Impromptus chorégraphiques, par Frichti concept
Ils sont trois, deux femmes, un homme. Je les ai vus deux fois, deux jours différents. Ils dansent 23 minutes, deux fois. Deux façons différentes d’appréhender un espace, de l’ouvrir en quelque sorte. Le public s’est assis là où tout semblait être mis en place. Mais les danseurs ont transformé le rapport de ce même public avec le spectacle. Quand on est dans l’espace public, faut-il conserver le rapport qu’on dit frontal entre public et spectacle ? Ou peut-on en profiter pour déplacer les regards et les corps, et pas seulement ceux des danseurs ? Il ne s’agit pas ici de faire danser le public, mais bien de le surprendre, de le contourner, de le faire se lever, se tourner, un instant destinataire d’un objet ou d’un geste, un temps au centre des regards sans être pour autant gêné de cette situation. Ça raconte ce que je projette dans le mouvement, le doigt pointé vers les toits me rappelle que, quelques jours auparavant, des personnages vêtus de noirs y brandissaient des croix blanches, symboles des luttes ; la boîte refermée recèlera le secret d’un regard échangé ; les balais comme autant d’appuis pour marcher auront quelque familiarité avec les escabeaux de la veille ; et, quand les danseurs s’allongeront au milieu de la route devant l’Hôtel de Ville, j’imagine la sensation de chaleur que leur donnent les pavés. Des sensations, des souffles, des corps, ici et maintenant.