 80. Et plus si affinités. Ian McCulloch et sa formation réussissent aussi avec "Ocean Rain" à trouver leur style, lâchant définitivement le post punk dont on les rapprochait à leur début. C'est l'apogée de leur carrière. Gil Norton, formidable producteur que l'on retrouvera peu de temps après aux commandes du non moins indispensable "Stutter" de James puis ensuite des Pixies, transcende le groupe qui y peaufine sa musique tout en gardant son originalité. Originalité qui a permis au disque de traverser admirablement les années.