Je quitterai
le blanc sommet enneigé
qui réchauffait d’un sourire nu
mon infini isolement.
Je secouerai de mes épaules
la cendre dorée des astres
comme les moineaux
secouent la neige
de leurs ailes.
Ainsi un homme, simple et intègre
ainsi tout joyeux et innocent
je passerai
sous les acacias en fleurs
de tes caresses
et j’irai becqueter
la vitre rayonnante du printemps.
Je serai l’enfant doux
qui sourit aux choses
et à lui-même
sans réticence ni réserve.
Comme si je n’avais pas connu
les fronts mornes
des crépuscules de l’hiver
les ampoules des maisons vides
et les passants solitaires
sous la lune
d’Août.
***
Yannis Ritsos (Monemvasia, Grèce 1909 – Athènes 1990) – Symphonie du printemps (1938) – Traduit du grec par Anne Personnaz