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Critique Ciné : Les Recettes du Bonheur, goûtez moi

Publié le 15 septembre 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Les Recettes du Bonheur // De Lasse Hallström. Avec Helen Mirren, Om Puri et Manish Dayal.


Le rapport de Lasse Hallström avec la nourriture n’est pas nouveau. Il est à l’origine de l’un de mes films préférés. Je sais que cela peut certainement vous surprendre mais je ne pourrais jamais être suffisamment explicite pour l’amour que je porte à Le chocolat (2000). En effet, la première fois que j’ai vu ce film, j’ai été ébloui et pour l’avoir revu plusieurs fois depuis, j’ai gardé ce même émerveillement. Lasse Hallström se devait donc de faire partie de mes réalisateurs préférés. Par la suite je m’étais donc juré de regarder toute sa filmographie, ce que j’avais fait religieusement, découvrant ainsi des films médiocres comme de petites perles comme le très émouvant Hatchi ou encore récemment Des saumons dans le désert. Puis il y a eu cette année Les Recettes du Bonheur, une adaptation du roman de Richard C. Morais par Steven Knight (Peaky Blinders, Locke, World War Z 2). Il y avait beaucoup de choses pour me plaire en plus du retour du maître dans son rapport à la nourriture. Disons que Lasse Hallström sait sublimer les aliments et leur donner un sens à l’image. C’est pourquoi j’avais hâte de voir ce qu’il pouvait faire de ces ingrédients qu’il avait sous la main. La réponse est très positive pour que c’est magnifique. Tout ce qui attrait de près à la nourriture est tout simplement beau.

Hassan Kadam a un don inné pour la cuisine : il possède ce que l’on pourrait appeler « le goût absolu »… Après avoir quitté leur Inde natale, Hassan et sa famille, sous la conduite du père, s’installent dans le sud de la France, dans le paisible petit village de Saint-Antonin-Noble-Val. C’est l’endroit idéal pour vivre, et ils projettent bientôt d’y ouvrir un restaurant indien, la Maison Mumbai. Mais lorsque Madame Mallory, propriétaire hautaine et chef du célèbre restaurant étoilé au Michelin Le Saule Pleureur, entend parler du projet de la famille Kadam, c’est le début d’une guerre sans pitié. La cuisine indienne affronte la haute gastronomie française.

Puis il y a le scénario, adapté par Steven Knight. Ce dernier se serait permis quelques libertés afin d’étoffer un peu plus le récit, notamment car dans le film c’est Hassan qui nous raconte son histoire et cette narration n’est pas vraiment présente dans Les Recettes du Bonheur. Bien au contraire, on nous raconte à la fois l’ascension d’un chef mais aussi la naissance de deux relations amoureuses en parallèle. C’est mignon comme tout, c’est frais, et tout cela au milieu d’une ribambelle de clichés français. Je me demande si les américains sont déjà venus dans le sud de la France, en province, en pleine campagne. Je pense que l’on roule avec d’autres voitures que des vieux tacots et que l’on n’est pas aussi fasciné par le bio, les balades en bicyclettes ou encore le pain et les croissants. Non, comme tous les français, je pense que la province n’a rien de recluse. Pour y vivre, je dispose de tout ce dont la société de consommation veut bien que je dispose. Mais le film, malgré ses longueurs (hey oui…) et ses clichés, fonctionnent en grande partie grâce à la nourriture. On a envie de manger ces plats indiens, ces plats français revisités à la sauce indienne, etc. Cela donne tout simplement un joli sourire sur la figure du spectateur et je pense que c’est largement suffisant.

Dans le rôle de la pimbêche un peu coincée, Helen Mirren (The Queen) est parfaite. Charlotte Le Bon (Yves Saint Laurent) et son côté assez gauche, à la fois en anglais et dans son jeu, est plutôt appréciable. Disons que cela permet aussi de donner à Les Recettes du Bonheur un arrière goût léger qui ne cherche pas à se prendre la tête. Car l’on sent bien que le but n’est pas de nous prendre la tête, bien au contraire. Ce mélange de français et d’anglais fonctionne quant à lui très bien à l’écran. Cela donne donc des expressions comme « It’s incroyable » prononcé avec un accent français bien présent. Cela participe au charme de ce petit film qui ne veut pas faire de grandes étincelles mais simplement nous envoyer dans un voyage de saveurs. Lasse Hallström ne parvient donc pas à m’émerveiller ici autant qu’il avait pu le faire dans Le Chocolat, peut-être car la matière est différente, ou encore que le roman a enfermé un peu le scénario. Je ne sais pas mais si la mise en scène reste somptueuse, on peut tout de même se sentir un peu laissés sur le carreau par ces longueurs qui titillent un peu le spectateur et son envie que l’histoire évolue plus rapidement (alors qu’au fond il n’est pas nécessaire de faire autant de chichis).

Note : 5/10. En bref, si le film est sublime, surtout dans son rapport avec la nourriture, le scénario est égratigné à cause de quelques longueurs et des clichés français terribles.


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