Il y a deux ans j'avais déjà écrit un billet sur Nicolas Bedos, que j'apprenais à mieux connaitre par l'intermédiaire de ses deux volumes de son journal d'un mythomane dans lequel je m'étais plongé sans m'arrêter.
Et malgré quelques réticences que j'avais eu égard à son image médiatique de dandy arrogant et manquant cruellement d'humilité, j'avais été définitivement convaincu par la qualité de sa plume, et l'intelligence extraordinaire dont il faisait preuve, contredisant mon idée qui veut que, normalement humilité et intelligence vont de pair.
Car le type avait beau montrer tous les apparats de l'homme imbu de sa personne, j'étais assez jaloux, je dois dire de l'inventivité de ses écrits et de son incroyable sens de la formule. Nicolas Bedos est certes cynique, provocateur, cinglant, ironique, agressif, mais avant tout cela, il est surtout extrêmement brillant, qu'on le veuille ou non.
C'est ainsi que je n'ai pas manqué d'aller me plonger dans sa troisième publication, La tête ailleurs, parue en novembre 2013, alliance entre quelques une de ses chroniques parues dans le magazine Marianne, et réflexions plus intimes et personnelles sur sa vie de couple avec une charmante blonde, dont il venait de tomber amoureux. Ça reste une sorte de journal subjectif de l’année écoulée, mais qui délaisse l’actualité politique au profit de ses émois amoureux.
Roman d’amour sur fond d’actualités, son livre est donc avant tout, et c'est la bonne surprise, vu que je m'attendais à un nouveau recueil de chroniques sur l'actualité, l'histoire d'un homme qui tombe amoureux d'une blonde..
Bref, dans cette tête ailleurs, Bedos Jr se dévoile davantage et se réfugie moins derrière l'ironie et derrière le personnage qu'il s'était inventé. C'est l’histoire d’un chroniqueur à la mode qui est trop amoureux pour commenter tous les travers de l'actualité : la crise, Hollande, Sarkozy..
Et finalement, même si évidemment l'homme garde toujours ses travers un peu irritant, un côté arrogant, ami des peoples toujours il nous montre surtout des facettes plus interessantes, d'un type engoncé dans ses contradictions qui manie une arme que j'affectionne particulièrement, l’autodérision. Et plus que jamais Bedos affiche une certaine vulnérabilité, même si on peut toujours s'interroger si cette fragilité n'est pas un peu feinte, puisque malheureusement avec Nicolas Bedos, on se pose toujours des questions sur sa sincérité
Mais en refermant la tête ailleurs, on a quand même envie d'y croire, à cette sincérité, et en fin de compte, toujours épaté par son sens de la formule et des beaux écrins qu'il fabrique tout autour, on se laisse prendre à son écriture tout à la fois tendre, mélancolique, poignante, méchante, drôle mais surtout d'une grande sensibilité. Et on est heureux de constater que ce Nicolas Bedos inattendu, mélancolique et amoureux, affirme livre après livre son indéniable talent d'écrivain.