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La sélection de la semaine : Mort au tsar, Le chant du cygne, Au coin d’une ride, Ratafia, Le maître des livres, Le talisman des Midolcans, Koba, Gemma Bovery, Le jardin de Mimi, Pascal Brutal, Nekojima, La DS, Le sermon du Tengu sur les arts martiaux ...

Par Casedepart @_NicolasAlbert

mort-au-tsar-ils-vont-a-la-mort-faute-d-avoir-de-quoi-survivre Pour ce deuxième samedi du mois de septembre, Case Départ vous ouvre sa bibliothèque remplie de bandes dessinées. Parmi les albums passés au crible, il y a quelques perles : Mort au tsar : un formidable album sur le décès du gouverneur de Moscou en 1905 de Fabien Nury et Thierry Robin, le magnifique premier tome du diptyque Le chant du cygne qui met en scène un fait historique réel : la pétition de la Côte 108, Au coin d’une ride : un récit sensible et formidable sur la maladie d’Alzheimer dans un couple homosexuel, la septième aventure des pirates du Kouklamou : Ratafia, les deux premiers volumes du manga sur la littérature : Le maître des livres, Le premier opus de la série jeunesse fantastique signé Jean-Blaise Djian : Le talisman des Midolcans, Koba : un album teinté de fantastique sur le personnage de Staline, la réédition du roman graphique de Posy Simmonds : Gemma Bovery, Le jardin de Mimi : un recueil d’histoires de Yoon-Sun Park, le nouveau tome des aventures viriles de Pascal Brutal, Nekojima, l’île des chats : un manga pour enfants, La DS : le premier volume de la nouvelle série Soleil : Voitures de légende, l’adaptation en manga du Sermon du Tengu sur les arts martiaux et un album pour adultes : Jungle fever. Bonnes lectures.

Mort au tsar

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Après le formidable La mort de Staline, Fabien Nury et Thierry Robin reviennent avec une nouvelle série Mort au tsar. Ce diptyque raconte la fin tragique du gouverneur de Moscou au début du 20e siècle.

Moscou, 17 septembre 1904. Au bord de l’émeute à cause d’une menace de famine, toute la ville se tient sous les balcons de Sergueï Alexandrovitch. Hostile, la foule lui jette des légumes pourris. C’est à ce moment-là que le grand-duc lâche son mouchoir blanc, signal de la répression. Ses soldats armés tirent sur  la masse compacte. Bilan : 47 morts dont 32 hommes, 12 femmes et 3 enfants, ainsi que des centaines de blessés.

Alors que le signal était un mouvement de poignet, l’incompréhension engendre un bain de sang. Dépité et bouleversé par cette issue tragique, le souverain se rend dans le dispensaire pour voir de ses yeux les dégâts et s’excuser.

Quelques temps après, il reçoit un télégramme officiel de son neveu, le tsar Nicolas II qui le félicite d’avoir réprimé l’émeute de « ces scélérats ». Pourtant ce message ne le réconforte guère, il le sait, il va mourir; ses jours sont comptés. D’ailleurs, toute la ville parle de lui comme s’il était déjà mort. Il échappe à un premier attentat dans les rues de Moscou : une bombe lancée sur son cortège l’épargne mais pas le colonel Iachwill.

A la suite de cet événement, de nouvelles mesures sont prises pour assurer sa sécurité : des horaires irréguliers lorsqu’il se rend au Kremlin, deux gardes du corps supplémentaires, ainsi que des policiers en civil qui seront mêlés à la foule lors des trajets. Dans le même temps, l’Okhrana (police secrète du tsar) et la police mèneront l’enquête et infiltreront les milieux révolutionnaires.

Il commence à se rendre compte que sa mort est inéluctable. Maintenant son seul souhait est de protéger sa famille, sa femme et Ziza, sa fille. A table, cette dernière lui demandera naïvement : « Est-ce que vous allez mourir, père ? ». Tout le monde s’attend dans les jours prochains à cette fin funeste. Ses journées sont rythmées par la lecture de centaines de lettres de menace, de compassion, d’histoires d’hommes et de femmes blessés dans leur chaire et leur âme…

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Pour cette histoire, le lecteur connaît déjà la fin, c’est-à-dire la mort du Grand-duc ; mais cela importe peu. Ce qui est l’essence même de Mort au tsar c’est de détailler sa vie jusqu’à ce moment tragique, le chemin qui mène jusqu’à lui. Cette chronique d’une mort annoncée, Fabien Nury l’a nourri de ses lectures successives : Le gouverneur de Léonid Andreïev et Le cheval blême de Boris Savinkov. En effet, ce destin funeste fut relaté dans de nombreux ouvrages dont Sous les yeux de l’Occident de Joseph Conrad ou Les justes d’Albert Camus. Sombre et cruel, le récit très documenté du scénariste de Tyler Cross (avec Brunö, Dargaud) est formidable, entre tragédie et absurdité de la situation. Ubuesque, la vie de Sergueï Alexandrivitch après l’attentat est magnifiquement racontée, avec parfois cette dose de cynisme et d’humour noir. Cet homme, qui s’attire les foudres de ses citoyens, ne laisse rien transparaître dans un premier temps, puis veut se racheter et enfin comprend qu’il ne pourra rien contre sa destiné etenfin se détache petit à petit de sa fonction. C’est le combat d’un homme seul contre une foule omniprésente et déterminée. C’est aussi la fin de l’aristocratie russe dont le lecteur est témoin ; la transition de cette caste surpuissante et dominatrice au début du communisme de Lénine, en 1917.

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La partie graphique est à la hauteur de cet excellent scénario. Le trait de Thierry Robin est clair, lisible et très limpide. Le talentueux dessinateur semble assez libre dans la composition de ses planches, grâce à un découpage et des cadrages audacieux et pertinents. Les couleurs de Claire Champion servent admirablement le dessin de l’auteur de Rouge de Chine (Delcourt).

Mort au tsar : un formidable début d’histoire porté par un très grand scénario de Fabien Nury et un excellent travail graphique de Thierry Robin. On attend avec une grande impatience la fin de ce récit dans le second tome et le sort funeste de cet homme seul face à son destin. Remarquable ! L’une des belles réalisations de cette rentrée bande dessinée !

  • Mort au tsar, tome 1 : Le gouverneur
  • Auteurs : Fabien Nury et Thierry Robin
  • Editeur: Dargaud
  • Prix: 13.99€
  • Sortie: 22 août 2014

Le chant du cygne

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A la fin de la Première Guerre Mondiale, un groupe de mutins essaie de faire parvenir une pétition à l’Assemblée Nationale, afin d’arrêter les massacres injustes. Cette histoire fondée sur un fait réel est proposée dans la très belle collection Signé de la maison d’édition Le Lombard. Le chant du cygne, est scénarisé par Xavier Dorison et Emmanuel Herzet, et mis en image par Cédric Babouche. Une très bel album.

Chemin des Dames, 1917. Dans les tranchées, la guerre fait rage et une compagnie se tient prêt à repartir au front pour la douzième fois. Les hommes, Le Boeuf, La Tiff, Larzac ou la Science, sous les ordres du lieutenant Katzinski et du sergent Sabiane sortent et le carnage commence : les morts et les blessés s’accumulent autour d’eux. Les supérieurs sont inflexibles tandis qu’eux sont épuisés et surtout sont exaspérés par des décisions qu’ils ne comprennent plus.

Après avoir enterrés leurs camarades tombés sous les balles allemandes et alors qu’ils croisent un autre escadron, l’un des hommes leur transmet une liasse de documents : la fameuse pétition de la Côte 108. Incrédules, ils étaient persuadés que c’était une légende.

Charles Rombelle, un soldat avait découvert les plans d’une future attaque que les supérieurs avait promis aux politiques comme celle du siècle. Alors qu’il avait tenté d’alerter son capitaine, la bataille a quand même lieu et l’homme est exécuté. En mémoire de son camarade frondeur, le soldat Morin lance cette pétition, qui compte déjà 3000 signatures et qui se transmet sous le manteau entre bataillons. Le document dénonce les exactions du Général Nivelle coupable d’envoyer des milliers de soldats à l’abattoir. La pétition doit alors arriver à l’Assemblée Nationale afin d’alerter les hommes politiques de la situation.

Rétif au début par peur du peloton d’exécution, le sergent Sabiane décide de cacher la pétition et de la faire circuler. Le lendemain, le colonel du régiment se présente à ses hommes afin de récupérer la liasse, en contre-partie d’une permission de 3 semaines. L’un des hommes lui redonne mais le supérieur militaire ne tient pas sa promesse, il les envoie sur un autre lieu de bataille. Le sergent accompagné de Katzinski et des soldats désertent et se lance à la poursuite du colonel et de la pétition…

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Dans le flot des albums traitant de la Premier Guerre Mondiale, centenaire oblige, Le chant du cygne tient une place à part, du fait de sa thématique jusque là peu abordée : les mutineries de 1917. Si la France a tardé à rendre hommage à ses soldats (en 1998, par le premier ministre Lionel Jospin), qui par leur courage ont voulu démontré toute l’horreur et l’inutilité de la guerre, Xavier Dorison et Emmanuel Herzet ont voulu les mettre en lumière, par un fait historique réel : la pétition de la Côte 108. La base est donc vraie et ils s’amusent à mettre en forme cette histoire par une excellente fiction. En donnant corps par de simples soldats, ils rendent hommage à ces héros anonymes. Entre Le Boeuf, La Tiff, Larzac ou la Science, mais aussi Sabiane ou encore Katzinski, tous deux se rangeant à leurs côtés, ils offrent à leurs personnages un caractère fort qui leur confère encore plus de poids. Tout au long de ce premier album du diptyque, les scènes d’action sont spectaculaires (dans les tranchées) mais aussi les nombreux rebondissements qui rythment parfaitement le récit et happent le lecteur.

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Ce récit très original et extrêmement bien écrit, est magnifiquement mis en image par Cédric Babouche. Pour son premier album de bande dessinée, le professeur de dessin et réalisateur de films d’animation (La routine, Imago…) réussit parfaitement son essai. L’excellent qualité de son trait permet de produire des planches sublimes à l’aquarelle (voir la vidéo ci-dessous). Les personnages sont influencés par les mangas, l’animation et les albums européens.

Le chant du cygne : un premier album, très documenté, à la thématique originale, porté par un beau scénario et un dessin magnifique. Spectaculaire !

  • Le chant du cygne, tome 1/2 : Déjà morts demain
  • Auteurs : Xavier Dorison, Emmanuel Herzet et Cédric Babouche
  • Editeur: Le Lombard, collection  Signé
  • Prix: 14.99€
  • Sortie: 29 août 2014
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Au coin d’une ride

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Les éditions Des ronds dans l’o publient Au coin d’une ride, un sublime album signé Thibaut Lambert et dont les thème centraux sont la maladie d’Alzheimer dans un couple d’homosexuel et la délicate question de la prise en charge dans un établissement médicalisé.

Dans une petite ville de province, Eric et Georges arrivent dans une maison médicale spécialisée dans la maladie d’Alzheimer. Les deux hommes, depuis longtemps en couple, éprouvent les plus grandes difficultés à se séparer. D’ailleurs Georges ne veut pas descendre de la voiture, reprochant à son compagnon de l’abandonner. Aux premières loges, trois femmes âgées regardent la scène avec cynisme, lorsqu’arrivent des infirmiers pour aider Eric. Elles sont persuadées qu’ils sont père et fils.

Malgré un caractère affirmé, le vieil homme descend, découvre les lieux et sa chambre qu’il partagera désormais avec André, un homme mutique. Il défait sa valise remplie de canettes de bière, sa seule véritable compagnie.

De son côté, Eric est reçu par le directeur de l’établissement, qui lui conseille de garder sa relation avec le nouvel arrivant sous silence. Il pense que les anciens seront perturbés par cette nouvelle. Maugréant, il accepte pour le bien-être de son compagnon.

La première nuit est difficile pour les deux hommes : Georges ouvre canette sur canette, tandis qu’Eric se sent seul et n’arrive pas à dormir.

Le lendemain, le nouveau résident est en pleine forme, heureux de retrouver l’amour de sa vie mais, comme décidé le jour d’avant, celui-ci ne montre aucun signe de tendresse. C’est le début d’une grande tension entre eux…

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Thibaut Lambert livre aux lecteurs un récit magnifique de tendresse, d’humanité et plein d’amour. Après le sublime Ceux qui me restent (Damien Marie et Laurent Bonneau, Grand Angle), voici le deuxième album abordant un thème délicat : la maladie d’Alzheimer. Si le premier traitait des relations père-fille, celui-ci s’attarde sur les relations dans un couple, mais pas n’importe lequel, celui de deux hommes, ensemble depuis de nombreuses années. L’auteur, qui vit à Saint-Pierre d’Oléron, avait déjà travaillé sur cette thématique dans un ouvrage précédent, Al Zimmer (éditions Coccinelle avec La ligue Alzheimer) qui mettait en scène la maladie et l’enfance. Un dossier qu’il maîtrise donc très bien et cela se ressent dans Au coin d’une ride. Il met en lumière des sentiments mêlés et diffus autour de l’abandon (le malade mais aussi celui qui se retrouve seul à la maison), la transmission, la fin d’un couple, l’amour immense de ces deux hommes, les sautes d’humeur du malade, le dévouement du personnel médical et la fragilité de la mémoire. Il dénonce au passage les non-dits sur l’homosexualité et notamment lorsque le directeur demande de taire la relation entre Georges et Eric, pour le bien-être des autres patients, qui seront bien plus intelligents que ce sinistre individu. Cette tranche de vie ne concerne uniquement que l’arrivée dans la maison médicalisée. Thibaut Lambert ne relate ni le passé des deux hommes, ni leur rencontre, ni la découverte de la maladie. On demanderait même avec insistance que l’auteur nous les délivre dans un prochain album, tant celui-ci est très bon.

  • Au coin d’une ride
  • Auteur : Thibaut Lambert
  • Editeur: Des ronds dans l’o
  • Prix: 13€
  • Sortie: 11 septembre 2014

Ratafia,

Un besoin de consolation

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L’équipage déjanté du Kouklamou est heureux, il peut enfin profiter de l’or qu’il a amassé durant les derniers abordages. Tout va pour le mieux, pour Romuald et ses hommes. Pourtant, le navire commence à descendre en dessous de la ligne de flottaison. Pour ce septième tome de la série loufoque Ratafia, Nicolas Pothier et Johan Pilet nous plongent dans les méandres des bibliothèques à la recherche d’un ouvrage unique.

Grâce à l’or amassé depuis quelques temps, le Kouklamou est en fête : les hommes de l’équipage va pouvoir enfin vivre tranquillement jusqu’à 100 vies tant il coule à flot. Dans les cales du navire, ils chantent et s’amusent lorsqu’ils sont interrompus par Chandler qui leur annonce une mauvaise nouvelle : le bateau coule, sous le poids des pièces, il vient de passer sous la ligne de flottaison. Si cela n’a pas l’air d’affoler Romuald ; le jeune homme livrant les mauvaises nouvelles récidive : la bibliothèque du Capitaine prend l’eau et tous ses ouvrages sont mouillés.

Le Capitaine et son amie terminent leurs vacances sur une île déserte et le Kouklamou vient les récupérer. Afin de ne pas éveiller les soupçons du pirate concernant sa bibliothèque, les hommes usent de tous les stratagèmes. Lorsqu’il découvre le carnage, il est furieux.

Au même moment, dans une bibliothèque c’est l’effervescence : Litret vient de découvrir une infraction au règlement. Pour son retard de trois mois, le fautif devra s’acquitter d’une amende. Il n’a pas rendu rendu La consolation, un fameux livre sur le chocolat. Madame Elzévir est heureuse, elle et ses bibliothécaires embarquent sur un navire à la recherche du contrevenant : Le capitaine du Kouklamou ! Si le livre n’est pas restitué, les bibliothécaires pourront saisir l’ensemble des biens de l’emprunteur. Dans ce cas, tout l’or amassé.

Mais le Capitaine n’est plus en possession de l’objet, il part donc à la recherche d’un exemplaire chez un libraire pour en racheter un. Mais sur l’île de Shfal, le libraire a fermé boutique. L’équipage sillonne sans succès les autres lieux pour cet achat si important. Pourtant, à chaque fois, point d’ouvrage recherché…

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Après Fitzcarraldies, le précédent tome très réussi, Nicolas Pothier récidive. Il livre un récit complètement fou et décalé. Sur fond de littérature, le scénariste de Junk (Treize Etrange) dénonce la folie des bibliothécaires et des amendes pour livre non-rendu, les sites de ventes en ligne ou encore les fermetures des librairies de plus en plus nombreuses. Et ce toujours de manière humoristique. Les personnages sont toujours aussi amusants, les situations absurdes des plus cocasses et les dialogues savoureux. A cela, on ajoute des jeux de mots à foison souvent potaches et dignes de Goscinny et on obtient un livre très drôle. D’ailleurs, Pothier peut même trouver un bon mot et ensuite décrire une scène pour la mettre en valeur (comme pour : faire à Shfal ou Petit Shfal). On ne se refait pas et ce pour le plus grand bonheur des lecteurs. L’équipage de pirates est bien mis en image par Johan Pilet grâce à un trait humoristique très efficace. C’est fou et c’est ça qui est bon !

  • Ratafia, tome 7 : Un besoin de consolation
  • Auteurs : Nicolas Pothier et Johan Pilet
  • Editeur: Treize Etrange
  • Prix: 11.50€
  • Sortie: 3 septembre 2014

 Le maître des livres

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Le maître des livres est un manga signé Umiharu Shinohara, publié aux éditions Komikku. Il est un hymne à la littérature, aux œuvres classiques et aux auteurs du monde entier.

Un homme ivre entre dans une bibliothèque privée pour enfants La rose trémière à une heure tardive de la nuit. Surpris par Mikoshiba, l’un des bibliothécaire peu avenant, qui lui demande de sortir parce qu’il sent l’alcool. Ne se démontant pas, il lui réplique qu’il est venu emprunter des livres pour enfants. Puisqu’il lui tient tête, l’homme aux livres lui impose de ranger le Recueil pour enfants de Nankichi Niimi. Avant de l’insérer dans le bon rayonnage, il lit rapidement le premier conte La montre musicale qui fait beaucoup écho à sa propre vie.

Quelques jours plus tard, l’homme revient à La rose trémière en journée. L’ambiance est très différente. Tout d’abord, il y a deux femmes bibliothécaires ainsi que des enfants amassés autour de Mikoshiba qui prend soin de s’occuper de chacun d’eux et c’est pour cela qu’ils l’apprécient énormément. L’homme qui avait pris le Recueil de Nankichi Niimi est rabroué par le bibliothécaire car il a emprunté le livre sans être inscrit. Il lui impose de le faire ainsi que Shôta, un jeune garçon bagarreur, venu emprunter un livre pour un compte-rendu. Par hasard, l’enfant prend L’île au trésor de Stevenson qu’il dévore rapidement. Tellement happé par la lecture, il en délaisse ses anciens amis petits caïds et prend goût aux œuvres littéraires…

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Après Le chef de Nobunaga, les éditions Komikku récidivent dans la publication d’une série de grande qualité : Le maître des livres. Il est à souligner que la ligne éditoriale de Komikku est cohérente, très lisible et les ouvrages qu’elle propose sont souvent excellents. Ce manga pour adultes va bien au-delà du simple divertissement. En effet, le récit de Umiharu Shinohara aborde une belle thématique avec la littérature. La série qui compte 8 volumes au Japon actuellement met en lumière, les bienfaits de la lecture, le travail précieux des bibliothécaires et les grandes œuvres littéraires. L’écrit mais aussi l’objet-livre en lui-même sont mis en avant d’une très belle manière. Cet hymne aux auteurs classiques ressemble même à un plaidoyer amoureux pour les œuvres mondialement célèbres. Le manga est original dans son scénario, notamment à travers Mokoshiba un être froid au premier abord, se révélera comme un très grand professionnel, passeur d’émotions passionné, trouvant toujours le bon livre pour la bonne personne. Pour son lancement fin août, deux tomes sont sortis simultanément.

  • Le maître des livres, volumes 1&2
  • Auteur : Umihara Shinohara
  • Editeur: Komikku
  • Prix: 8.50€ le volume
  • Sortie: 28 août 2014

Le talisman des Midolcans

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Après l’excellent polar Private liberty, les éditions Vagabondages publient leur première série jeunesse Le talisman des Midolcans, dont le scénario est assuré par Jean-Blaise Djian et dessiné conjointement par Sébastien Corbet et Adélaïde Camp.

Paris, 1957. Les époux Tomate ont la charge de leur petite-fille Jeanne, depuis que ses deux parents ont été tués par les malfrats du hold-up de la banque Rue des Abbesses. Leur vie s’écoule paisiblement dans leur maison. Très réservée, la jeune fille de quatorze ans, est une grande lectrice de romans. Après la lecture du Seigneur des Anneaux, livre offert par sa grand-mère, elle a le déclic : elle sera romancière. L’univers d’héroïc fantasy de Tolkien développe grandement son imaginaire.

Pour mettre en œuvre sa nouvelle passion, elle dresse une liste d’objets que sa grand-mère doit lui acheter chez Monsieur Kelinto, le libraire-papetier de la ville. Ce dernier demande à la vieille dame de repasser le lendemain afin de récupérer l’encre qu’il fabrique lui même. L’homme utilise d’ailleurs de drôles d’ingrédients pour cela, comme du venin de serpent. Serait-il une sorte de mage noir ?

Le lendemain, en pleine nuit, les Tomate grimpent dans leur voiture en direction de la maison de campagne pour leurs vacances. A peine arrivée, Jeanne prend possession de la cabane construite par son père dans sa jeunesse. En haut de l’arbre, elle débute l’écriture de son roman : une histoire de chats-pirates aux pouvoirs magiques…

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Habitué aux succès dans l’édition, Jean-Blaise Djian réussit son entrée dans sa nouvelle maison d’édition. L’auteur de la merveilleuse série Les 4 de Baker Street (avec Legrand et Etien, Vents d’Ouest) met en scène une belle histoire autour de la littérature, de l’amour des livres, le tout teinté de fantastique. A travers une encre magique, la petite fille se trouve transportée dans un monde parallèle : un procédé un brin classique mais extrêmement efficace. Les personnages sont attachants : Jeanne, petite fille seule, rêveuse ; les Tomate, couple aimant, ainsi que Monsieur Kelinto, libraire-magicien-sorcier. Malgré la perte de ses parents, l’adolescente semble assez épanouie dans sa nouvelle vie avec ses grands-parents. Pour la partie graphique, deux auteurs se sont partagés le dessin : la vie réelle est mise en page par Sébastien Corbet, arborant un trait tout en rondeur et aux couleurs pastel ; tandis que la partie fantastique est assurée par Adélaïde Camp, au trait plus doux et aux couleurs claires.

Le talisman des Midolcans : un début prometteur pour ce récit jeunesse fantastique. Avec un peu plus de solidité dans le scénario et tout sera parfait.

  • Le talisman des Midolcans, tome 1 : Geneviève Tomate
  • Auteurs : Jean-Blaise Djian, Sébastien Corbet et Adélaïde Camp
  • Editeur: Vagabondages
  • Prix: 10€
  • Sortie: 25 septembre 2014

Koba

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Koba, alias Staline, pourrait être victime d’une malédiction s’il ne résout pas un mystère lié à ses années de militantisme. Ce beau récit historique teinté de fantastique est signé Jean Dufaux. Pour mettre en image cette histoire, il a décidé de faire appel à Régis Penet.

Sibérie, fin des années 40. Un train s’avance dans un lieu désert, sans âme, la zone 0049, le camp Novaya Uda. A l’intérieur se tient, Joseph Vissarionovitch Staline, bien décidé à retrouver cet endroit qu’il connaît bien pour y avoir vécu quelques années d’internement alors qu’il était jeune, sous le nom de Koba. Pourtant, il ne reconnaît rien, tout est désert, il ne reste que les baraquements, la cantine, comme figés dans le temps. A son bureau, l’inspecteur général est mort avec une blessure au cou. Ce sentiment d’isolement est corroboré par Boulga, le responsable du musée de la ville.

Alexis et sa sœur Katia rendent visite à Lev, ils aimeraient rencontrer d’étranges créatures qui vivent la nuit. Alors que l’homme souhaite les tuer d’un coup de fusil, il est assassiné par le jeune homme. En face d’eux se tiennent des hommes et des femmes immortels entièrement nus, avec sur leur peau comme des tatouages en forme de bandes noires. Leur vie, ils la passent ici, entre accouplements multiples et recherches de chaires fraîches ; ils se nourrissent de sang humain. Le frère et la sœur n’ont qu’une envie, les rejoindre et faire partie de leur groupe. Katia accepte d’être alors mordue par l’une d’entre-elles…

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On sait que Jean Dufaux apprécie de glisser du fantastique dans ces récits et c’est encore le cas dans Koba. Si le lecteur découvre au début un album historique, rapidement ce dernier bascule dans l’irrationnel. Ici, Staline, chef et dictateur suprême de l’URSS cherche lui aussi à connaître ces étranges créatures avides de sang pour, qui sait, lui aussi devenir immortel. Proches des vampires de Rapaces, histoire qu’il a aussi écrite (avec Marini, Dargaud), ils les représentent entièrement nus, se mélangeant entre eux, dans des scènes d’amour, très érotiques. Par moment, ce scénario sombre est difficile d’accès, les ellipses et les flash-back n’étant pas toujours très compréhensibles. Mais, il reste bien maîtrisé pour accrocher le lecteur. Le point fort de cet album est la partie graphique. Le trait sensuel et délicat de Régis Penet est d’une belle force. Le lecteur est fasciné par les courbes des corps mais surtout par les regards profonds des personnages. A noter que les couleurs de Nicolas Bastide mettent magnifiquement en valeur les planches de l’auteur de Marie des Loups (avec Frédéric L’Homme, Soleil).

  • Koba
  • Auteurs : Jean Dufaux et Régis Penet
  • Editeur: Delcourt, Hors Collection
  • Prix: 15.95€
  • Sortie: 27 août 2014

Gemma Bovery

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Publié une première fois en 2000 par Denoël Graphic, le sublime roman graphique de Posy Simmonds, Gemma Bovery ressort en cette fin du mois d’août, dans un version augmentée ; en même temps que la sortie sur grand écran de l’adaptation du film d’Anne Fontaine, avec Fabrice Luchini (10 septembre).

Normandie. Les Bovery, un couple d’anglais, ont acheté une petite fermette dans cette belle région française. Pour tromper sa solitude qui la pèse, Gemma prend un amant.

Il y a trois semaines, la jeune femme était enterrée. Raymond Joubert s’en souvient. Se sentant un peu coupable concernant cette tragédie, le boulanger tente de découvrir la vérité. Il dit d’ailleurs : « Soyons franc, quand Charlie m’appelle son ami, j’éprouve un soulagement honteux. Ça prouve qu’il ignore … certaines choses nous concernant, moi et sa femme. Que c’est moi qui ait tenté le sort, moi qui ait allumé la mèche lente qui a mené cette jeune femme à la mort. J’ai le sang de Gemma Bovery sur les mains. Jusqu’à un certain point ». Il pense que Charles, son mari, est au bord du gouffre et qu’il va lui arriver quelque chose. Il délaisse sa maison qui est sale et passe son temps à faire les mots croisés du journal.

Raymond découvre que Gemma tenait un journal intime et décide de le récupérer. Le glissant sous son manteau. Enfermé dans son bureau et aidé de son dictionnaire français-anglais, il y lit que Patrick, son amant, elle le connaissait depuis longtemps et que dès les premiers jours de son installation, Gemma haïssait la Normandie. Et qu’au fil des jours, elle commence aussi à haïr son propre mari, qu’elle trouve distant, insensible et qui se néglige.

Quelques jours plus tard, le boulanger est alerté par une odeur fort de brûlé ; c’est son voisin Charles qui détruit par le feu, les effets de sa femme. Il commence à l’interroger sur sa mort, qu’il pense ne pas être accidentelle, mais le veuf se ferme à la discussion. Puis, lui demande comment il a rencontré Gemma. Celui-ci débute son histoire…

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Posy Simmonds a débuté la publication dans le Guardian de Gemma Bovery en 1997 et son roman graphique fut édité la première fois en anglais en 1999. Par ce sublime album, elle adapte librement le roman de Gustave Flaubert, Madame Bovary. Si l’héroïne du romancier français vivait en France au 19e siècle, celle de l’anglaise, vit en France à notre époque. Les points communs des deux sont leur véritable liberté concernant leur position sociale, leur envie de s’émanciper de leur vie si terne ; mais aussi leur ennui qu’elles brisent au travers d’un adultère. De plus, dans Gemma Bovery, Posy Simmonds dénonce quelques travers des sociétés britanniques et françaises, tout cela de manière plutôt fluide et sans méchanceté. Le découpage est original, mettant en scène des planches avec beaucoup de textes ciselés s’insérant dans les cases mais aussi des dialogues de grande qualité. Le ton singulier rythme de manière agréable cet album. D’ailleurs cette narration d’une belle fluidité, proche du cinéma, ne pouvait qu’inspirer les réalisateurs. C’est le cas de Anne Fontaine qui met en scène sa version de Gemma Bovery (sur un scénario co-signé par Pascal Bonitzer) avec dans les rôles principaux Gemma Arterton (qui incarne déjà Tamara Drewe dans le film de Stefen Frears) et Fabrice Luchini.

A cette occasion, Denoël Graphic publie de nouveau Gemma Bovery, par ses chroniques du Guardian, Literary Life, dans une version différente, enrichie de 32 pages supplémentaires et de mises en couleurs inédites, de l’édition anglaise parue en 2003 chez Jonathan Cape.

  • Gemma Bovery
  • Auteur : Posy Simmonds
  • Editeur: Denoël Graphic
  • Prix: 20.50€
  • Sortie: 28 août 2014

Le jardin de Mimi

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En 2013, les éditions Misma publiaient L’aventure de l’homme-chien, le premier album en français du coréen Yoon-Sun Park. Cette année, la maison d’édition sort Le jardin de Mimi, un recueil d’histoires mettant en scène les mêmes personnages que le précédent dont Mimi, une petite chatte anthropomorphe bien intégrée dans la société des hommes. Parmi les récits, il y a :

- Le jardin de Mimi. La jeune chatte s’affaire : elle va recevoir dans sa maison Kim et Tomy, deux amis. Après avoir rangé, elle prend des nouvelles du poulailler. Puisqu’il n’y a rien à signaler, elle attend patiemment ses convives. Fatigués par leur longue marche, l’homme et son chien s’endorment à peine arrivés. Le lendemain, Mimi les réveille avec les croissants et le journal. Sa grand passion étant l’horoscope. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce qu’elle lit dans cette rubrique, se déroule réellement. Pour les taureaux, il est noté de regarder son jardin ; ce qu’elle fait : il a été piétiné…

- Comment éviter les attaques des limaces ? Kim construit une serre avec l’une des fenêtres de la maison. Avec ce système ingénieux, vieux comme le monde, il permet aux plants de se développer à l’abri des nuisibles…

- Oh la vache ! Alors qu’elle s’amuse avec une mouche, Mimi croise le chemin de Cafetière, une vache laitière. Ne connaissant pas grand-chose aux bovidés, les trois amis tentent de la traire. Pour parfaire ses connaissances, la chatte s’inscrit alors à La vacherie, une école spécialisée dans l’étude du lait. Au programme : cours d’histoire sur le lait, fabrication de yaourts ou traite…

- Drôle de woofing. En échange du gîte et du couvert, quatre bénévoles viennent travailler chez Mimi. Après la visite des lieux, elle leur présente Cafetière, ses deux poules, Kim et Tomy. Commencent alors les travaux à la ferme…

Le jardin de Mimi est la suite de L’aventure de l’homme-chien. Le lecteur retrouve donc Kim, Tomy à la campagne chez Mimi. Les mini-récits grand public de Yoon-Sun Park mettent en scène des aventures campagnardes à l’ambiance très bio-écolo. Comme dans Histoire d’un couple de Yeong-Sik Hong (Ego comme X, 2013), nous pouvons constater l’attrait des coréens pour la nature, leur envie de vivre en dehors des grandes villes, d’une manière plus écologique. Dans ces histoires teintées d’humour, l’auteur s’amuse gentiment de ces néo-campagnards à travers des animaux zoomorphes qui cohabitent merveilleusement avec les humains. Mimi, à qui il arrive de nombreuses aventures, est attachante et parfois naïve. Le trait rond de Park convient parfaitement pour conter les aventures amusantes de Mimi. Un album pour toute la famille.

  • Le jardin de Mimi
  • Auteur : Yoon-Sun Park
  • Editeur: Misma
  • Prix: 17€
  • Sortie: 15 septembre 2014

Pascal Brutal,

Le roi des hommes

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Pascal Brutal revient et ça va faire mâââle ! Le personnage culte de Riad Sattouf est de nouveau la vedette de ce recueil d’histoires intitulé Le roi des hommes.

Débutée en 2005, la série met en scène un homme pas très futé et gavé de testostérones, qui ne réfléchit qu’avec ses muscles. Dans un futur indéterminé, où l’ultra-libéralisme est voué aux gémonies et où Alain Madelin est le président de la République, la ville de Rennes est la capitale de la région autonome du Pas-de-Calais. C’est dans la ville qu’est né, Pascal, homme ultra-viril, qui chevauche sa moto et trace sa route à 300km/h. Son bouc bien taillé, il arbore fièrement sa gourmette en argent et ses Adidas torsion version 1992. Si son aspect macho, entouré de femmes, est sa marque de fabrique, il peut aussi avoir des aventures homosexuelles ; il est donc bi.

- Musclet, schnauzer de guerre. Dans le désert de la Beauce, Pascal sur sa moto entraine Musclet, son nouveau compagnon : un schnauzer. Fier de lui, il arrive même à tirer son deux-roues. Mais ce moment de réelle complicité est troublée par l’arrivée des Trois Stallone, deux hommes affublés de masques de Ron Mc Donalds qui ne savent pas parler et d’un homme miniature affublé d’un masque de Mickey. Les tristes individus, que Pascal avait déja croisé, s’en prennent au petit chien de Brutal et les attachent tous les deux à une corde les reliant à leurs motos…

- Stand up génération. Pascal Brutal fait un triomphe à l’Olympia en jouant son spectacle devant une foule en délire. Alors qu’il commence son fameux sketch « Ki c’est ka pété ? », il remarque une spectatrice dans la salle qui ne rit pas…

- Baston 2 nuit. Alors qu’il n’arrive pas à dormir, Pascal essaie de penser à un truc agréable pour se détendre : La boulette, le morceau de Diam’s. Pourtant son insomnie est toujours aussi prégnante ; il décide d’aller faire un tour dans la rue. Après une marche rapide, il s’endort sur un banc. Trois jeunes caïds décident alors de s’amuser avec lui…

- Man vs Virility, seul face à la virilité. Pascal se rend à Quimper, une ville presque exclusivement habitée par des gays. Il veut prouver qu’il peut trouver une femme à séduire dans la cité inhospitalière pour les hétéros. A peine le pied touchant terre, il est accosté par les Homen, un groupe d’hommes chrétiens ultra-conservateurs et qui vouent un culte à Christine Boutin…

- Jour de canicule. C’est Noël et la ville de Rennes croule sous une chaleur de plomb. Habillé d’un slip kangourou et d’un bonnet de Père Noël, Pascal ne semble pas trop gêné par ce phénomène. Lorsque la sonnette retentit, c’est Tyler, un ami de longue date du super-viril, qui se tient dans l’encadrement de la porte. Ils décident de prendre du bon temps en fumant…

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Par son personnage fétiche, Riad Sattouf livre un album drolatique. Dénonçant à travers son héros bisexuel, les dérives de notre société : ultra-libéralisme, les Homen, immigration ou encore l’égalité hommes-femmes. Ces mini-récits, sortes de reboot de ses aventures, présentent des histoires où Pascal Brutal repart à zéro dans des univers différents des histoires originelles de la série. L’auteur, qui a reçu Le fauve d’or à Angoulême en 2010 pour le tome 3 de la série, continue dans son joyeux délire.

  • Pascal Brutal, tome 4 : Le roi des hommes
  • Auteur : Riad Sattouf
  • Editeur: Fluide Glacial
  • Prix: 10.95€
  • Sortie: 17 septembre 2014

Nekojima

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Nekojima est un manga pour enfants signé Sato Horokura, l’auteur de la belle série Pan’Pan Panda. Publié par Nobi Nobi, il met en scène Cathy, une petite fille qui vit sur une île entièrement peuplée de chats.

Avec ses parents, Cathy emménage sur Nekojima (Neko : chat, Jima : île) et afin de ne pas perturber la quiétude de la population locale, elle se déguise en félin et adopte les manières de ces derniers. Ses parents doivent en faire de même : son père est médecin de la clinique de l’île et sa maman est infirmière.

A l’école, la maîtresse est sévère mais très gentille et ses chat-marades de classe sont nombreux : Lili, toujours de bonne humeur est sa meilleure amie ; Pacha, vrai goinfre et énorme cœur ; Fripouille, chef de la bande et Cachou qui adore lire.

- A la pêche. Pacha, Fripouille et Cachou partent à la pêche ; ils veulent manger du poisson. Cathy et Lili les accompagnent mais cette dernière tombe à l’eau. Tous ses camarades tentent de la secourir…

- Le meilleur curry. Fripouille et Lili sont mécontents, ils sont persuadés de préparer le meilleur curry de l’île. Pour les départager, ils se livrent une bataille autour de ce plat traditionnel japonais…

- Un feu d’artifice ? Lili et Fripouille sont encore chafouins, ils décident de participer au concours de feu d’artifice pour le remporter…

- Le terrible secret. Cachou, Fripouille et Pacha suivent la maman de Cathy. Ils découvrent son secret : elle cultive un légume mystère…

- Les étoiles filantes. Les amis se rendent à l’observatoire de l’île pour regarder les étoiles filantes pendant un belle nuit d’été. Pour cela, ils s’emmitouflent dans des couvertures…

- Drôles de cachettes. Le papa de Cathy lui confie 3 petits chatons en attendant d’ausculter sa maman. Pour faire passer le temps, elle joue à cache-cache avec eux…

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Comme pour Pan’Pan Panda, Sato Horokura construit son manga de la même manière : des mini-récits drôles, touchants et adaptés pour les plus petits ainsi qu’un dossier adossé à la fin de l’album : Pour en savoir plus sur les coutumes japonaises, une postface, un plan de l’île, un jeu méli-mélo et une galerie de portraits des personnages. D’ailleurs, ces derniers sont attachants, toujours positifs, un peu espiègles mais toujours gentils. La thématique de départ est originale : une famille d’humains qui emménage sur une île pleine de chats et qui pour être assimilée à la population, décide de se déguiser en chats : c’est drôle, amusant et attendrissant. La mangaka a décidé d’utiliser les chats puisqu’ils représentent un point fort au Japon et qu’ils sont entourés de nombreuses légendes dans l’archipel. Le trait est délicat et rafraîchissant.

  • Nekojima, l’île des chats
  • Auteur : Sato Horakura
  • Editeur: Nobi Nobi !
  • Prix: 9.45€
  • Sortie: 11 septembre 2014

Voitures de légende,

la DS

ds
Après la série Train de légende, les éditions Soleil en lancent une nouvelle : Voitures de légende. Laurent Moënard associé à Phil Castaza présentent le tome 1 intitulé La DS, qui met en scène une course-poursuite de deux personnages à bord de la mythique Citroën.

Arrière-pays niçois, de nos jours. Lors d’une manifestation autour de la DS, un collectionneur raconte l’histoire de la voiture de son père criblée de deux impacts de balle sur son capot, à une famille en visite sur son stand.

Paris, mai 1968. Alors que les manifestations sont au zénith, Lydia, jeune femme très pressée, menace Hubert, propriétaire d’une DS rouge modèle Chapron. Elle est poursuivie par des inspecteurs de police : elle vient de braquer une bijouterie de la Place Vendôme, pour payer ses études de médecine. L’homme, issu d’une grande famille bourgeoise, conduit la voiture de son père en direction de Nice, pour rendre visite à sa grand-mère.

En route, il décèle un bruit bizarre et décide de s’arrêter dans un petit garage. Le mécanicien s’occupe alors de cette machine qu’il n’a jamais pu réparer jusqu’à présent. Pendant ce temps, Lydia et Hubert prennent le repas concocté par la femme du garagiste.

Le lendemain, tous deux reprennent la route. En s’arrêtant dans une station service, ils sont repérés par deux hommes de la police. Mais un couple d’américains avec leur deux enfants, intrigués par la belle voiture, sont invités à rouler avec eux jusqu’à Lyon…

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Le récit de Laurent Moënard est extrêmement classique dans son approche. Efficace, il mise sur une course-poursuite à travers la France, sur la nostalgie de la France des années 60, sur une intrigue un peu mince mais surtout sur la DS (pannes, accidents, impacts de balle…). Le scénario se pare parfois d’un brin d’humour grâce au personnage d’Hubert mais aussi par la relation qu’il entretient avec Lydia, fugitive et co-pilote de fortune. Le trait réaliste de Phil Castaza est efficace sans rien non plus révolutionner. Néanmoins les cases faisant intervenir les voitures et les décors de villes sont bien maîtrisées et réussies. A noter qu’un cahier spécial de 8 pages sur la DS est adossé à l’album.

  • Voitures de légende, tome 1 : La DS
  • Auteurs : Laurent Moënard et Phil Castaza
  • Editeur: Soleil
  • Prix: 14.50€
  • Sortie: 20 août 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Le sermon du Tengu

sur les arts martiaux

sermon
Après Le livre des cinq roues, les éditions Budo publient un nouvel ouvrage de Sean Michael Wilson, Le sermon du Tengu sur les arts martiaux. Pour développer son histoire, le scénariste a fait appel à Michiru Morikawa, une dessinatrice japonaise.

Le Sermon du Tengu, un recueil de paraboles écrit par Issai Chozanshi, un samouraï du XVIIIe siècle, compte parmi les grands classiques des arts martiaux.

Au Japon, le Tengu est une créature mythologique ayant une apparence d’oiseau anthropomorphe. Tantôt bienveillante, tantôt mal intentionnée selon les contes, il possède de réels dons pour les arts martiaux.

Les histoires, qui mettent en scène des démons, des insectes, des oiseaux, des chats et de nombreuses autres créatures, peuvent paraître fantasques mais elles contiennent des enseignements essentiels qui offrent un aperçu des principes fondamentaux en œuvre dans les arts martiaux.

Pénétrées de la compréhension profonde de Chozanshi, du taoïsme, du bouddhisme, du confucianisme et du shintoïsme, les contes clarifient la nature du conflit, l’importance de suivre sa propre nature, le yin et le yang, le développement et la transformation du chi (l’énergie vitale), et la réalisation du mushin (le non-esprit).

D’aspects difficiles pour un occidental non initié aux valeurs et philosophies asiatiques, les concepts sont érigés en divers chapitres, plus ou moins compréhensibles. Comme cet album est une adaptation fidèle de l’œuvre d’Issai Chozanshi, il n’a pas vocation à être didactique mais à faire réfléchir, et c’est là toute la difficulté de l’ouvrage. Le lecteur pourra donc être rapidement perdu dans les concepts et préceptes. Pourtant l’éditeur, Budo, a parfaitement fait son travail, en proposant un lexique par des notes de bas de page pour la compréhension, ainsi qu’une explication en introduction (sur la règle de francisation des termes) mais cela n’a pas suffi à un esprit occidentalisé comme le mien de goûter au sel des subtilités de l’album. Au départ, les concepts de Ying & Yang, de Chi, de bouddhisme, de taoïsme, de shintoïsme étaient pourtant accrocheurs mais vite l’opacité de ces derniers m’ont dérouté. Il faut donc une bonne dose de concentration pour aborder l’ouvrage. Le dessin classique de Michiru Morikawa est efficace et fait parfaitement le travail malgré des postures des personnages parfois un brin figées.

Ce manga sur le Sermon du Tengu est à réserver à des lecteurs initiés aux préceptes des arts martiaux, pour les autres, il faudra du courage pour l’aborder, même si les thématiques sont intéressantes.

  • Le sermon du Tengu sur les arts martiaux
  • Auteurs : Sean Michael Wilson et Michiru Morikawa, d’après Issai Chozanshi
  • Editeur: Budo
  • Prix: 12.95€
  • Sortie: 21 juillet 2014

Jungle fever

(album pour adultes)

jungle fever
Les éditions Dynamite, label des éditions La Musardine, publient Jungle fever, un album pour adultes signé Douglo.

Cet album est un recueil d’histoires courtes mettant en scène La Comtesse, véritable amatrice de parties fines avec les hommes. Sa grâce Flavia di Carnelo, Comtesse de Frivoli se retrouve dans la Jungle pour ces nouvelles aventures :

- Lors d’une réception chez M. Charlesworth, Carlos, un baroudeur, apprend à La Comtesse qu’il a vu des ses propres yeux, le dernier des léopards au Congo. Prise de vitesse par une rivale, elle veut se rendre là-bas. Pour cela, elle doit trouver de l’argent auprès des autres convives…

- Accompagnée par son valet Deminique, elle arrive dans la jungle et aperçoit les deux tourtereaux. Jalouse, elle découvre que sa rivale est dominée par deux congolais, ceux-là même qui assommeront Carlos…

- Après des parties fines avec les deux hommes virils, les trois sont amenés à la chef du village Milkia, non contente parce qu’ils avaient essayé de tuer Chui, le dieu léopard. La souveraine trouve alors des jeux sexuels pour les punir…

- Le retour en Europe est délicat pour La Comtesse. Pour passer la douane, elle doit s’offrir au douanier avide de sexe…

Après Insatiable, les éditions Dynamite publie le nouvel album de Douglo. L’auteur allemand met en scène son personnage fétiche La Comtesse, une veuve frivole, à la sexualité débridée. Pour ce nouveau recueil, il l’emmène au Congo pour des aventures un brin néo-colonialiste. Proche des comics américains, le trait semi-réaliste de l’auteur est délirant, presque démesuré (les sexes sont surdimensionnés) pour rendre vivant ces scènes d’orgies sexuelles. Sans prétention, il arrive à livrer des historiettes assez convaincantes.

  • Jungle fever
  • Auteur : Douglo
  • Editeur: Dynamite BD
  • Prix: 9€
  • Sortie: 16 septembre 2014

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