A l’approche du tant attendu Macki Music Festival qui scelle l’union des crew parisiens les plus insolites : la Mamie’s et le Cracki crew, la team du Limonadier a eu la chance de s’entretenir avec François, Alex et Donatien de Cracki records pour en savoir un peu plus sur le pourquoi du comment et le comment du pourquoi… Interview peu banal de gens hors du commun ! 3,2,1 Action !
Bonjour le Cracki Crew ! Pourriez vous pour commencer nous faire une petite présentation de la Mamie’s et de vous ?
La Mamie’s c’est l’histoire de cinq potes, un collectif de DJs qui a commencé il y a 4-5 ans à faire des teufs officielles.On dit officielle parce qu’ avant ils mixaient dans une vieille maison de grand mère semi-abandonnée à Montrouge, qu’il avait trouvé grâce à des amis. De là, Ils ont créé le mythe autour de cette maison en communiquant sur le fait que c’était la maison d’une Mamie. Et n’ayant pas de nom pour leur collectif, ils disaient « on fait une teuf chez la mamie » et de manière très naturelle, le collectif prit le nom du Mamie’s Crew !
… Et, quand vous êtes-vous rencontrés ?
On s’est rencontrés fin 2010 lors de la Cracki Party à Ivry, il y a 4 ans de ça déjà.
On organisait à l’époque les cultures palaces, un bon bordel de 600 personnes dans un squat. Une semaine après la Mamie’s organisait une fête là-bas mais on ne se connaissait pas trop. Pour la petite anecdote, comme on avait fait pas mal de bruits avant pour notre soirée, le mec du squat les avait empêchait de mettre des grosse basses et même de faire du son à cause de notre fête. On a un peu niqué leur soirée en vrai ! (Rires)
C’est les deux seuls teufs qu’il y a eu là-bas d’ailleurs, ça a été un lieu éphémère. Et c’est par un ami en commun qu’ils ont découvert le spot et c’est comme ça que l’on s’est rencontré…
Depuis ils ont fait pas mal de teufs partout, dans des usines, en open-air, notamment leurs festivals à la ferme du bonheur pendant 2 années consécutives qui étaient à chaque fois très cool (NDLR confirmation et thumbs up pour le closing tuba/dj set/ On y était et c’est comme si c’était hier). Ils adorent le vinyle, le gros groove, des mecs bon délire quoi !
Nous, Cracki, on a commencé pareil à vrai dire : dans des usines, des squats et surtout avec les salons d’été sur le belvédère de Belleville. On récupérait des meubles de partout, dans la rue, chez Emmaüs, aux encombrants et on cherchait à recréer en pleine rue l’ambiance d’un living room en partant du principe que la rue est un lieu de passage. Elle appartient à tout le monde. Le but était de recréer quelque chose de familial pour que les gens se sentent bien et aussi chez eux.
Du coup, en pleine après-midi, on mettait des canap’ partout, les gens se posaient, ils jouaient à la nintendo au soleil avec des concerts, le pied ! On a organisé 3 salons d’été sur deux années consécutives.On a fait ça d’abord en pleine rue dans Paris mais il a vite fallu passer sur un format open air. La rue, à un moment, c’est devenu un peu étroit et ça génère pas mal de bruit. Au dernier salon d’été il y avait 2000 personnes! Un peu le bordel ! 6 mois après on a développé le concept « Open-air » au parc de Vincennes. On a ramené tout le mobilier, mis en place une grosse scène, pleins d’installations, des pianos, des canapés et le tout en pleine forêt.
On a commencé pareil que Le Mamie’s Crew, avec de l’évènementiel : les teufs dans les usines, les salons d’été, le label Tresor de Berlin au Palais de Tokyo…
Ce qui nous lie avec les Mamie’s c’est d’être des défricheurs de lieux. On aime découvrir un lieu, le faire découvrir et l’habiter, se l’approprier.
On a toujours essayé de faire un vrai travail de scéno, comme par exemple avec la Cracki Party 2 où justement on avait essayé d’inventer des salles, on repeignait les murs, on faisait une déco avec du papier peint conçu uniquement pour cet événement, une chambre d’enfant avec pleins de jouets dans l’usine et une télé qui tournait avec des dessins animés à la con, une autre c’était une grande jungle avec que des canapés, un salon de coiffure au bout et une machine à hot dog (rires).
Après même si l’évènementiel nous lie, notre but premier en tant que Cracki était de monter un label musical.
C’est pourquoi deux ans après nos premières soirées, on a monté le label et aujourd’hui on en est à notre 12e sortie. On produit aussi avec notre crew de Djs sur tout ce qui est électronique, techno, house et avec nos groupes beaucoup d’indé, de pop, de folk, de groove et de la disco.
Vous produisez beaucoup de styles différents ! Bravo ! Et pourquoi vous associer, alors que vous avez tous les deux, une grande expérience de l’événementiel et que vous auriez pu créer chacun votre propre festival ?
Au début il y avait l’envie de faire quelque chose ensemble parce que l’on s‘entendait bien. Pendant 3 ans on a chacun fait des trucs en parallèle de notre coté, mais on s’entendait si bien et on se reconnaissait tellement l’un dans l’autre que l’on n’arrêtait pas de se dire quand est ce que l’on organise un événement ensemble ?
On a donc décidé de faire un open air, mais le spot que l’on a trouvé est tellement cool que l’on s’est dit que l’on pourrait peut être le faire en deux jours et de ce projet de fête est né ce festival.Travailler ensemble c’est cumuler nos forces, nos goûts musicaux, apporter chacun nos expériences et dépasser le cadre de juste s’inviter réciproquement à venir jouer.
Comment on passe d’organisateurs de soirées de 2000 personnes à organisateurs de festoches de plus de 4000 personnes ?
C’est marrant on en parlait tout à l’heure ! Au début tu te dis « on passe de 2000 à 4000 donc ça va être le double de boulot » mais en fait c’est pas du tout ça ! (rires)
Là c’est 10 fois plus d’organisation, 10 fois plus compliqué ! Mais c’est aussi se lancer dans un nouveau projet, une nouvelle étape !
Justement en parlant des connexions entre Mamie’s et Cracki, vous vous rejoignez aussi sur le fait de partager un amour de la musique inconditionnel, tout styles de musique confondus, non ?
Sur nos dossiers de presse respectifs de 10 lignes, on s’est rendu compte qu’on avait une phrase qui était quasi identique dans le fond mais formulée différemment : « La musique n’a pas de frontière et la Mamie’s non plus » et pour nous c’est « la musique n’a pas de limite donc Cracki ne s’en donnes pas ».
Involontairement on a dit exactement le même truc ! Eux ils kiffent la musique ethnique, soul, rap, techno et ils mélangent tout, nous aussi !
Parfait comme transition pour aborder la programmation du Macki Music Festival ! Une programmation très large, tous azimuts : de la world, de la funk, de la disco, du hip hop, de la house. Quelle était votre volonté derrière ça ?
C’était de mixer tout ce que l’on aimait au final, c’est la suite logique des évènements que l’on a organisé chacun de notre côté. Ils ont ramené le coté très disco de l’événement, très black music, genre avec Fatima et nous c’est peut être plus le coté indie, le coté house avec Antal, Blue Hawaii ou encore Schultz&Forever. On se retrouve tous dans des groupes un peu différents, The Garifuna Collective que l’on a découvert tous ensemble et on a tous accroché à fond. On a voulu faire des concerts et des Djs sets, deux scènes pour différencier les deux.
On a cette réelle volonté d’avoir une programmation qui nous est propre et nous ressemble vraiment. Un événement sans frontière musical. Aujourd’hui on a crée un festival mélangeant hip hop, world music, indie et musiques électroniques. On a également l’envie de révéler de nouveaux talents, de faire découvrir tout simplement !
Il y a aussi une histoire générationnelle dans votre programmation…
Oui, Schatrax qui a arrêté maintenant, n’a pas joué depuis 2001 à Paris, il vit sur une île avec sa famille et ne fait plus de son alors qu’il avait une certaine notoriété dans les années 90 sur la scène underground. Il vient rejouer juste pour le festival, il doit être sur la quarantaine. Après il y a des mecs comme Rejjie Snow qui a 19 ans représente la nouvelle scène hip hop de Dublin. Ca brasse tout le monde, c’est vraiment le côté défricheur, prescripteur, faire découvrir des artistes pas très connus tel Schultz&Forever avec ses 20 ans et à coté ramener des mecs que l’on aime beaucoup comme Daniel Wang ou Marcellus Pittman qui sont là depuis des années.
Concernant les artistes indie, world tels que Mop Mop & Ange Da Costa, l’Impératrice, Isaac Delusion quelles précisions pouvez-vous nous apporter ?
L’Impératrice et Isaac Delusion sont des groupes de notre label. Il était évident qu’il joue pour notre festi. Après Mop Mop c’est un groupe qui n’est forcément très connu mais que l’on a envie de faire découvrir au grand public.
Ca rentre dans le mélange d’esthétiques, Isaac c’est plus indé, Mop Mop c’est plus groove, cela représente un peu l’alliance Mamie’s et Cracki.
Beaucoup de groupes et de DJs sont des coups de cœur ! On s’est fait une liste des 200 groupes et Djs que l’on aime, on a regardé le prix, les disponibilités…On a tous discuté pendant des heures pour savoir qui on voulait vraiment et aussi qui on pouvait prendre.
Sur la prog’, on a tout fait ensemble, il y a des équipes booking, logistiques etc… mais sur la direction artistique du festival, c’est nous et cela représente des heures de débats.
… L’exemple type de la démocratie en fait ?!
Oui complètement, c’est des échanges du style «pourquoi ce mec et pas l’autre ? Regarde son truc…», sur certains on était TOUS d’accord direct mais sur d’autres on a du discuter longuement pour se décider. Mais ça nous a aussi permis de repérer des noms pour les prochaines
Ce qui est sûre c’est que la plupart ne sont pas très connus et c’est une vrai volonté de notre part.Pour nous, soit tu fais un festival pour remplir avec des artistes que le public a déjà vu et revu et rerevu soit tu orientes ton événement pour que les gens puissent se détendre tranquil’ en buvant de la bière et en écoutant de la musique que tu veux leur faire découvrir.
On a constaté avec les salons d’été qu’on peut commencer par de la folk et finir avec de l’acid, le public est toujours là. On a des potes qui aimait la techno et qui se sont mis a aimer la folk et inversement !
Faire découvrir c’est ce qui nous plait et nous tient à coeur. On a pas voulu faire un festival pour faire de l’évènementiel en mode business, bien que ce soit intéressant. Même si c’est difficile de ramener du monde pour voir des choses pas connues, on a notre public et c’est tout ce qui qui compte.
On pense que notre public se reflète beaucoup dans tout ce que l’on fait, on n’a jamais cherché à mettre de ligne entre les genres musicaux et on cherche vraiment à pousser cette disparition de la segmentation entre les styles.
Oui… Les mélanges sont toujours bons ! Et est-ce qu’on peut dire que vous avez une tête d’affiche pour ce festi ? Parce que l’on voit en grand Lords Of The Underground mais peut être que c’est une histoire de typographie ?
On avait eu un débat là-dessus mais il y a une réelle volonté de mettre tous les artistes au même niveau. Après c’est vrai que certains noms parlent plus que d’autres. Mais c’est pour ça que l’on offre en fait plus une sorte de pack sur l’affiche avec tous les artistes présents.
Ce qui est marrant, c’est que les gens ont halluciné quand ils ont vu que Lords Of The Underground serait là. Et on a l’impression que c’est une tête d’affiche qui s’est imposée d’elle-même sans l’avoir vraiment voulu.
Maintenant parlons un peu de l’événement en lui-même, de la scénographie, est-ce que l’on va retrouver les signatures de vos deux Crews ?
Après cette ITW, on a une réu scéno justement. L’esprit et la scéno seront bien esprit Mamie’s/ Cracki crews. Ca part à base de salon d’été, de scénos stylés pour chaque scène. On va créer une scéno qui accompagne la personne partout pendant le festival et qui sera conçu pour le chill suprême.
C’est important pour nous que les gens se sentent bien tant dans l’expérience que dans la musique. C’est vraiment quelque chose de primordial.
Ben justement, et c’est important de le souligner, vous ne faites pas appel à des prestataires extérieurs pour la scéno ? C’est vous qui le gérez, c’est ça ?
Oui on fait appel à nos amis architectes, designers, comme tous les événements qu’on a organisé, on fait du home made. On fait appel à nos amis même pour le service au bar. Après pour la sécu, ils sont pas assez costauds. (rires) On compte environ 50 personnes pour chaque collectif. On a des amis qui nous suivent et qui ont toujours été là et nous ont toujours aidé ! C’est très familial au final.
En plus, vous nous réservez une grosse surprise dont on ne peut pas vraiment parler encore ? Quelque infos ont été balancées sur le net mais rien de plus ?
Non on ne peut rien dire. Il s’agit juste du village MACKI avec plein d’activités. Le nom est lâché mais le suspense reste entier ! On peut juste vous dire qu’il y aura un bureau de poste, une épicerie et un studio photo. Le but étant vraiment de surprendre et de faire kiffer le public !
Et l’après Macki ? Vous en êtes ou ? Vous y pensez ?
On a déjà notre programme sur les 5 années à venir mois par mois… (Rire)… Non on déconne. Mais l’activité du label ne cesse pas et ne cessera jamais, enfin on l’espère. On continue de faire de l’événementiel. On aimerait bien faire des événements dans des friches et on a pour ambition de faire une grosse Cracki l’année prochaine. Voilà !
Votre mot d’ordre ?
Surprendre, inciter à la curiosité, c’est ce qui nous pousse aussi vers la créativité. Faire des choses nouvelles et nous même nous surprendre ! C’est important pour nous de rebondir tout le temps et rendre accro à la surprise et aussi à la curiosité.
Bel Objectif! Full Support ! La question du Limo maintenant : si jamais vous étiez un cocktail ?
Donatien serait un cocktail concombre poivron, un peu raffiné !
Alex un gros whisky coca
François une pinte de Picon
Donatien un Mojito Sour
La Mamie’s une grosse bouteille d’absinthe à eux tous ! (le Cracki crew en cœur !)
Découvrez le reste de la programmation sur le site du festival ICI !
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