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La mer, le matin, Margaret Mazzantini

Par Laurielit @bloglaurielit

La-mer-le-matin_7915Ce livre m'a gentiment été prêté par mon amie Stéphie, gage de très bonne lecture pour ma part. Quand j'ai commencé ce livre, ce ne devait pas être le bon moment. Je n'arrivais pas à accrocher, et pourtant les personnages me touchaient. Alors je l'ai reposé pour mieux le recommencer quelques semaines plus tard...et là je l'ai lu en deux jours, comme quoi il y a bien des moments et il ne faut pas hésiter à reprendre un livre. Je n'ai donc pas été déçue par cette lecture, loin de là.

L'Italie et la Libye, deux pays que la méditerranée sépare. Cette mer qui accueille, accompagne, pousse, casse les embarcations très précaires des migrants, ceux qui fuient la guerre. Dans ce livre, l'auteure italienne nous livre une histoire au coeur du conflit libyen, celui qui a mené à la chute de Kadhafi. On suit alors deux familles qui ont vécu à différents moments l'exode par la mer. La première est narrée au présent, cette famille fuit le régime libyen. Une jeune femme, Jamila et son fils Farid fuient leur village après une attaque en règle par la milice armée. Ils découvrent alors l'embarcation, celle sensée les mener vers l'Europe, l'Italie, là où ils seront bien traités, nourris, bref une nouvelle vie, libre. Tout au long du voyage, la jeune femme raconte son histoire et tente de survivre et faire survivre son enfant.

La seconde famille a vécu il y a longtemps la fuite inverse, voire un aller-retour. En effet il y a eu des italiens qui ont fui le régime de Berlusconi, que Kadhafi a lui-même chassé quelques décennies plus tard. L'auteure nous remémore ici le passé de l'Italie, et ce lien avec la Libye. La seconde histoire est donc plus complexe et l'auteure nous raconte comment la petite Angelina a été déracinée de Tripoli à l'âge de 11 ans. Angelina est bien italienne mais née à Tripoli. Quand avec ses parents, ils reviennent en Italie, évidemment tout a changé et ils sont traités d'arabe et rejetés par leur propre communauté. Comment, après avoir été déraciné sur deux générations, se reconstruire dans son propre pays mais quand ses origines sont ailleurs?

Un roman complexe (qui nécessité une certaine disponibilité d'esprit) mais un beau roman qui alerte sur la guerre, les dictatures et les dommages humains collatéraux. Bien-sûr j'ai entendu parler comme tout le monde de ces embarcations qui arrivent (ou non) sur les côtes européennes. Racontée de l'intérieur, on n'imagine plus, on sait ce qui s'est passé tout au long du voyage et j'ai été très touchée par le récit de Jamila et mon coeur de maman s'est serré. L'auteure nous sensibilise également sur le déracinement : l'urgence de partir vite, de quitter ses amis, son métier pour une raison raciale, parce qu'on a des origines différentes et la violence que cela engendre dans ses familles. Comment se reconstruire après? sur quoi? Ne pas oublier le passé mais ne pas regretter car les regrets ne font pas avancer. Bref des destins très difficiles racontés dans un style sobre et précis qui m'a beaucoup touché...et dire que tout cela est très proche de nous, ne l'oublions pas....

Une auteure dont je vais m'empresser de lire son précédent roman sur le siège de Sarajevo et que je vous conseille vivement.


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