LIVE REPORT : Pantiero, du 08 au 10/08 – Cannes (06)

Cette année le Pantiero reprend ses quartiers au mois d’août, pour notre plus grand plaisir et aussi pour s’assurer une audience plus conséquente, l’édition de l’année précédente ayant un peu subi et à la fois le passage au mois de juillet et la nouvelle formule sur trois soirs au lieu de quatre.

Le public est désormais préparé à des sessions plus longues et la programmation est pensée dans ce but, permettant aux festivaliers de s’immerger paisiblement dans l’ambiance tout en leur assénant régulièrement des claques salvatrices faisant effet de shoot de caféine.
Saluons également les nouvelles initiatives comme le Pantiero découvertes en association avec Pression Live qui nous permettra de démarrer chaque soirée avec un jeune groupe (mention spéciale aux très bons Boreal Wood vainqueurs de ce tremplin).

Jour un

Les Russes de Motorama démarrent un set efficace, sorte de croisement entre du post punk et du surf rock, bien qu’un peu trop homogène. Un brin de folie pour relever les compos les propulserait dans la catégorie supérieure.
La nuit tombe et Woodkid va pouvoir livrer une prestation exceptionnelle. N’étant pas spécialement fan du groupe à la base, je dois reconnaître que l’aspect cinématographique du groupe, des visuels impressionnants défilant tout le long du set, allié à l’artillerie d’instruments divers et puissants en fait une des expériences les plus captivantes qui soit.
La soirée va pouvoir se terminer après cela à la Rotonde où deux ovnis sonores vont pouvoir procurer le quota de décibels vital.
Blackmail et Factory Floor sont tous les deux des créatures hybrides, entre expérimental, électronique et musique tribale. La fin de soirée parfaite, après l’harmonie, la folie.

Jour deux

Breton est le groupe dont tout le monde parle, l’album est excellent mais tous ceux qui les ont vu en live disent que c’est un uppercut sonore. Dès les premières minutes du concert je constate que ce n’est pas exagéré. La température va grimper d’un coup dans la fosse et le groupe va jouer sans temps morts, revisitant les titres de l’album avec une urgence et une précision exemplaire.
La Femme est la tête d’affiche de ce deuxième soir. Les ayant déjà vu il y a quelques années au Pantiero et n’étant pas vraiment un inconditionnel de ce que j’avais pu entendre, force est de reconnaître qu’ils se sont améliorés en concert. Il y a une vraie communion avec le public qui ne va pas arrêter de danser et sauter pendant leur set. Malgré cela je reste toujours aussi hermétique à leur style, sûrement une question de génération.
Mais si la seule prestation de Breton aurait suffi amplement à me satisfaire de ce deuxième soir, c’était sans compter sur Isaac Delusion.
Après deux lives très énergiques, la Rotonde ce soir va faire office d’after haut de gamme pour mélodies de haute volée. Des compos soignées, une voix hors norme et sûrement la grosse découverte de ce festival.
Coming Soon ne sera pas en reste et viendra finir la soirée dans un style plus proche de Vampire Weekend mais là encore armé de compositions efficaces.

Jour trois

Alternant l’énergique et le mélancolique depuis le premier jour, ce sera les très élégants Glass Animals qui démarreront les hostilités. Très à l’aise sur scène et armés d’excellents morceaux, ces jeunes Anglais vont plonger le public dans une ambiance moite et suave.
La mise en bouche parfaite avant Bonobo. Gros événement et tête d’affiche de ce festival, Bonobo est un des fleurons de Ninja Tune et sa prestation va être au niveau des espérances d’un public venu nombreux spécialement pour l’occasion. Parfaite alchimie entre l’électronique et le jazz, accompagné d’une escouade de musiciens talentueux (notamment la chanteuse Szjerdene dont le physique et la voix ne laisseront pas grand monde de marbre), l’Anglais va hypnotiser les festivaliers.

Le choc avec Young Fathers n’en sera que plus rude. Machine de guerre évoquant un Saul Williams sous amphétamines, le groupe va nous rappeler que l’Angleterre peut aussi être la terre de la boxe. Une grosse découverte live qui sent la testostérone et la sueur.

Fuzati et Orgasmic viendront clôturer cette édition mais malgré un set de qualité, il sera très dur de rivaliser avec le rouleau compresseur qui vient de paisiblement s’abattre sur le public.

Donc encore une édition qui ne déroge pas à la règle des trois D, décibels, détente et découvertes. Le festival en plus de son cadre possède la configuration idéale permettant de parfaitement s‘immerger dans un concert sans être compressé pour autant. Un luxe qui n’a pas de prix à notre époque.