Le Japon a envahie la Chine, nous sommes en 1937. Nankin est alors la capitale de la Chine. Les Japonais sont aux portes de la ville. La confusion règne, certains veulent se rendre, d’autres combattre. Une partie seulement des troupes et de la population a pu être évacué. Les chars japonais détruisent les remparts et les fantassins envahissent la ville avec pour mot d’ordre : « pas de prisonniers ! ».
Ce film de guerre nous plonge au cœur des évènements en suivant un jeune officier japonais prenant part aux massacres et observant avec effroi ce qui se produit, nous accompagnons aussi le secrétaire d’un diplomate nazi et sa famille tenter de sauver leur peau et celle de civils, le sort des femmes violées (plus de 20 000) et très souvent tuées. Les points de vu sont multiples et parmi la mort omniprésente, la mise en scène audacieuse préserve des lueurs d’espoir : il faudra bien que ce massacre prenne fin. Pourtant, aucun refuge n’est sûr, ni église, ni ambassade diplomatique, notamment celle de l’Allemagne alors alliée du Japon.
Œuvre audacieuse et magistrale, ce film restitue l’horreur de la guerre, le Noir & Blanc permet de garder une distance et une certaine solennité. Pourtant rien n’est épargné : viols de masse, exécutions sommaires et collectives, meurtre d’enfants… Ambiance apocalyptique garantie et réflexions sur les mœurs guerrières qui animent les hommes assurées ! Et pourtant la réalisation évite la complaisance pour le spectacle de la violence qui n’est nullement magnifiée.
C’est un des épisodes les plus douloureux entre la Chine et le Japon, le massacre de Nankin qui a fait entre 200 000 et 300 000 victimes, n’en finit pas de rejaillir sur les relations entre les deux pays. Au Japon, un courant révisionniste essaie de gommer cette partie de l’histoire du pays. En Chine après la chape maoïste, le régime de Pékin a ravivé le souvenir de cet épisode. C’est dans ce contexte politique que Lu Chuan a réalisé son film qui se veut à la fois une tentative d’apaisement et une œuvre mémorielle indispensable.
Le coffret du DVD propose aussi en bonus, un documentaire : Nankin, la mémoire et l’oubli de Michaël Prazan. Ce documentaire évoque notamment le sort de Xia Shuquin, rescapée du massacre et attaquée par la justice japonaise pour avoir dénoncé le révisionnisme. Son histoire est contée dans une bande dessinée de Nicolas Meylaender et Zong Kai : Nankin.
Bande annonce
City of Life and Death
Réalisation Lu Chuan, avec Liu Ye, Gao Yuanyuan, Hideo Nakaizumi, Fan Wei, Jiang Yiyan, Ryu Kohata, Liu Bin, Yuko Miyamoto ; Chine, Hong-Kong, 2009.