Genre: horreur, gore, trash (interdit aux - 18 ans)
Année: 2000
Durée: 1h21
L'histoire: Suite plus ou moins directe du premier opus et toujours le même principe: plusieurs personnes sont enfermées dans une pièce aux lumières rouges. Filmées en direct, elles participent au "Jeu du Roi" avec, cette fois ci, vingt millions de yen à la clé. Au travers d'épreuves toujours plus abjectes, les candidats doivent s'éliminer les uns les autres jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un seul...
La critique d'Inthemoodforgore:
J'étais sûr que ça vous manquait... Alors après Red Room, chroniqué par les soins du boss il y a quelques semaines, j'ai le plaisir de vous présenter Red Room 2. Une démence horrifique signée Daisuke Yamanouchi. Vous savez, notre ami nippon gentiment détraqué. Dans les milieux du cinéma underground, Yamanouchi reste une référence absolue pour les amateurs d'expérimental outrancier. L'année 1999 fut très prolifique pour le réalisateur puisqu'il accoucha successivement des traumatisants Girl Hell et Blood Sisters, du monstrueux Mu Zan E et du très méchant Red Room.
Ce dernier film ayant eu son petit moment de notoriété, Yamanouchi entreprit l'année suivante, la réalisation d'un deuxième opus toujours en direct to video. Fidèle à sa réputation extrémiste, le cinéaste fait monter les enchères et accable le spectateur d'une suite encore plus violente que l'original.
Reprenant la thématique du premier épisode, Red Room 2 s'avère être une (presque) suite convaincante et une oeuvre toujours aussi délicieusement immonde. Pourtant ici, Yamanouchi opère un traitement légèrement différent puisqu'il joue clairement la carte de l'exagération décomplexée et se situe à la limite de l'auto dérision. L'effet de surprise du premier film ne pouvant plus jouer, le réalisateur choisit d'effectuer une certaine distanciation avec cette séquelle et affiche des intentions plus délurées. Cependant, le résultat n'en reste pas moins abominablement jouissif.
Attention spoilers: Retour dans la fameuse pièce rouge flanquée de sa cage aux supplices. Quatre nouveaux candidats se présentent au "Jeu du Roi": Oyama, un quadragénaire cynique, joueur invétéré couvert de dettes. Manube, une illuminée, qui participe au jeu dans le but de financer la secte dont elle est membre et qui se trouve être enceinte de son gourou. Tajima, un chômeur taciturne et dépressif.
Le dernier candidat prévu s'étant tué la veille dans un accident de la route, il est remplacé au pied levé par une mystérieuse jeune femme nommée Kyoko. Cette dernière, déjà vainqueur du jeu à trois reprises, se présente elle même comme une professionnelle et apparaît comme la concurrente à battre. Dès lors, les épreuves peuvent débuter. Et ça commence fort avec la symbolique lorsque Manube est obligée de lécher langoureusement une ampoule tandis qu'Oyama se masturbe devant elle jusqu'à éjaculation. Le programme des festivités se poursuivra par un récurage sévère de sinus à la brosse à dents, par une dégustation d'une soupière remplie de vomi, par des rapports sexuels ensanglantés, par un fist fucking avec arrachement de foetus etc. Si, contrairement à Red Room, il n'y a pas de véritable couple en conflit, on peut quand même distinguer deux groupes d'antagonistes.
D'une part, Kyoko qui reproche sans cesse à Tajima sa faiblesse et sa lâcheté. Et d'autre part, Manabe qui insupporte Oyama, celui ci voyant en elle le portrait de son ex femme. Après les éliminations de ces derniers, l'épreuve finale mettra au prise Kyoko, la favorite, et l'inattendu Tajima dont on finira par connaître les raisons de l'état dépressif. Alors que la dernière épreuve ne consistait qu'à un simple baiser entre eux, l'irruption des concurrents que l'on croyait morts, va faire basculer le final dans un carnage total et révélera que Kyoko était en fait, un robot humanoïde programmé pour gagner.
Une fois encore, les amateurs de trash et de mauvais goût en auront pour leur argent. Yamanouchi est bien au rendez vous, plus dejanté que jamais, pour leur servir les nausées qu'ils réclament. Décidément quel poète ce Daisuke ! Toutefois, comme je l'ai dit précédemment, le sérieux du premier opus a laissé la place à une sorte d'impudence ironique totalement assumée. Paradoxalement, alors que l'ignominie est encore montée d'un cran, l'intention ludique du réalisateur a nettement pris le pas sur le premier degré. A cet égard, la scène de l'arrachement du foetus (clin d'oeil à Antropophagous ?) est vraiment symptomatique du défoulement "no limit" dont a fait preuve le réalisateur.
Les moments humoristiques sont plus nombreux que dans le premier opus. Ainsi, une musique volontairement spiritualiste accompagne les élucubrations mystiques de Manabe, la douce illuminée. Vous devrez jouer le jeu de la parodie et fermer les yeux sur quelques incohérences scénaristiques (par exemple, comment Manabe a-t-elle pu survivre à son avortement ultra brutal ?). Quant au final démesurément grand guignolesque, il vient terminer en feu d'artifice un film qui ne se prend définitivement pas au sérieux et Yamanouchi peut alors se lâcher dans un délire gorissime et euphorisant pour la plus grande joie du spectateur.
Toutefois, je précise que malgré son côté "too much", ce film, nullement destiné aux âmes et aux estomacs sensibles, reste strictement interdit aux moins de 18 ans. A bon entendeurs... Avec Red Room 2, Daisuke Yamanouchi clôt en beauté (si je puis employer cette expression pour de tels films) un diptyque qui a fait beaucoup pour sa notoriété dans les milieux underground. D'ailleurs, le cinéaste nippon tentera habilement de surfer sur ce succès en reprenant le patronyme de Kyoko dans son film suivant, Kyoko vs Yuki, un pinku-gore qui lui aussi, jouit d'une certaine réputation.
Red Room 2 se doit d'être en bonne place dans la vidéothèque de tout amateur de films extrêmes. Comme l'ensemble de l'oeuvre du sieur Yamanouchi, d'ailleurs. Celui ci, avec ses petits moyens financiers et son gigantesque grain de folie, a su se créer un univers bien particulier et reconnaissable entre mille. Un monde pervers, savamment dégénéré où il se permet tous les excès. Red Room 2 ne fait que confirmer que, décidément, le type possède un sacré potentiel.
Note: ?