Ce livre, je l'ai lu alors que j'en connaissais déjà la chute. Sensiblerie ou non, parfois je pleure quand je lis et là, je me doutais que c'est ce qu'il risquerait de se produire...
La première fois que je vous ai croisé, c'était il y a quelques années lors d'une rencontre à la Librairie Kléber à Strasbourg, vous y dédicaciez Vivi des Vosges, histoire pour enfants d'une petite fille trouvée au fond de ces montagnes et qu'il a fallu obliger à porter une culotte. Elle a dû être apprivoisée cette petite fille. Mais passons, ce n'est pas de cela qu'il est question. Nous avions échangé quelques mots, je n'avais encore rien lu de vous. Vous m'aviez, en cet après-midi ensoleillé, parlé de la réédition future de deux de vos bds: Love Hotel et Tôkyô est mon jardin. Je me suis dit à ce moment-là: "non, je ne les achèterai pas". En effet, je pressentais que commencer reviendrait à succomber. A priori, j'ai reculé pour mieux sauter... Est sorti en janvier dernier 286 jours, j'en avais vu la campagne de financement sur KissKissBankBank, je l'avais suivie, je regardais la "jauge" augmenter jusqu'au moment de l'obtention du budget espéré. J'ai reculé là aussi, je ne l'ai pas acheté puis, après divers échanges virtuels avec vous, j'ai craqué.
Ce livre, je ne sais pas où le ranger dans ma bibilothèque, pour l'instant, il est à part, ni rangé avec les romans, ni avec les essais, ni avec les bds (les érotiques, non plus), si vous avez une idée, je suis preneuse. Ce récit est à la frontière, inclassable, unique. L'histoire d'amour dont 286 jours est l'objet, on la vit avec vous, on la ressent même s'il est impossible de saisir tout ce qu'elle a été.
Cher Frédéric Boilet, vous (mais pas uniquement, Laia Canada, cette femme que l'on découvre à tout point de vue entre ces pages, aussi) avez pris en photo tous ces moments d'intimité et vous les exposez dans ce livre. Certains diront que cela ne se fait pas. En effet, pourquoi présenter à la vue de tous ce qui est sensé être caché? Vous me dites que l'intime est ce qu'il y a de plus intéressant. Et, au fond, je ne peux qu'être d'accord. Entrer dans la sphère privée d'un couple est quelque chose de précieux, il faut un regard doux, respectueux qui cherche à montrer des sentiments qui peuvent être si fugaces, si fragiles ou si forts qu'ils en deviennent des trésors à découvrir et à préserver. 286 jours est un recueil, un livre à voir, découvrir, lire, quelque chose qui peut nous changer, nous faire remettre en question ce que l'on vit, nous faire faire des choix autres qui pourraient être considérés comme un peu fous, sortir de ce qui est établi, prévu pour plonger dans le vide. Chaque relation est à la fois unique et universelle. Lorque l'on vous lit (je suppose que tous n'ont pas aimé), on ne peut être insensibles à ce qu'a été cet instant de vie: une expérience à choyer, à prendre pour ce qu'elle est, un bon livre riche des événements qui font et défont les histoires d'amour.
L'érotisme est là, présent, dans tout le livre. Un homme et une femme qui s'aiment, ce sont deux personnes dont les corps se rejoignent, font l'amour, jouissent d'être ensemble. Certains diront peut-être: "mais les scènes de sexe, pourquoi?" Parce qu'elles font partie de l'histoire tout simplement, parce qu'elles montrent la tendresse, l'attachement et le plaisir que vous avez eu à être ensemble... Le sexe est un élément de la vie, du couple, il est partie de l'expression du sentiment amoureux et est montré ici sans vulgarité, juste avec ce regard doux que vous avez eu pour celle que vous aimiez et vice-versa.
Frédéric, vous êtes un habile conteur qui, même s'il souffrait, a trouvé la force nécessaire pour poursuivre cet acte créatif qu'est la réalisation d'un livre. Vous avez partagé, avec ce talent que vous avez pour dire des histoires (pour exemple: l'Épinard de Yukiko, Love Hotel, Tokyo est mon jardin et tout ce qu'il me reste encore à lire...), cette période de votre vie qui fut à tout point de vue une épreuve. Merci d'avoir continué ce livre initié à deux et de l'avoir publié. 286 jours est multiple: livre de recettes, vision du quotidien une maison, les chattes qui y vivent, on y lit des extraits de chansons, dialogues entre deux, photographies de vous et de celle qui vous a quitté, c'est à la fois un récit, un roman, une autobiographie... Il est cela et plus encore, 286 jours est votre témoignage d'à quel point une histoire d'amour peut être belle, passionnée même si destructrice, il est aussi la preuve que l'amour existe et qu'il peut, en ces temps désabusés, être un accomplissement, un absolu possible.
L'acte créatif n'est pas anodin que ce soit du dessin, de la photographie, de l'écriture ou autre, lire non plus, il est une réflexion sur le monde, un état des lieux de ce qui est, de ce qui fut, il est imagination, il est remise en question et construction de son monde, d'un monde, du monde. Avec 286 jours, je vous ai lu et maintenant je poursuis par la lecture de vos précédents ouvrages et j'apprends: sur le Japon, pays où vous avez vécu, que j'aime et où je désire retourner, mais pas uniquement, sur vous, sur moi, sur l'homme, sur les relations humaines, sur comment elles peuvent être, mais peut-être différemment. Ce que vous proposez, c'est un regard, un point de vue qui donne à voir autrement... C'est bien ce que je disais plus haut, j'ai succombé, j'ai envie d'en lire plus.
Bien à vous,
Cécile.
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Dans toutes les bonnes librairies:
Laia Canada, Frédéric Boilet, 286 jours, Ed. Impressions Nouvelles, janvier 2014.
Et aussi:
Aurélia Aurita, Frédéric Boilet; Vivi des Vosges, Ed. Impressions Nouvelles, septembre 2011.
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