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Winter Sleep, la palme d’or 2014. Notre avis.

Publié le 09 septembre 2014 par Tempscritiques @tournezcoupez

Palme d’or à Cannes, Winter Sleep, le dernier film de Nuri Bilge Ceylan, cinéaste turc particulièrement acclamé par la critique mondiale, est sorti courant du mois d’août. Une merveille cinématographique de plus de trois heures !

WinterSleep

Tordons d’entrée de jeu le cou à une idée reçue qui a la peau dure. Les 3h16 de Winter Sleep ne laissent aucune place à l’ennui ou ni au soupçon d’une légère somnolence. Ceylan est probablement arrivé à l’aboutissement d’une œuvre déjà dense et magistrale. La virtuosité si impressionnante du metteur en scène dans ses précédents films est perceptible de façon plus pudique, plus subtile et d’une certaine façon plus touchante ici. Les nombreuses scènes de dialogue sont filmées dans de sobres champs/contre-champs, isolant chaque personnage dans son monde intérieur et laissant au spectateur le loisir de s’émerveiller devant la beauté des dialogues et la splendeur des décors et de l’éclairage.L’épure a pu guider le cinéaste et son chef opérateur dans l’élaboration de l’oeuvre, et les sublimes paysages (de Cappadoce) sont une nouvelle fois sublimés par une mise en scène époustouflante et une photographie vertigineuse.

WinterSleep2

Le scénario écrit par Ceylan et sa femme Ebru soulève de nombreuses pistes de réflexion, qui se trouvent en définitve liées de façon cohérente. Winter Sleep se constitue de plusieurs strates : psychologique, morale et politique. En suivant un comédien à la retraite, tenancier d’un hôtel perdu dans les plaines de la campagne turque, le film pose un merveilleux regard sur les rapports des classes, ainsi que sur la difficulté de faire couple. Il se présente par ailleurs comme une subtile fable sur l’art, et les désillusions de la vie d’un homme. Winter Sleep est parallèlement un film basé sur l’analyse des émotions, telles que l’orgueil, les blessures intimes et leurs conséquences sur la construction d’un être. La profondeur métaphysique de ce qui est exposé dans le film, portée par l’incroyable prestation des comédiens, ne pourra que marquer le spectateur au fer rouge.

En apparence complexe, cette nouvelle oeuvre du cinéaste turc s’avère en réalité peut-être la plus accessible dans sa filmographie. Le public ne s’y trompe pas : plus de 180 000 personnes se sont déjà rendues en salle et son enthousiasme est aussi enjoué que celui de la critique, chose assez rare pour être remarquée. Si l’expression est à manipuler avec précaution, nous l’employons ici sans détour, Winter Sleep n’est autre qu’un chef d’œuvre.

WinterSleep Poster


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