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[Critique] 22 JUMP STREET

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] 22 JUMP STREET

Titre original : 22 Jump Street

Note:

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Origine : États-Unis
Réalisateurs : Phil Lord, Chris Miller
Distribution : Jonah Hill, Channing Tatum, Peter Stormare, Ice Cube, Amber Stevens, Wyatt Russell, Nick Offerman, Jillian Bell, Rob Riggle, Dave Franco…
Genre : Comédie/Action/Adaptation/Suite
Date de sortie : 27 août 2014

Le Pitch
:
Remarqués après avoir mis un terme à un important trafic de drogue au lycée lors de leur première mission, les deux policiers Schmidt et Jenko doivent à nouveau s’infiltrer, afin de démanteler un réseau de trafiquants. Cette fois-ci parachutés en pleine université, les deux amis se font alors passer pour des étudiants…

La Critique :
À Hollywood, les suites se doivent de faire plus fort et plus grand. Elles doivent rapporter plus d’argent, péter les scores, accrocher le public et renouveler l’intérêt. À Hollywood, on prend les suites très au sérieux. Même si au fond, les suites surpassant l’original sont aussi rares que les pépites d’or grosses comme le poing qui rendirent fous de nombreux chercheurs du Klondike.
Boum ! 22 Jump Street, avec son titre improbable et son pitch calqué sur son prédécesseur, fait partie de ces séquelles qui parviennent à surpasser le modèle. Plus grand, plus fort, plus drôle, 22 Jump Street fait mieux que 21 à tous les niveaux, en toute simplicité, dans l’outrance, le bruit et la fureur !

En ce moment, Phil Lord et Chris Miller, les deux réalisateurs responsables de ce brillant coup d’éclat, multiplient les tours de force. En 2014, quoi qu’il arrive, ils auront livré deux excellents films, à savoir La Grande Aventure Lego et 22 Jump Street, et affirmé un talent évident pour illustrer un jusqu’au-boutisme jubilatoire et un humour référentiel tout aussi savoureux. Leur truc ? Pousser tous les potards dans le rouge. En faire des tonnes, ne jamais appuyer sur la pédale de frein et orchestrer le chaos avec une insolence rare, doublée d’une violente maîtrise, souvent franchement incroyable.
La recette du premier volet est donc ici poussée dans ses derniers retranchements. Miller et Lord crèvent l’écran, perforent les lignes ennemis, et imposent une vision, une vraie. Le tout en admettant à l’avance tout ce que l’on pourra leur reprocher. Oui, les suites sont opportunistes, oui l’idée d’adapter la série 21 Jump Street au cinéma pouvait paraître débile et purement mercantile, et oui, les suites sont bel et bien le plus souvent de purs prétextes pour engranger encore plus de blé.
Faute avouée à demi-pardonnée ? Plus que ça ! Ici, c’est carrément faute avouée complètement pardonnée ! En n’omettant rien de la nature du projet, les deux cinéastes tirent leur long-métrage vers le haut en permanence, et lui confèrent du même coup une authentique crédibilité.

La manœuvre est aussi simple que quasi révolutionnaire : tout reconnaître et ne pas éviter les clichés et les pièges. L’histoire est la même. La fac remplace juste le lycée. Schmidt et Jenko doivent faire tomber un réseau de trafiquants et la suite passe par les mêmes portes que l’original, tout en prenant soin de les pulvériser au passage. Beaucoup plus drôle, encore plus décomplexé, 22 est un peu à l’image de cette inévitable scène de trip, durant laquelle les deux héros prennent la drogue qu’ils cherchent à éliminer du circuit étudiant. En résulte une scène faisant clairement du pied à son homologue dans 21, mais qui prend soin d’aller plus loin, et de faire plus fort. La scène est hilarante et inventive. Comme le film dans son ensemble. Chaque fois que le long-métrage fait du pied à son prédécesseur, c’est pour mieux sublimer le concept. Faire exploser le potentiel des idées. Dans les rires, les explosions, les bastons et les répliques. Mêmes les références sont ici plus fines, encore plus jouissives et pertinentes. À 300 km/h, 22 Jump Street ne fait jamais du sur-place. Il défouraille à tout va, piloté par deux comédiens aussi bien rodés que complémentaires.
Les deux forces vives du projet évoluent elles aussi en terrain connu. Channing Tatum est parfait, tout comme Jonah Hill. Leur duo fonctionne à plein régime et encore une fois, en prenant soin de pousser les choses beaucoup plus loin, sans se cacher de respecter à lettre une structure scénaristique attendue. Bromance d’action nourrie d’un esprit de sale gosse en roue libre, le film se paye également le luxe d’offrir une vision très actuelle de la vie étudiante, un peu comme le récent et lui aussi très efficace Nos Pires Voisins. Certes débiles (et c’est bien), 22 Jump Street n’en reste pas moins connecté avec son époque, ses préoccupations et ses références. Peut-être encore mieux que la série dont il s’inspire, le métrage tire pleinement partie de son postulat de base, sans se priver d’extirper la moelle comique des éternels paradoxes propres aux fictions estudiantines, dans lesquelles des acteurs trentenaires incarnent souvent des gars de 19 ans.

Mieux que la plupart des adaptations cinématographiques de séries télé (Starsky & Hutch par exemple), 22 Jump Street sublime son code génétique en le boostant jusqu’à l’extrême limite. Quitte à prendre quelques pauses rendant le tout un peu trop long. Rien de dommageable cependant tant le film conserve une intégrité rare.
D’une générosité folle, il offre un spectacle permanent et fourmille de détails qui appellent de multiples visions. Porté par deux acteurs en état de grâce, il peut aussi compter sur une foule de seconds couteaux au taquet, à commencer par Ice Cube. Formidable, en particulier durant une séquence amenée à rester dans les annales de la comédie américaine, le rappeur est génial. Tout bonnement raccord avec les intentions du scénario et des réalisateurs. Et on ne parle même pas de Rob Riggle, de Nick Offerman ou encore de la sublime Amber Stevens, en passant par Wyatt Russell (le fil de Kurt).

En apparence foutraque, ce film est au final un modèle du genre. Il prend à revers, n’est jamais cynique, manie l’ironie avec un brio rare, et réinvente un genre pourtant usé jusqu’à la corde. De la première à la dernière scène. Jusqu’à cet incroyable générique de fin, qu’il serait insensé de louper tant il s’avère véritablement excellent.
Le verdict est sans appel concernant les nouvelles aventures de Schmidt et Jenko : film de potes inspiré, policier plein de suspense et comédie irrésistible, 22 Jump Street est sans aucun doute l’une des comédies de l’année.

@ Gilles Rolland

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Crédits photos : Sony Pictures Releasing France

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