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Là ou naissent les nuages d’Annelise Heurtier

Par Karine Simon @karine59630

Le 11 août 2014

Synopsis :

Fille unique de parents très aimants, mais très occupés, Amélia, 16 ans, s’est réfugiée dans la gourmandise. Elle traîne son corps adolescent et ses kilos en trop comme une punition. Mais l’arrivée d’une lettre étrange venue de Mongolie va bouleverser la banalité un peu mélancolique de son quotidien…

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Les premières lignes :

Je détestais ça.

Je détestais que l’on me regarde comme ça.

Du bout des doigts, la fille de la boulangère me tendait le petit sac en papier, le sourire dégoulinant de mépris. Elle avait les ongles chargés d’une épaisse couche de vernis pailleté, sauf celui de l’index, qui se singularisait grâce au palmier miniature qu’on y avait habilement dessiné…

Mon avis :

J’ai découvert la plume d’Annelise Heurtier, l’année dernière avec Sweet Sixteen, un roman qui fut un très beau coup de cœur. J’avais donc hâte de découvrir celui-ci, et encore une fois, je suis tombée sous le charme.

Amélia a tout pour être heureuse, des parents qui l’aiment, qui ont tous les deux une belle profession. Mais pourtant, il lui manque quelque chose. Son père et sa mère sont peu présents, et ils sont pris tous les deux dans leur carrière. Amélia ne se sent pas à la hauteur, de la beauté de sa mère qu’elle dit "solaire". Elle s’est donc réfugiée dans la nourriture, et passe son temps à grignoter. Quand sa mère reçoit un courrier d’une association humanitaire basée en Mongolie, la vie d’Amélia prend alors un tournant inattendu, elle embarque pour un voyage d’un mois, seule, vers la Mongolie.

Au début Amélia ne voulait pas partir, puis, ensuite la perspective de passer un mois seule avec son père, l’a enthousiasmée. Malheureusement, c’est en solo qu’elle partira. A l’atterrissage, la vision du paysage la charmera de suite, les recherches qu’elle avait pu faire avant de partir prendront vie devant ses yeux.

Les couleurs étaient franches, sans compromis. Le vert de la plaine, le bleu du ciel, la transparence du silence que l’ont devinait déjà sans fin.

Mais la réalité reprendra vite le dessus, Oulan-Bator, la ville où se situe l’association, est un vrai "melting-pot". La pauvreté côtoie la modernité et la richesse. La Mongolie n’est pas la France, les lois et moyens ne sont pas les mêmes.

La ville donnait une impression d’anarchie architecturale totale. De grands buildings flambant neufs côtoyaient de petites yourtes. Des bâtiments hérités de l’époque russe, mastodontes sinistres et délabrés, enlaidissaient la vue. (/…) Des gens en habit traditionnel côtoyaient des hommes en costume trois-pièces ou des adolescents avec des slims et des casques audio.

Arrivée au siège de l’association, Amélia prendra la pauvreté en pleine figure, et là encore, elle ne se sentira pas à sa place, et encore moins à la hauteur. Mais après des débuts hésitants, elle prendra conscience de sa chance. Elle s’ouvrira enfin aux autres, à ceux qui ont besoin d’elle, par des gestes simples, un sourire. Elle prendra sous son aile, le jeune et silencieux Mukshuk, avec patience, elle apprivoisera ce petit garçon fragile, au regard triste.

De ses yeux sombres, Mukshuk m’a offert un sourire franc, sincère, intense. Mukshuk ne souriait pas avec la bouche. Par je ne sais quel miracle, j’ai réussi à ne pas pleurer devant lui.

L’écriture d’Annelise Heurtier est belle, parfois poétique dans la description des paysages, mais également très efficace pour nous conter la pauvreté et l’horreur qui malheureusement sévit en Mongolie. Mais plus que la misère et la dureté de la vie, c’est aussi tout une culture qui va découvrir Amélia.

Ce roman est un véritable coup de cœur, entre voyage initiatique et quête de soi, Amélia va se remettre en question, et surtout se trouver et s’ouvrir aux autres.

Ce roman est disponible aux Editions Casterman depuis le 2 avril 2014.



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