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Lucy

Publié le 16 septembre 2014 par Olivier Walmacq

Une étudiante devient super-intelligente après la libération d'une drogue dans son organisme. Elle est alors traquée par ceux qui lui ont mis le sachet...

Lucy : Affiche

La critique "réunion tupperware entre Luc Besson, Ed Wood, Terence Malick et moi" de Borat

Je vous entends déjà venir bande de chenapants: "Hahahaha Borat a été voir le dernier Luc Besson au cinéma!" et bien sachez que ce n'est pas moi qui a choisi le film cette fois, mais certains de mes camarades. On ne peut pas dire que le choix en dernier séance était grandiose mais le plus potable à mon humble avis était Délivrez nous du mal de Scott Derrickson face à Hercule de Brett Ratner, Expendables 3 de Patrick Hugues, Nos pires voisins de Nicholas Stoher et donc Lucy (j'ai volontairement expulsé Nos étoiles contraires). Mais bon, ce qui est fait est fait et Lucy d'être mon premier film de Besson au cinéma depuis Adèle Blanc Sec (ce qui revient à un petit moment quand même). Autant dire que je ne suis pas prêt de l'oublier le fameux plus gros succès français de l'année (pas en France puisque c'est Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu et ses 12 millions de spectateurs, mais ailleurs si à l'image des USA). Ses bandes-annonces n'étaient déjà pas rassurantes, mais alors le film lui-même dépasse l'entendement. On est clairement entre le nanar désopilant de par sa bêtise et le navet pompeux qui va chercher chez le voisin (une habitude chez Luc, certains diront un "hommage" comme QT), le pire dans l'histoire c'est qu'on n'est même pas étonné. On est sans cesse entre la consternation et l'hilarité voire les deux en même temps.

Lucy
 Premier réflexe de Lucy face à un assaillant: écarter les cuisses. Décidemment Luc quand tu veux pas, tu veux pas...

Ainsi, comme on le sentait venir gros comme une montagne (suffit de réfléchir un peu au nom de l'héroïne pour savoir qu'il n'a pas été choisi au hasard), Besson montre la fameuse Lucy, première humaine ou tout du moins australopitèque connue en train de boire de l'eau. Certains verront certainement un pompage envers une scène phare de The tree of life de Terrence Malick qui fut produit par... Besson! Au moins on reste en famille. Puis on passe sur Scarlett Johansson pendant que Morgan Freeman fait un discours sur l'intelligence et notamment notre capacité à utiliser notre cerveau. Alors que Besson veut intellectualiser son cinéma bourrin n'est pas un mal, un peu de réflexion entre deux tirs de roquettes ne fait pas de mal, mais quand il se met à faire du pur Ed Wood on se pose quelques questions sur à quoi il tourne. Ainsi, le discours de Freeman comme les actions de Scarlett sont sans cesse entrecoupés d'archives animalières, histoire probablement de faire des transitions entre l'instinct animal et ce que dit ou arrive aux deux personnages. On se croirait revenir au temps où le réalisateur maudit de Plan 9 from outer space s'éclatait à coller des archives que des potes de studios lui refourguaient car personne n'en voulait.

Lucy : Photo Scarlett Johansson

Le début est donc très porté sur Ed Wood (et légèrement sur Malick mais l'inspiration viendra plus tard), puis on passe à du pur Besson avec scènes à CGI quelques peu foireuses (on pense principalement au passage dans l'avion où franchement on peut dire qu'ils ne se sont pas foulés pour bousiller le visage de Johansson), du bourrinage (avec ralenti classe il est bon de le souligner) et science-fiction à faire bailler le premier fan des X Men avec des séquences de télékinésie franchement délirantes (ça flotte dans l'air mais on rigole surtout de l'effet!) ou une rapidité à toute épreuve pour surfer sur le web (scènes qui ne servent franchement à rien, à part pour montrer que c'est cool et en sachant que si l'ordi est merdique, elle ne risque pas de surfer aussi vite, m'enfin bon). Sur le point de la réalisation, on peut dire que Besson s'en sort bien. Malgré des effets-spéciaux souvent à la ramasse, on peut dire que ce n'est moche à regarder et Lucy a le mérite de ne pas être long (1h30 pas plus). Le problème étant bien évidemment son script improbable et franchement risible auquel se rajoute les clichés bessoniens purs. Ainsi si l'on se fit à la vidéo de Mozinor on a: "une pute (ou tout du moins s'habille un peu trop sexy pour être honnête, notamment en montrant ses attributs le plus possible et écartant les jambes pour attirer la libido d'un mâle bien con) qui défonce la gueule à des yamakasis (des asiatiques, probablement des sud-coréens vu que le méchant est incarné par Choi Min Sik) et qui roule très vite en Peugeot".

Lucy : Photo Morgan Freeman, Scarlett Johansson
 Scarlett je ne veux pas être méchant, mais ils auraient dus te mettre des jupes encore plus courtes pour te faire passer pour plus pouf que là.
Pour le dernier point, on peut remarquer quelques faux-raccords car à force de faire un peu n'importe quoi, Tonton Besson fait valdinguer des voitures alors que celle de Lucy n'est pas du tout dans la même direction. Pas de bol pour lui, ça se voit énormément. A cela rajoutez une police peu réactive quand il le faut. Le pire étant bien évidemment que Besson veut faire dans la réflexion mais ne peut le faire sans faire dans le bourrin. Ce qui fait que Lucy ressemble parfois à une sequelle de Commando (vous allez comprendre assez rapidement). Vu que Lucy est capable de contrôler les éléments, elle devient donc indestructible ou tout du moins la drogue est sufisamment puissante dans son organisme pour atteindre des sommets. Voilà encore un élément que Tonton Besson aurait dû oublier: prendre une drogue comme vecteur de super-pouvoirs. Peter Parker a eu une morsure d'araignée, Matt Murdock une brûlure mortelle, Hal Jordan un anneau extraterrestre, Lucy a la drogue. Classe. Donc voici venir Scarlett indestructible à l'image de l'intouchable Schwarzy qui mitraille les méchants (changez les mexicains par des sud-coréens), sans jamais être inquiétée par les balles. Un des cocos ira même jusqu'à faire péter une porte au bazooka, alors que tu es dans un bâtiment scientifique avec peut être des substances explosives! Faut pas chercher à comprendre!

Mais là où le film atteint peut être des sommets nanar c'est dans son final totalement nazebroque. (attention spoilers) A ce moment, Besson cherche à reprendre Tree of life avec Lucy qui revient jusqu'au big bang rien de moins pour faire de Lucy une sorte de déesse, Besson allant jusqu'à reprendre la fresque de Michel-Ange à la chapelle Sixtine où Dieu touche le doigt de l'Homme. Là pareil, avec les deux Lucy à savoir celle du film et l'australopitèque. Mais le film touche aussi à Contact de Robert Zemeckis, puisque Lucy fait des sauts physiques via une sorte de circuit où elle voyage de la Normandie à New York puis vers le cosmos et enfin en tant que déesse. Alors si on n'est pas forcément dans l'extraterrestre, le principe est quasiment le même, tout en restant parfaitement normal pour les autres. Sans compter la vision assez naturaliste de Malick se transformant en Scarlett découvrant le paysage. Pas de quoi convaincre grand monde. (fin des spoilers) Pour ce qui est l'interprétation c'est vraiment mauvais. Entre Scarlett qui passe de la victime éplaurée à une femme rigide qui est moralisatrice au possible (clairement elle n'a rien d'attachante et pourtant Besson a souvent réussi à rendre sympathiques certains personnages féminins, le meilleur selon moi restant Matilda dans Léon); Morgan Freeman qui n'a plus besoin de prouver à personne qu'il prend le cachet sans regarder le scénario (on a vu ça récemment avec Transcendance); et Choi Min Sik qui cabotinne en mafieux à deux balles; on ne peut pas dire qu'on est bien servi. 
Un gros navet qui navigue entre blockbuster débile et réflexion à la ramasse, pas aidé par des acteurs mauvais comme cochons.

Note: 4/20

Note naveteuse: 15/20


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