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What if they went to Moscow?

Publié le 22 septembre 2014 par Picotcamille @PicotCamille

Qui dit rentrée, dit pass du 104!

La saison commençait hier soir avec What if they went to Moscow? de Christiane Jatahy. Une adaptation (très libre) des Trois Sœurs de Tchekhov.

what_if_they_went_to_moscow©-Marcelo-Lipiani

Le jour des 19 ans d'Irina, les trois sœurs apprennent la mort de leur père. Un infarctus au milieu de la rue. Un an plus tard, le jour des 20 ans, la fête peut commencer.

Les grandes lignes de la pièce originale sont reprises, trois sœurs, l'ennui, la volonté de changer sans y arriver et le temps qui passe. Christiane Jatahy place le tout au Brésil, de nos jours avec Iphone, manifestants près du stade brésilien arrêtés, The Cure et caméras. Des caméras il y en a partout. Puisque la pièce est joué dans un atelier, filmée et monté directement pour être tout de suite projeté dans l'atelier d'à côté.

Je ne suis pas forcément fan de la vidéo au théâtre. parce que souvent mal utilisé. Alors, j'avoue, je n'étais pas plus enthousiasme que ça pour me bouger hier soir. J'avais pris les places pour le côté Tchekhov revisité. Et bien j'ai pris une sacré claque. Et dès le début. Deux des actrices s'assoient devant nous et nous parlent: "Peut-on changer? Vraiment?" Viens ensuite une très belle "explication" au dispositif théâtre/cinéma. Si le théâtre est un art du présent, alors nous représentons l'avenir de ce que voit les gens à l'écran. Puisque même si c'est simultané, il y a quand même un décalage. Et si nous sommes leurs avenir, pour eux, nous sommes déjà le passé. Moi, je trouve que ça colle, ça colle avec l'esprit des Trois Sœurs, avec le rapport que nous avons au numérique, avec notre soif de bonheur et notre capacité à le rater.

La première partie (l'anniversaire) est vraiment très bien mené par les comédiennes. Le public fait office d'invités, distribution de jus de pomme, de gâteau, et on nous met au défi de venir danser durant "la boum". Si vous voulez participer, je vous conseille le premier rang. Le quatrième mur est cassé directement mais on a un sentiment d'amour extrême qui englobe toute la salle, les acteurs, les techniciens, vos voisins, même cette meuf reloue qui m'envoyait régulièrement son coude ou sa capuche dans la gueule dans la file d'attente (en déblatérant des inepties qui plus est).

La seconde partie est plus noire, avec des côtés qui m'ont moins plus. Une hystérie montante parfois trop souligné et surligné. Chacune des sœurs capitulent, rattrapées par leur passé. Une grande bassine en plexi où Irina, Olga et Maria vont tour à tour s'imerger comme une métaphore de notre incapacité à changer.

Mais la fin m'a scotché. Et c'est ce qui donne à cette pièce le titre de Flash Love. Au moment où tout les espoirs de changement des trois sœurs sont réduits à néant, elles apparaissent sur le plateau du "cinéma". Elles reprennent le questionnement du début, sur le changement. Et puis la caméra se tourne et nous donne l'autre public à voir, lui de même nous découvre. Et c'est beau, putain, que c'est beau. Hier soir, je n'étais qu'Amour!

A voir!

Vous pouvez voir la pièce au festival Automne en Normandie. Et Christiane Jatahy récidive au 104 avec Julia d'après Mademoiselle Julie de Strindberg du 05 au 15 novembre. Je crois que je vais me prendre des places....


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