Reportage sur les six jours du carnaval de Venise…
… celui de la renaissance, en 1980 !
Groupe de mimes faisant le spectacle dans les rues puis sur la place San Marco, défilé des fanfares du carnaval en costumes d’époque, danses folkloriques sur podium dressé au milieu de la place, toro de fuego, gens déguisés dansant dans les rues, gondoles sur le grand canal, coucher ou lever de soleil sur la lagune.
Telle est la présentation du reportage de Claude Brovelli qui était passé sur TF1, le mardi 19 février 1980, pendant le journal de 13 Heures, présenté par Yves Mourousi.
Le carnaval de Venise a complètement disparu pendant le XXème siècle, de la période fasciste jusqu’en 1980.
Complètement disparu?
Non. Pas tout à fait. Il a subsisté dans la mémoire collective, et plus particulièrement dans la mémoire des Vénitiens. Il a repris vie à l’occasion de la mise en place d’une biennale de théâtre, au début des années 1980. Cette biennale se déroulait à l’intérieur, et voulait se calquer sur la biennale du festival d’art moderne, internationalement connu. À ce moment-là, des petits groupes d’amateurs, et de commedia dell’arte ont profité de l’occasion pour sortir et faire du théâtre de rue. Ce fut l’étincelle et en quelques années, il y a eu une flambée d’enthousiasme chez les Vénitiens. La résurrection du carnaval de Venise a été spontanée, ce n’est pas du tout une fabrication de l’office du tourisme.
Mais, en dépit des apparences communes, que de différences entre le carnaval du XVIème dispositif-clé dans une vie institutionnelle vénitienne alors à l’équilibre, le carnaval démesuré de six mois de la fin du XVIIIème qui tente de conjurer l’angoisse du déclin et le projet d’abord touristique et culturel d’aujourd’hui !
Mais ne boudons pas notre plaisir. C’est un prodige de plus de la Miraculissime que d’avoir pu réveiller son carnaval en 1980.
Et faisons amende honorable. Si le carnaval est maintenant dissocié des libertés politiques de Venise, c’est que Bonaparte, en 1797, a aboli la Sérénissime. Il a brûlé les ornements du Bucentaure, la magnifique galère-emblème du doge, récupéré l’or et transformé la coque en canonnière. A ce propos, un convoi exceptionnel porteur de bois de grume est parti ce printemps de Dordogne pour rejoindre l’Arsenal de Venise où va commencer la reconstruction de ce bateau légendaire. Juste retour des choses comme des femmes et des hommes à Venise en cette période.