Le marronnage est le nom donné à la fuite d’un esclave hors de la propriété de son maître
en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale (Wikipédia).
N’ayant pu assister à l’ensemble de ce colloque, je n’en évoquerai que la dernière table ronde.
Marrons d’hier et d’aujourd’hui : du Chevalier de Saint-George à Lilian Thuram
Table ronde animée par Sylvie Chalaye
avec Alain Timar, Ricky Tribord, Dominik Bernard, Julie Sicher, Alain Foix, Nathalie Coualy et Vincent Byrd Lesage.
« Le Festival Off accueille cette année en Avignon un bel éventail de compagnies d’outre-mer, et notamment de Guadeloupe. Une occasion sans précédent de partir à la découverte des territoires de création de cet archipel et d’interroger les poétiques contemporaines qui se déploient sur scène et dans les textes. Les expressions scéniques des outre-mer puisent leur inventivité dans l’oralité, les territoires de la mémoire et du corps. Ce sont ces territoires de marronnage. » dit le texte de présentation.
« Le temps suspendu de Lilian Thuram » confronte deux personnages, Lilian Thuram et Eugène, une célébrité et un inconnu. La question autour de laquelle tourne ce huis-clos, c’est : Sommes nous toujours maitres de nos choix ou sommes nous leurrés par ce que la société attend de nous, quelle que soit notre position ? Peut-on y échapper ? Interprétée par Ricky Tribord et Dominik Bernard, c’est Alain Timar qui a mis en scène cette pièce de Véronique Kanor.
« Noir de boue et d’obus » est un spectacle de la Compagnie Difé Kako déjà présenté dans ce blog ici et là. Julie Sicher en est assistante chorégraphique et une des interprètes.
« Duel d’ombres » imagine une rencontre entre le Chevalier d’Eon, une fille-garçon, et le Chevalier Saint-George, un noble noir. La pièce parle des relations entre hommes et femmes, entre fils d’esclave et chevalier travesti, entre Noirs et Blancs, mais aussi des masques imposés par la société. Vincent Byrd Lesage et Philippe Dormoy incarnent ces deux personnages dont le dialogue est écrit en alexandrins par Alain Foix.
De cette table ronde, j’ai surtout retenu d’Alain Foix cette affirmation que le marronnage d’aujourd’hui consiste à ne pas accepter une identité assignée, qu’on l’assume ou qu’on la rejette : il ne s’agit pas de se définir par rapport à cette assignation. Ainsi, dit-il (si je m’en souviens bien), « je ne me dis pas descendant d’esclave. Je connais mon histoire et l’histoire de mes grands-parents mais je ne suis pas esclave. Je serais plutôt remontant d’esclave. Me qualifier de descendant d’esclave c’est me soumettre à l’esclavage. » Dans sa pièce, « Duel d’ombres », il montre que « dans l’autre, il y a toujours un peu de soi ».