Magazine Cinéma

Hippocrate

Publié le 17 septembre 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Après avoir réalisé « Les yeux bandés », Thomas Lilti nous livre son deuxième long-métrage : « Hippocrate ». Les rôles principaux sont tenus par Vincent Lascoste et Reda Kateb. Thomas Lilti signe le scénario, avec l’aide de Julien Lilti, Baya Kasmi et Pierre Chausson. Le long-métrage fût le film de clôture à la Semaine Internationale de la Critique 2014, lors du Festival de Cannes de la même année. « Hippocrate » sortait dans nos salles le 3 septembre 2014.

Synopsis : Benjamin va devenir médecin, il en est certain. Mais pour son premier stage d’interne dans le service de son père, rien ne se passe comme prévu. La pratique se révèle plus rude que la théorie. Benjamin va se confronter brutalement à ses limites, à ses peurs, celles de ses patients, des familles et du personnel. Son initiation commence …

« Hippocrate » se divise en deux parties scénaristiques. D’un côté, on découvre Benjamin, jeune interne en soif d’apprendre, qui va parcourir un récit initiatique où il n’en ressortira que meilleur. D’un autre côté, le long-métrage dresse un portrait social du monde hospitalier où les infirmières et médecins se battent contre une administration qui ne les comprend pas. Malheureusement, ce deuxième pan scénaristique de « Hippocrate » se trouve être très vite faible face au premier. L’avancée psychologique du personnage principal, aidé par un mentor, passionne plus que les pleurnichardes et autres querelles des différents services. Malgré tout, « Hippocrate » tient un rythme où ses une heure et quarante-deux minutes ne paraissent jamais vraiment longues. Ceci est une vérité grâce au fait que le long-métrage alterne intelligemment drame et comédie. Cette alliance donne alors un côté authentique à l’ensemble, un véritable long-métrage humain.

Cet aspect si humain que détient le long-métrage est perpétué par la performance des différents acteurs. Si les personnages secondaires forcent un peu trop vers la caricature et une certaine loufoquerie dans leurs attitudes, ce sont bien les personnages interprétés par Vincent Lacoste et Reda Kateb qui ont toute notre attention. Tout d’abord, ce sont sûrement les deux personnages les mieux écrits, les plus travaillés et ceux qui évolueront durant toute la durée du long-métrage. C’est d’ailleurs très malin de les avoir mis en position de force, dans un perpétuel conflit, offrant une vraie dynamique au duo où ils se complètent l’un et l’autre. Vincent Lacoste se dévoile comme un acteur complet, capable de passer de l’humour au drame, avec un sérieux déconcertant auquel il ne nous avait pas encore habitué. À ses côtés, Reda Kateb offre une majesté incroyable à son personnage, entre vieux sage et jeune rebelle. Le mentor parfait.

Dans sa réalisation et son approche, il est clair que l’on peut rapprocher « Hippocrate » de « Polisse », réalisé par Maiwenn. Portant le constat social d’une fratrie d’employés d’un même établissement, les deux longs-métrages optent pour une caméra embarquée, dans un soucis de réalisme. Thomas Lilti, réalisateur de « Hippocrate », se noie dans ce procédé, arrivant jusqu’au point de donner la sensation de ne jamais contrôler sa réalisation … Le montage ne viendra jamais sauver le spectateur de cette sensation de noyade dans l’atmosphère du long-métrage, n’offrant que quelques bouffées d’air frais ici et là, en faisait durer quelques plans larges. De plus, aucun plan ne donne l’impression d’avoir été réellement pensé. La caméra suit lourdement les personnages dans ces longs couloirs d’hôpital, vacillant, chaque seconde, d’un côté ou de l’autre. Thomas Lilti réalise « Hippocrate » sans convictions, pensant que le fond sauvera la forme. Il n’en est rien.

« Hippocrate » est un long-métrage où les deux acteurs principaux portent un récit initiatique très intéressant et réussi. Malheureusement, le constat social, par toujours amené avec finesse, et la réalisation cafardeuse tirent le long-métrage vers le bas …

Hippocrate-Affiche

Hippocrate. De Thomas Lilti. Avec Vincent Lascoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt, Félix Moati, Philippe Rebbot, Carole Franck,

Sortie le 3 septembre 2014.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Masemainecinema 6107 partages Voir son blog

Magazines