Citoyen ! Un article paru ce matin dans Followthemedia de Philipp M. Stone donne du grain à moudre au débat audience / perte de lectorat des journaux “historiques” / baisse des revenus issus de la publicité et nouveau journalisme. Ils en parlent ici, ici, là ou encore là.
L’article part du principe que nombre d’annonces classées sont désormais passées sur la toile, où le coût est largement moins prohibitif pour diffuser leurs messages. Donc les annonceurs s’en sont allés des tirages qui tâchent les doigts dans le métro…
Alors comment les journaux traditionnels peuvent-ils capter de nouveau un certain lectorat, et la publicité qui va avec ? Lee Abrams, légende des ondes radio aux Etats-Unis donne quelques tuyaux dont :
- faire en sorte de mettre en adéquation la cible du journal et son contenu. Pour lui, de nombreux titres ont comme business model une cible inexacte avec les articles qu’ils diffusent. En clair, il ne suffit pas de se dire “être jeune” pour être effectivement jeune, par exemple.
- savoir se mettre en valeur : de nombreux titres locaux affichent une certaine retenue ou pudeur quand ils dénichent un scoop ou une information exclusive. Le lecteur a besoin de savoir au milieu du bruit qu’il y a une seule information à retenir.
- donner des rendez-vous visuels dans les colonnes des journaux d’un jour à l’autre : par exemple poser une question à la page 2, rubrique culture, et donner la réponse le jour après, même lieu, même heure ! TV Mag utilisait bien des mots fléchés dont les réponses étaient délivrées la semaine suivante. Pourquoi cette astuce ne marcherait pas dans un quotidien ?
Je retiendrai aussi un point qui est apparu lors d’une discussion informelle avec G. et quelques autres journalistes : on a sur le web une certaine audace dans les formats des bannières, des espaces publicitaires, des moyens d’ “activer” les lecteurs vers un objectif précis. Attention, on ne parle pas ici de manipulation mais bien de trouver la meilleure façon de s’adresser avec un message à quelqu’un prêt à recevoir ce message…Or on se rend compte que peut-être il manque un peu de fraicheur ou d’enthousiasme dans les colonnes des médias papiers.
La seule opération qui m’avait paru original récemment avait été Le Parisien qui pour la Saint Valentin avait fait livrer par de charmantes hôtesses (imaginez ce mot avec l’accent du Sud :p) un numéro spécial au pieds de certains immeubles “stratégiques” avec une rose et des bonbons…Mais là on n’était que sur une sorte de one shot, en dehors du contenu lui-même : pourquoi ne pas rendre le support plus interactif, plus en dialogue avec son lecteur, plus impliquant ? Dans Libé, une des rubriques phare, en étant un peu provoc, n’est-elle pas “Entre nous” où des messages mystérieux attirent l’attention ? C’est pourtant ce type de petit moment qui donne son sentiment à un titre, non ?
Peut-être que certains s’offusqueront, clamant que le journalisme va au-delà de simples considérations marketing (Argh, Satan !). Pourtant y a-t-il vraiment incompatibilité entre intelligence de la transmission du message et articles de fond ?
Ah ! au fait : Les Cahiers du Cinéma sont en phase d’être cédés par le groupe Le Monde. Que reste-t-il de la nouvelle vague ?