Photo: Daniel Robillard
Natif de Montréal, Guillaume Bourque a étudié la guitare classique au Conservatoire. Il a décidé d’arrêter ses études en musique alors qu’il ne lui restait qu’une session à faire pour obtenir son baccalauréat en interprétation.
«J’étais juste tanné pour toutes sortes d’affaires. Je suis parti. J’ai arrêté de jouer pendant deux ans. J’ai vendu mes instruments. Dans ma tête, c’était fini», dit-il. Guillaume a alors erré à l’université, se cherchant un peu. Il s’est remis à jouer pour le fun, sans pression de performance. Il a travaillé pendant quatre ans comme intervenant auprès des jeunes dans un organisme communautaire. Une bonne job, avec la sécurité financière qui vient avec. Il a monté des bands avec des amis: ses petits clubs sociaux. Grand amateur de soul et de rythm n’ blues, c’est pourtant avec un projet bluegrass que Guillaume a vu sa vie professionnelle changer: les Swompards de l’Est (un de ses bands) s’était booké une tournée de malade à travers le Québec. Il a quitté sa job pour vivre pleinement cette expérience. Finalement, il n’a jamais cherché un autre travail devenant officiellement musicien professionnel.
Sa première gig comme musicien accompagnateur a été avec la chanteuse Eve Cournoyer. «J’ai joué avec Eve pendant deux ans. J’ai fait un album avec elle et beaucoup, beaucoup de shows. Ça a été mon rodage, mon école. Elle avait un caractère, mais je l’adorais. C’est pas négatif, mais une fois que tu as joué avec elle, t’es capable d’en prendre après.» Ensuite, les projets ont déboulé: Francis Faubert, Ines Talbi, Dany Placard, Chantal Archambault, Anik Bérubé, Domaine Alarie, etc. Ces auteurs-compositeurs-interprètes ont tous invité Guillaume à se joindre à leurs tournées. Depuis cet hiver, il fait partie du groupe de David Marin.
L’horaire de Guillaume dépend de la vitesse de croisière des artistes avec qui il collabore: si ces derniers sont productifs (albums, spectacles), cela lui assure du travail. Il y a aussi la réalité de la tournée où les spectacles sont montés en formule réduite pour rentrer dans les frais de production. «Quand y est question de formule réduite, je suis souvent appelé à être dedans parce que je suis multi-instrumentiste (pedal steel, guitares, piano, mandoline, B3, etc.). Mais faut que je trippe! J’ai déjà choisi de ne pas faire une tournée de shows en formule réduite parce que je n’avais pas envie de ça. J’aime ça quand ça sonne gros. J’ai souvent le rôle de mélodiste. Quand il n’y a pas de drum ou de bass, je me sens tout nu.»
Guillaume s’implique beaucoup dans le processus créatif des artistes avec qui il s’associe. Le rôle d’exécutant ne lui sied pas très bien. En cohérence avec sa personnalité, il arrive dans un projet de façon discrète. Quand la confiance est établie, il prend une part importante de la création. Sur le prochain disque de Placard, Guillaume co-signe plusieurs musiques. Dans ses temps libres, le passionné compose pour le plaisir. Il se pratique à être créatif. «Je ne pense pas que la créativité, on l’a ou on l’a pas. Faut travailler pour développer ce côté. Je collectionne les riffs».
Photo: Sébastien Crête
Ce mélodiste inspiré adore répéter, il aime faire des spectacles, mais la partie du travail qu’il préfère est le studio. Il souhaite réaliser de plus en plus. Démon vert de Dany Placard et Les élans de Chantal Archambault sont ses co-réalisations. «Humblement, je suis quelqu’un qui a des idées, pis dans ces idées, y’en a des bonnes. Quand les gens avec qui je collabore s’en rendent compte, ça leur enlève une charge de travail. Si je peux enlever une partie du stress et prendre le lead sur la musique dans le respect de ce qu’ils font, ben c’est donnant-donnant». Guillaume Bourque embarque dans un projet seulement s’il aime les chansons. «J’ai une admiration énorme pour les auteurs-compositeurs. Quand quelqu’un est capable d’écrire des tounes, pis que j’ai des frissons, je m’incline.»
Ça fait plus de cinq ans que Guillaume Bourque est une figure pertinente de la scène musicale québécoise. Son sens mélodique et sa sensibilité sont de plus en plus sollicités et approfondissent l’oeuvre d’actants significatifs de la scène folk. «Autant j’étais stressé durant le Conservatoire, autant maintenant, je ne m’en fais pas. Ça m’étonne des fois. J’étais pas parti pour faire ça. C’était pas un objectif. Je suis super content de faire ça. C’est la plus belle job au monde. Cette vie-là m’étonne.»