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The knick | les debuts laborieux de la medecine

Publié le 25 août 2014 par Acrossthedays @AcrossTheDays

D’un côté Dieu, de l’autre, la médecine. Parce qu’avant tout, le médecin c’est l’homme qui défie la religion et se présente lui-même en tant que divinité. Pendant longtemps on a réprimé les hommes qui osaient prétendre qu’il existait d’autres alternatives à la volonté et au model imposé par le christianisme jusqu’au moment où Nietzsche déclara « Dieu est mort ». Ces siècles de répression se sont avérés pernicieux pour la science et plus particulièrement la médecine, discipline innovante,  à l’aube du XXème siècle. À l’époque de l’auto-diagnostique sur Doctissimo, il est difficile pour une génération qui s’est nourrie pendant près d’une décennie de Dr. House de s’imaginer à quoi la médecine moderne et tout juste affranchie de Dieu ressemblait. Steven Soderbergh vous emmène en salle d’opération avec Clive Owen et ses belles chaussures afin de vous faire partager sa vision.

the knick cinemax poster THE KNICK | LES DEBUTS LABORIEUX DE LA MEDECINE

  • Pas de manichéisme au Knickerblocker

The Kinck, la nouvelle série tout juste lancée par Cinemax, met en scène le Docteur Thackery (Clive Owen) et son équipe médicale au Knickerblocker Hospital au cœur de New York. On se rend compte assez rapidement des problèmes extérieurs auxquels nos personnages vont se heurter en cette période des débuts de la médecine moderne : un taux de mortalité élevé, une faible espérance de vie, un manque de moyens et de technique en salle opératoire, pauvreté et corruption dans le milieu. Comme si cela ne suffisait pas, notre équipe médicale se trouve influencée par les idéaux régressifs de l’époque. On pense notamment au machisme grossier et racisme non-caché de la part de toute l’équipe dès lors que le jeune Docteur Edwards (Andre Holland) fait son entrée au Knick’. Après tout, racisme et ségrégationnisme sont des thèmes omniprésents dans la télévision américaine (Mad Men, Boardwalk Empire ou encore The Wire). La cerise sur le gâteau, c’est la secrète addiction à l’opium et à la cocaïne du Dr. Thackery qui pourrait sérieusement entacher sa réputation si révélée. Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’on entend parler de médecins fricotant avec la drogue, que ce soit sur écran ou dans la réalité, hein Sigmund ? On a donc, a priori, tous les éléments nécessaires à un échec réunis dans le même panier, et c’est sans compter sur le scepticisme populaire qui entoure la médecine. Et pourtant, le Dr. Thackery mène son équipe avec une poigne de fer à l’aide d’un code déontologique qui lui est propre et vise à faire avancer la discipline : « la faiblesse et l’apitoiement sur soi-même n’ont pas leur place dans ma salle d’opération ».

the knick cinemax THE KNICK | LES DEBUTS LABORIEUX DE LA MEDECINE

  • Échec, trash et innovation:

On se retrouve plongé dans la salle d’opération avec les chirurgiens. La procédure commence dès lors que le Dr. Christensen, auquel Thackery est assistant, plonge sa barbe dans un liquide stérilisant, nous faisant sourire et montrant d’entrée de jeu les manques de moyens évoqués précédemment. Faute de moyens entraîne conséquemment limitation du temps et rapidité d’exécution. Les patients sont opérés de la même manière qu’ils le seraient aujourd’hui puisqu’il s’agit d’une médecine moderne, la seule différence c’est la marge d’erreur : l’intervention doit être méticuleuse, rapide et efficace. La «salle»  n’est pas aseptisée mais est en fait une sorte de théâtre, où sont expliqués par le praticien chaque fait et geste faisant partie de la procédure à une audience de médecins dans les gradins. Les opérations, qui de nos jours semblent bénignes et anodines, sont risquées et peuvent entraîner la mort du patient. Du côté visuel, les fans de gore seront ravis, tandis que les âmes sensibles n’y perdront rien à s’abstenir. On se demande par moments si on est vraiment en salle d’opération ou dans une arène de gladiateurs tant le sang coule et le «spectacle» est mis en scène dans un amphithéâtre qu’on appelle en fait «cirque» (circus). La procédure n’est jamais à l’abri de prendre une tournure tragique, parce qu’en fin de compte, la pratique est limitée. On commence alors à douter : la médecine n’est-elle pas futile si elle ne soigne pas ? N’était-ce pas on ne peut plus prétentieux à l’époque de vouloir lutter contre le dessein de Dieu ? Comment après tant d’échecs, la discipline a-t-elle pu évoluer en ce qu’elle est aujourd’hui ? Le seul moyen de faire face aux dits échecs et d’évacuer cette frustration constante et cette responsabilité réside soit dans le tragique, soit dans la blague. À l’image du destin du Dr. Christensen ou bien ce passage où le Dr. Thackery propose un processus d’anesthésie qu’il a déjà effectué sur un Labrador-Retriever et qui risque de paralyser un patient avant de déclarer : « il ne se passe pas un jour sans que ce chien ne me manque ».

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En tant que discipline nouvelle, la médecine de fin du XIXème siècle se retrouve donc limitée et se doit d’innover et d’expérimenter afin de pouvoir réellement progresser. Comment saura-t-elle s’imposer et montrer au monde qu’elle est une bénédiction plutôt qu’une affliction? Serait-ce donc dans l’acceptation de l’échec et la capacité à innover ? C’est du moins l’idée qu’on nous donne tout à la fin de l’épisode pilote. En tout cas, on a hâte de découvrir avec vous la suite des aventures du Dr. Thackery au Knickerblocker.  


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