ROYAUME-UNI -1941
Editions Le Livre de Poche
Voici un été passé en compagnie des classiques anglais.
J'ai commencé par Daphné du Maurier (1907-1989) connue pour avoir fait renaître le roman gothique à partir des années 30, auteur des célébrissimes Oiseaux et Rebecca immortalisés par le maître Hitchcock.
L'auberge de la Jamaïque a d'ailleurs été également mis en scène par le maître de l'épouvante mais est moins connu.
Nous retrouvons dans cet opus les landes désolées et venteuses des Cornouailles anglaises, une jeune héroïne qui n'a pas froid aux yeux et qui défient les hommes, et une vieille bâtisse décrépite qui donne sa consonance gothique à l'ouvrage.
Mary Yellan est une jeune orpheline qui vient de perdre sa mère. Cette dernière, avant sa mort, lui avait juré de contacter sa tante pour l'héberger. Elle quitte avec les bocages anglais verdoyants pour les tristes landes. Sa tante est mariée avec Joss, un étrange aubergiste alcoolique qui s'adonne à des activités illicites la nuit venue. Mary retrouve sa tante qui n'est plus que le fantôme d'elle-même, marionnette au main de l'affreux Joss. Quant à l'auberge décrépite, elle n'est plus auberge que par son nom. Les villageois et et voyageurs l'ont désertée depuis longtemps.
Mary est bien décidée à découvrir ce que manigance son oncle la nuit venue....D'autres personnages masculins vont apparaître au fur et à mesure : Jem, le frère de Joss, ultime rejeton d'une famille maudite, et le vicaire Davey, personnage compatissant et torturé....
C'est magnifiquement suranné mais on se laisse vite absorber par cette atmosphère romantique et ce personnage féminin fort.
Sans oublier la qualité du récit qui nous réserve quelques surprises quant à la véritable nature des personnages...
Lorsqu'elle décrit les naufrages au large des Cornouailles et tous les malfrats qui règnent autour, Du Maurier n'est pas sans rappeler par la thématique le grand Hugo.
Evidemment, c'est rempli de clichés (la femme romanesque forte qui finira par trouver l'amour...) mais les personnages ne sont par pour autant traités avec manichéisme : les aubergistes trafiquants cachent bien leurs faiblesses et les réputées blanches colombes ne le sont peut être pas totalement.
Et n'oublions pas ces magnifiques clairs-obscurs où les activités secrètes se déroulent la
nuit à la lueur de la bougie. On aperçoit des silhouettes, on perçoit des frôlements, on entend des bruits inconnus. Une belle atmosphère fantômatique !