Nous profitons d'une matinée où le Cerro de Cota est encore relativement vide, avant les fêtes d'Urkipiña à Quillacollo (à 30 minutes de bus de Cochabamba), pour monter au "calvaire". Une messe est en train d'être célébrée mais ce qui nous intéresse aujourd'hui se trouve un peu plus haut que la chapelle de la Vierge aux habits cousus de fils d'or.
Nous nous trouvons donc en haut du Cerro de Cota, lieu de la soit-disant apparition de la Vierge. Des hommes et des femmes sont en train de casser des cailloux, de remplir des sacs de pierres pour aller les jeter un peu plus loin dans le précipice. En réalité, ils travaillent à la tâche pour "nettoyer" la montagne, afin que les pèlerins viennent casser les fameuses pierres et les ramener chez eux, non sans avoir auparavant fait un voeu, demandé un service à la Vierge. Dans quelques jours, le cerro va être envahi par des croyants, pioche à la main, il faut par conséquent préparer le terrain. On dit cependant que celui qui sollicite une faveur doit obligatoirement revenir l'année suivant pour rendre sa pierre à la Vierge, sous peine, non seulement de ne pas être exaucé, mais aussi d'avoir quelques ennuis avec la Sainte femme, qui, lorsqu'elle est courroucée, est capable de tout, comme chacun sait…
A quelques pas de là, des pierres sont entassées en mini murs et forment différents rectangles. Il s'agit des terrains miniatures que les pèlerins viennent acheter et faire bénir. Ils croient ainsi qu'en ayant placé leurs souhaits immobiliers sous l'hospice de la Vierge ils obtiendront ce qu'ils désirent en taille réelle.
Nous nous penchons au-dessus du précipice et admirons la vallée. Vallée ? Que dis-je ! Ici, il y avait un lac ! Il n'y a pas si longtemps que cela, cette cuvette blanche de sel et plantée de quelques touffes d'herbes sèches était recouverte d'eau. En 40 ans, le lac s'est lamentablement asséché. Quelques oiseaux y pèchent encore mais on se demande s'ils trouvent des poissons… Tristesse de la terre mère qui s'assèche, des bouleversements climatiques qui défigurent des terres jadis opulentes et verdoyantes. Aujourd'hui, des fous furieux en motos se sont improvisés un circuit et le bruit de leurs moteurs pétaradants abîment aussi le lieu. Est-ce vraiment du sport, que cette pollution sonore et écologique ? Doit-on vraiment cautionner ce genre de nuisances, ce genre de violations faites à la nature ? Dakar… Course du diable…