Délivre-nous du mal commence comme un thriller. Un policier et son acolyte travaillent dans les bas fonds de New-York dans le quartier du Bronx. Confrontés chaque jour aux pires visages de l’humanité, la violence, la barbarie, la drogue font partie de leur quotidien. Les affaires de mœurs, de violences conjugales ou autres rythment aussi la vie de leur commissariat. Le mal naturel de l’homme s’exprime ainsi et cette effroyable réalité les coupe parfois de leur famille et les éloigne de leur cocon. Emprisonné dans les méandres de ces crimes, Ralph Sarchie s’éloigne de sa fille Christina et de son épouse Jen.
Policier exemplaire, il traque tous les disfonctionnements de la société jusqu’au jour où des éléments surnaturels viennent perturber son enquête et le mène vers des chemins bien plus sombres à la rencontre du Mal. Ralph cache en fait un lourd secret. Cette noirceur fait de lui un être froid, distant et perturbé par des forces qu’il n’est pas en mesure de contrôler. Elles dépassent son entendement et font remonter une foi qu’il avait enterrée en lui. S’il peut être à la limite de la légalité, le prêtre qui va le seconder lors de la traque du démon possesseur, l’est tout autant. Ce tourment et cette ambivalence les rapprochent dans leur quête du bien. Le prêtre est loin d’être l’incarnation de l’homme de Dieu dans toute sa perfection. Ces deux personnages se mettent finalement au service du bien sans utiliser les mêmes méthodes.
Ralph Sarchie est doué d’un esprit plutôt rationnel et ne croit pas au départ aux histoires de possessions que lui raconte le Père Mendoza. Peu à peu il finit par se laisser convaincre et dispose d’étranges pouvoirs qu’il n’avait jusqu’alors pas soupçonnés. Ce couple d’enquêteurs hors-normes défraye la chronique et poursuit le Mal tant qu’il le peut. Vaincront-il le Malin qui peut-être finalement en chacun de nous ?
Vade retro satanas : de l’art de l’exorcisme
Certes ce film est teinté de références christiques mais quand il est question d’exorcisme, le recours à la foi est nécessaire. Sans ça il n’a aucun sens. Il ne se veut pas moralisateur mais tend plutôt à montrer que des hommes cassés peuvent devenir des pires monstres qui soient. La guerre représente le pire des maux et surtout la cause des troubles et de la possession. Les hommes détruits par les combats deviennent les armes du malin.
Vu de cette manière l’homme est bien un loup pour l’homme. L’enfer n’est pas provoqué uniquement par la volonté du Diable mais l’ai tout autant par la fureur humaine et la vengeance qui en découle et ne fait qu’aggraver la situation.
Le rituel de l’exorcisme ne semble pas caricaturer et bien qu’il soit logique pour la chute de l’histoire, il est abordé d’une manière sérieuse. Quand on le voit, nous n‘avons pas envie de rire bien au contraire. Il nous donne des frayeurs et nous colle à nos sièges. Ce moment là peut procurer des sueurs froides aux personnes sensibles. La possession est bien rendue et les transformations du corps et les comportements hors du commun nous font frissonner.
L’effroi nous parcourt souvent l’échine. Cet acte n’est pas un simple exorcisme, il permet aussi à Ralph Sarchie de s’accomplir et de se débarrasser de ses démons intérieurs.
A travers cet exercice le Père Mendoza affirme sa foi et confirme que lui aussi évolue sur le chemin du Pardon. D’un certain point de vue lui aussi est possédé. Il ne l’est pas par le mal mais par sa mission. Chaque étape de l’exorcisme est suivie avec rigueur afin de parvenir à l’ultime délivrance. Comme une prière chaque mot a son importance, si une étape est oubliée ou bâclée, c’est la réussite de l’exorcisme dans son ensemble qui est remis en cause. En réalité et mysticisme, cette enquête nous embarque vers l’horreur et l’épouvante. Si on sort indemne du visionnage de Délivre-nous du mal, il ne faut mieux pas l’avoir vu un soir durant une période pluvieuse dans un cinéma désaffecté ou seul chez soi. Si vous prenez l’une de ces options, il est quasiment certain, que votre nuit sera parcourue par d’étranges cauchemars. Qui sait le mal vous poursuivra et s’en prendra à votre bonne personne !
Délivre-nous du mal nous tient en haleine durant deux heures. Il mélange savamment les genres. L’enquête nous immerge dans un thriller haletant. Cette course folle ne se termine qu’à la fin du film. Durant tout le déroulé de la production, le spectateur est plongé dans l’action. Rien ne lui est épargné. Mieux ne vaut pas manger. Certaines scènes peuvent heurter même les plus aguerris. Elles ne nous laissent pas indifférente. L’ambiance à la fois morbide, inquiétante et glauque est renforcée par la musique, les bruits étranges, les craquements, les objets qui s’animent tous seuls et les pièces habitées par on ne sait quels esprits malins.
Cette atmosphère anxiogène nous coupe le souffle. L’horreur n’est jamais loin. Il faut mieux avoir le cœur bien accroché. Certains passages sont à la limite du supportable et nous conduisent
à pousser quelques cris de dégoût. A certains moments on n’en fermerait les yeux. Ces petits détails ne gâchent rien, ils ne nous empêchent en rien de suivre l’ensemble de l’intrigue. On n’en perd pas une miette. Cette tension demeure palpable et augmente l’angoisse que l’on ressent à chaque instant. Les lieux sont aux aussi chargés d’épouvante. Les maisons, la prison sont emplies de mauvais esprits et l’on ressent la présence du malin dans tous les lieux où l’on passe.
Délivre- nous du mal est un bon thriller angoissant pétri d’horreur et d’épouvante. Les amateurs de films d’horreurs y trouveront leur compte et les autres n’y allez pas au risque de subir un traumatisme !
Jessica Staffe