Michel Lafon
Traduit de l'anglais par Philippe Mothe
Paru en Août 2014
349 pages
19,95 euros
Quatrième de couverture : « Je vais vous raconter ce qui s’était passé, parce que ce sera l’occasion de vous présenter mon frère. Il s’appelle Simon. Je pense que vous allez l’aimer. Vraiment. Mais d’ici quelques pages il sera mort. Et, après ça, il n’a plus jamais été le même. »
Matthew a 19 ans, et c’est un jeune homme hanté. Par la mort de son grand frère, dix ans auparavant. Par la culpabilité. Par la voix de Simon qu’il entend partout, tout le temps…
Matthew a 19 ans et il souffre de schizophrénie, une maladie qui « ressemble à un serpent ». Pour comprendre son passé et s’en libérer, Matthew dessine, écrit. Il raconte l’enfance étouffée par la perte, la douleur silencieuse de ses parents ; l’adolescence ingrate brouillée par les nuages de marijuana ; la lente descente dans la folie, l’internement… Mais aussi, avec un humour mordant, le quotidien parfois absurde et toujours répétitif de l’hôpital psychiatrique, les soignants débordés, l’ennui abyssal… Et le combat sans cesse renouvelé pour apprivoiser la maladie, et trouver enfin sa place dans le monde. Bouleversant, tourmenté, souvent drôle, Contrecoups est un roman tendre et courageux, porté par une voix absolument unique.
Contrecoups est un roman déstabilisant et touchant sur les difficultés psychologiques d'un adolescent, Matthew, 19 ans ayant perdu son jeune frère Simon. Traumatisé par l'accident qui survint lors de son enfance, par les réactions maladroites d'une mère possessive et ultra-protectrice, Matthew développe une maladie mentale : la schizophrénie. Dès lors, pas facile de parler de cette maladie car la schizophrénie est un sujet vaste, complexe, profond et retranscrire par l'écriture tout ce qui peut être liée à cette maladie est loin d'être un pari réussi. Pourtant Nathan Filer, infirmier psychiatrique pendant dix ans à Bristol a su apporter à son roman les émotions qu'il fallait pour nous convaincre et nous expliquer le processus de la maladie, comment elle s'installe insidieusement à l'insu de soi-même : drogues, alcool, phénomène héréditaire, perte de connaissance, altération de la réalité, perception des choses, hallucinations. Matthew a un but et est conscient de beaucoup de choses autour de lui jetant un regard peu reluisant, plein d'humour grinçant sur le quotidien d'un hôpital psychiatrique, les réactions des soignants, l'ennui, la répétition des journées, des nuits, les traitements qui l'abrutissent. Comment trouver sa place dans ce monde quand tout semble absurde ? Matthew, avec son humour bien à lui, mène un combat dont on a l'impression qu'il ne sortira pas.
A la fois drôle, tendre, tourmenté, courageux, lumineux et porteur d'espoir... Contrecoups c'est un récit contradictoire avec une maladie qui s'installe progressivement, qui "ressemble à un serpent", qui fait que l'on perd son identité. Matthew est hanté par Simon, il l'entend partout, le voit, lui parle et toutes ses actions sont tournées vers le passé, vers l'accident, vers une culpabilité qu'il a caché à ses proches. Tout ceci est brillamment décrit par un procédé propre et original employé par l'auteur : il use de répétitions, de correspondances, de réflexions jetées en vrac et tout cela a un côté brouillon, une confusion entre rêves, souvenirs, réalité qui exprime très bien ce que dicte la maladie. Comment l'esprit raisonne -t-il ? Comment trouve-t-il sa logique pour survivre ?
Puis il y a ce "suspense", que s'est-il passé le jour de l'accident ? Comment est décédé Simon ? Il y a quelque chose de terriblement déchirant pour ces parents qui ont perdu pas un mais deux fils, en quelque sorte. On comprend leurs angoisses, leurs doutes, leurs peurs : un fils décédé et un fils qui tombe dans le handicap mental...sans que, parents, puissions faire quelque chose pour l'empêcher. Sans compter que les réactions "contre" sa mère de Matthew peuvent briser le coeur d'une mère et d'un père qui, le dit en toute simplicité, a honte. Qu'ont-ils fait de mal ? A quel moment ça a dérapé ?
L'écriture est incroyable, unique, aboutie, subtile et sensible. Elle nous emporte dans les méandres d'un esprit compliqué grâce à son style oral, qui percute de plein fouet le lecteur et démontre la détresse, les obsessions de Matthew. Les choses sont dites, sans fioritures, c'est parfois cru mais authentique. Non la schizophrénie n'est pas synonyme de psychopathes, au contraire, c'est une maladie difficile à cerner et Nathan Filer essaie de nous la faire comprendre par sa vision intimiste, introspective.Un huis-clos perturbant, un tête à tête audacieux, Contrecoups est un roman d'une profondeur psychologique rarement inégalée, qui à plus d'un titre, fait réfléchir, dérange, déroute et émeut par son côté humain et sa dimension émotionnelle. Une belle leçon de vie, d'humilité, de tolérance et de respect pour tous.En savoir plus :Sélection Rentrée littéraire de la FnacSélection Rentrée littéraire des Maisons de la Presse Sélection Rentrée littéraire de CulturaPrix COSTA 2013- site des éditions Michel Lafon