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Star Of David: Hunting For Beautiful Girls

Publié le 22 août 2014 par Olivier Walmacq

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Genre: érotique, horreur, trash (interdit aux - 16 ans)
Année: 1979
Durée: 1h40

L'histoire: Tatsuya est le fruit d'un viol commis sur sa mère par un déséquilibré et ceci, en présence de son mari. Ce dernier reporte alors toute sa rancoeur sur cet enfant qui n'est pas le sien et qu'il élève brutalement. Une fois ses parents décédés, Tatsuya, désormais étudiant et riche héritier, se met en chasse de femmes, belles et intelligentes, afin de perpétrer à l'infini le viol dont fut victime sa mère. 

La critique d'Inthemoodforgore:

Ceux qui pensent que Men Behind the Sun fut, en 1988, le premier Catégorie 3 de l'histoire, se trompent lourdement. Neuf ans auparavant le grand cinéaste japonais Norifumi Suzuki, réalisateur entre autres de Sex and Fury et Le Couvent de la Bête Sacrée, signa Star of David: Hunting for Beautiful Girls. C'est ce film et pas un autre, qui doit être considéré comme l'ancêtre de la fameuse Cat 3. Surfant sur la vague des "Pink Films" dont L'Empire des Sens est le plus célèbre représentant, et prévoyant une inéluctable désaffection du public, Suzuki délaissa les scènes érotiques classiques, au profit d'une bonne dose de violence et de perversion mais aussi d'une profonde réflexion sur le côté sombre de la nature humaine. Je préfère prévenir les inconditionnels des frénésies hong kongaises des années 90.
Ici, l'ambiance est feutrée, les personnages tirés à quatre épingles et le calme olympien du psychopathe est en total décalage avec la folie furieuse d'un Anthony Wong pour ne citer que lui.

Adapté d'un célèbre manga de Masaaki Soto, Star of David est un film que je n'hésiterais pas à qualifier de petit chef d'oeuvre. En effet, à ce niveau de maîtrise, le terme ne me semble pas usurpé. Doté de moyens conséquents, d'un scénario très bien construit, d'une interprétation remarquable et d'une superbe photographie, le film de Suzuki fait clairement dans le haut de gamme. Cette oeuvre d'une audace sensationnelle pour l'époque, est aujourd'hui considérée comme un classique au Japon et aux États Unis. Attention spoilers: Une nuit, un couple de riches particuliers se fait agresser par Genpei Hirukawa, un détraqué notoire, recherché par la police. Tandis qu'il a neutralisé le mari, il viole la femme sous les yeux de celui ci. De ce viol naîtra Tatsuya.
L'homme qui voit en ce gamin la cause de son déshonneur, le maltraitera tout au long de son enfance. Ce "père" violent et sadique ne se contentera pas de tyranniser son fils. Il force également sa femme à assister à ses ébats avec ses maîtresses. Les années ont passé et après la mort de ses parents, Tatsuya est devenu un riche héritier. Oisif dans son immense propriété, il pratique le tennis et l'équitation, possède un yacht et roule en Porsche.

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Séduisant, il remporte beaucoup de succès auprès de la gent féminine. Mais le jeune homme est loin d'être le gendre idéal pour qui il se fait passer. Foncièrement névrosé, Tatsuya n'envisage les relations amoureuses que dans un climat de violence, de domination et d'humiliation. Tel un prédateur, il traque ses proies puis les kidnappe. Usant de tous les stratagèmes pour arriver à ses fins, il enlève tour à tour une ancienne fiancée puis une étudiante choisie au hasard.
Il se livre alors à de sauvages agressions sur les jeunes femmes dans une chambre aux tortures qu'il s'est minutieusement aménagée. Enchaînées, suspendues ou mises en cage, elles seront sexuellement humiliées avant d'être méthodiquement violées et assassinées. Tandis qu'il perpétue ses crimes, Tatsuya continue à mener une vie sociale tout à fait normale. Il poursuit ses cours d'histoire et se retrouve totalement fasciné par l'holocauste nazi, notamment le dispositif "Nuit et Brouillard" qui visa à l'éradication des juifs dans les camps. Dès lors, ce manuscrit devient pour lui un livre de chevet. Le jeune homme ira même jusqu'à se masturber devant des photos de prisonniers décharnés. Peu après, il passe à la vitesse supérieure en enlevant Jun Yashioji, une star de la chanson, et son assistante.

Les deux femmes attachées dans des cages, deviennent alors les jouets sexuels du jeune homme qui s'enfonce peu à peu dans la folie. Par un jeu cruel de séduction et de manipulation, il réussit à faire s'opposer les deux femmes qui se retrouvent totalement sous son emprise. Il s'en débarassera néanmoins et de façon spectaculaire. Le film s'achèvera avec les retrouvailles de Tatsuya et de son père biologique, le criminel Hirukawa. Les deux hommes s'uniront alors pour enlever et torturer l'amie d'enfance de Tatsuya. Curieusement, celle ci, prude et chaste, basculera dans la perversité à leur contact et suivra Tatsuya dans sa démence. Même si ses excès graphiques peuvent (presque) prêter à sourire de nos jours, il en fut tout autrement à l'époque car Star of David: Hunting for Beautiful Girls plaçait la barre très haut en matières de transgressions montrées à l'écran.
Ponctué de scènes chocs, ce film fut le précurseur des déviances cinématographiques qui vont déferler en Asie les trois décennies suivantes. Mais l'oeuvre de Norifumi Suzuki ne vaut pas que pour ses images sadiques et perverses, loin de là. Elle retrace avant tout le parcours initiatique d'un homme né sous une mauvaise étoile, à la recherche de ses propres origines.

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Conçu dans le "péché", cet homme intelligent et manipulateur ne peut trouver plaisir et satisfaction que dans la souffrance infligée aux femmes. Il y a une dimension quasi oedipienne dans le cheminement de cet individu refoulé par un père tyrannique (dont il s'est débarrassé en mer lors d'une tempête) et idolâtré par une mère (qui, elle, s'est suicidée) qu'il recherche désespérément à travers les femmes qu'il rencontre. A ce contexte psychologique, Suzuki ajoute la thématique religieuse. Avant de parler de l'Etoile de David, dont vous vous demandez sûrement quel rapport elle peut avoir avec l'histoire, il faut préciser que le film fait d'abord allusion au psaume de David, dans la Bible.
Celui ci certifie une malédiction éternelle à tout enfant conçu dans l'abomination d'un viol. De ce fait, le réalisateur établit un parallèle entre le jeune homme qui porte en lui le sceau de son malheur, et les juifs obligés de porter l'étoile jaune durant la seconde guerre mondiale. Marqué au fer rouge par la violence de sa conception, Tatsuya plie sous le poids d'un drame secret qu'il aura de plus en plus de mal à accepter. Nous voilà à des années lumières d'un torture porn actuel qui ne voit pas plus loin que le bout de son hachoir. Norifumi Suzuki nous livre une oeuvre bien plus complexe qu'il n'y paraît et qui, pour bien en apprécier toutes les qualités, nécessite plusieurs visionnages. 
En conclusion, Star of David: Hunting for Beautiful Girls est une oeuvre qui aura marqué son époque et qui aura donné naissance à un genre qui fit longtemps, les beaux jours du cinéma asiatique. Un petit bijou.

Note: 17/20


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