Bien née,
Comtesse fortunée,
Veuve, libido
A zéro,
Nadège, sa grand-mère
Habitait un manoir
Sans baignoire
Ni frigidaire.
Elle n’avait de cesse
D’arroser son diocèse
En larges générosités,
Sans jamais compter.
Il y a vingt ans,
L’évêque reconnaissant
Fit nommer la comtesse
Chanoinesse
Du Saint-Sépulcre.
Fiat lux !
Un tel privilège
Autorisait Nadège,
À employer une nonne, gratis,
Toute dévouée à son service.
Alors, d’une abbaye voisine,
Elle a débauché une religieuse
Aux formes adipeuses,
L’air un tantinet
Benêt.
La nonne
Faisait la bonne
(Ménage, cuisine…),
Conduisait le petit cabriolet
De sa grand-mère
Et récitait avec elle les prières
Du soir,
Dieu, qu’elle était méritoire !
Néanmoins la chanoinesse
Avait un vice.
Elle buvait sans cesse
Tavel, Médoc, pastis,
Porto, cognac, aquavit,
Vodka, rhum, eau de vie…
Depuis 2005,
Elle n’avait plus l’esprit sain.
La nonne devint infirmière.
Pour soigner la grand-mère.
L’épouse de Jésus-Christ,
Lasse de tout faire,
Vivait l’enfer.
La bonne
Nonne
Se mit,
Elle aussi,
À boire coups sur coups
Pour tenir le coup.
Un jour, sans doute cuvant,
Elle s’est endormie au volant :
L’auto fracasse un saule pleureur :
Les deux femmes meurent.
Baltha a imaginé que le Seigneur,
Au ciel, leur nouvelle résidence,
A su profiter de leurs compétences :
La religieuse dut obtenir le monopole
Du transport des pochards
Et la chanoinesse
A sans doute eu le bol
De tenir le tiroir-caisse
De l’Eden bar.