Magazine Culture
Tu ne sauras jamais qui je suis dit l’enfant je passe mon chemin je vais vers les prairies lointaines, où l’herbe chante à minuit près des saules qui pleurent car c’est ainsi que s’ouvre à mon cœur la musique fidèle et que le monde enfin commence à vivre et que je commence à mourir tu ne me verras pas vieillir ni ne reconnaîtras mon ombre adossée au talus là où le sentier noir se perd dans un fouillis d’épines et les étoiles des compagnons blancs Tu as beau regarder sans cesse derrière toi comme si tu craignais l’orage et que tu te hâtais poursuivi par l’éclair jamais tu ne surprendras mon sourire tendrement cruel comme celui d’un tueur triste Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle