L’épidémie Ebola désormais évaluée comme » urgence de santé publique de portée internationale « , c’est la décision prise à l’unanimité à l’issue de la première réunion du Comité d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé, des 6 et 7 août 2014, réuni par téléconférence durant deux demi-journées. La flambée démarrée en Guinée en décembre 2013, la plus importante jamais enregistrée à ce jour, a désormais fait 1711 victimes dont 932 décès, soit un taux de létalité de 54%. Le risque de propagation est aujourd’hui sérieusement envisagé.
Les représentants du Règlement sanitaire International (RSI) de Guinée, du Libéria, du Nigéria et de Sierra Leone, les 4 pays principalement touchés, ont présenté les dernières évolutions dans leurs pays et les mesures mises en œuvre pour contrer l’épidémie. De ce Comité d’urgence, ressortent plusieurs diagnostics:
· la flambée actuelle en Afrique de l’Ouest constitue un « événement extraordinaire » et un risque pour la santé publique dans d’autres États,
· la propagation internationale n’est pas exclue compte-tenu de la virulence du virus, de la transmissibilité constatée au niveau communautaire et au sein des établissements de santé,
· la faiblesse des systèmes de santé des pays actuellement touchés et de ceux les plus exposés au risque d’importation constitue un facteur de risque majeur supplémentaire.
Une action concertée au niveau international a été jugée comme essentielle par le Comité qui a jugé, à l’unanimité que les conditions d’une urgence de santé publique de portée internationale étaient réunies.
L’état d’urgence : Le Comité a donc défini les mesures à mettre en œuvre, impérativement par les pays touchés, dont la déclaration de l’état d’urgence au niveau national, l’information des populations sur l’avancée de l’épidémie et les mesures prises pour l’endiguer. Concrètement, ces pays doivent mettre en place un centre des opérations d’urgence, placé sous l’autorité du chef d’État, afin de coordonner l’ensemble des mesures de lutte contre l’épidémie. Cette organisation devrait être déclinée jusqu’au niveau local. « Tout État venant de détecter un cas suspect ou confirmé d’Ebola, un contact ou des regroupements de décès inexpliqués dus à une affection fébrile, doit considérer qu’il fait face à une urgence sanitaire, prendre des mesures immédiates dans les 24 heures pour enquêter et endiguer une flambée potentielle de maladie à virus Ebola, en instituant la prise en charge des cas, en posant un diagnostic définitif et en entreprenant la recherche et le suivi des contacts ».
Reste à garantir la disponibilité des médicaments, dispositifs et équipements médicaux en quantité suffisante, mais aussi à mobiliser les personnels de santé, techniciens de laboratoire, personnels chargés de l’hygiène comme des obsèques, avec, là encore des mesures suffisantes pour assurer leur sécurité et leur protection.
Sur les voyages et les déplacements, des mesures spécifiques sont mises en œuvre : Dépistage au départ des zones touchées de tous les passagers, confinement de ceux qui présentent des symptômes pouvant correspondre à une infection à virus Ebola tout comme des cas avérés, et surveillance de leurs contacts sur une durée de 21 jours après l’exposition. Le transport transfrontalier des corps des cas suspects, probables ou confirmés qui sont décédés est désormais interdit. Une surveillance spécifique est également instaurée dans les États exempts de cas mais qui ont des frontières limitrophes avec des états touchés. Cependant, il n’y a pas d’interdiction générale appliquée aux voyages ou au commerce.
Les États non encore touchés doivent se préparer à détecter, à prendre en charge des cas d’Ebola et à procéder aux investigations nécessaires mais aussi à faciliter l’évacuation et le rapatriement de leurs ressortissants nationaux exposés au virus Ebola.
Une nouvelle évaluation de la situation est prévue d’ici trois mois.
En France, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et Marisol Touraine, ministre de la Santé, ont salué la décision de l’OMS et les recommandations formulées par le Comité d’urgence et se sont proposés de répondre, le cas échéant à la demande d’experts et de structures d’accueil que l’OMS est en train d’identifier. Les ministres rappellent qu’il est recommandé de suspendre tout projet de voyage dans les pays où des cas de fièvre hémorragique à virus Ebola sont avérés (Guinée, Sierra Leone, Libéria, Nigéria) et confirment que l’ensemble des mesures de prévention, d’information du public et de préparation aux soins prises par la France depuis le début de l’épidémie répond aux recommandations de l’OMS.
Sources: OMS, Communiqué du Ministère de la Santé (Visuel NHS)
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