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Love Object

Publié le 22 septembre 2014 par Olivier Walmacq

love object

Genre: drame, fantastique, inclassable (interdit aux -16 ans).
Année: 2003
Durée: 1h27

L'histoire: Kenneth est un employé de bureau modèle. Sa vie va soudainement basculer le jour où il découvre qu'on peut commander sur Internet, la femme idéale: une poupée plus vraie que nature. Mais la créature de silicone va réveiller chez cet homme timide de bien étranges pulsions et le faire sombrer peu à peu dans la folie.

La critique d'Inthemoodforgore:

Ah la femme idéale sur commande ! Pas de crises de jalousie, pas de migraine les soirs de câlins, pas de dispute pour le choix des programmes télé et une plastique sublime pour satisfaire tous les fantasmes, le rêve ! Enfin, presque... Love Object, réalisé en 2003 par Robert Parigi, s'intéresse à un thème bien dans l'air du temps: l'amour virtuel. Quoique virtuel, pas tout à fait puisqu'il s'agit ici d'une relation entre un homme de chair et de sang et une poupée faite en silicone.
L'histoire doit vous rappeler quelque peu "Monique" avec Albert Dupontel, sorti l'année précédente. Mais autant le film français donnait dans un registre comique en multipliant les quiproquos, autant Love Object explore le côté obscur du désir et tente de réfléchir aux dérives possibles que pourraient engendrer ces rapports contre nature, sur un esprit instable et perturbé.

Parigi (dont je ne dirai pas que du bien par ailleurs) s'avère assez adroit pour ne pas tomber dans le graveleux et le putassier facile. Love Object ne rentre pas dans un genre défini, tenant à la fois du thriller fantastique et du drame intimiste. Le réalisateur mène son film comme un voyage dans les fantasmes tourmentés d'un homme à priori banal, mais dont les troubles psychologiques vont peu à peu se révéler au grand jour pour prendre entièrement le contrôle de sa personnalité. 
Au niveau du casting, on retrouve Desmond Harrington, Melissa Sagemiller, Udo Kier et Rip Torn. Attention spoilers: Kenneth est un employé modèle dans une grande société. Timide mais brillant, il se voit confier le traitement d'un dossier important et urgent.

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Pour l'aider dans sa tâche, son supérieur hiérarchique lui adjoint Lisa, une charmante intérimaire. Bien qu'immédiatement attiré par la jeune femme, Kenneth préfère fréquenter les sex shops et les peep shows à la sortie de son travail. Un jour, ses collègues lui font découvrir un site où l'on peut commander, pour la modique somme de 10 000 dollars, une poupée en silicone plus vraie que nature. D'un simple clic, on peut créer la femme de ses rêves en sélectionnant chaque partie de son anatomie selon ses préférences personnelles. Le soir même, Kenneth commande une poupée répondant au doux nom de "Nikky", en la reconstituant physiquement à l'identique de Lisa.
Dès lors, en plus des rapports sexuels qu'il a avec la créature siliconée, il mange, dort, discute avec elle comme s'il s'agissait d'une véritable personne. Tandis qu'il obtient une promotion, il se rapproche de plus en plus de sa collaboratrice au point d'entamer une relation.

Peu à peu, Kenneth modifie l'apparence de Lisa dans le but de la faire ressembler le plus possible à sa poupée. Tailleur gris (la référence à Vertigo d'Hitchcock est évidente), coupe de cheveux, maquillage...Lisa devient alors le clone humain de la poupée Nikky. Pourtant, Kenneth commence à afficher des signes inquiétants de paranoïa et de démence. Ainsi, il se persuade que la poupée, devenue jalouse de Lisa, le suit, l'observe ou lui téléphone sans arrêt.
Les rapports intimes qu'il entretient avec la créature glissent progressivement vers des jeux sado masochistes dont il s'imagine être la victime. Découvrant ses penchants obsessionnels, Lisa le quitte et il se retrouve, en plus, licencié pour harcèlement. Le jeune homme basculera alors définitivement dans la folie et le meurtre. 

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A première vue, Love Object ne nous présente qu'un psychopathe de plus, venu s'ajouter à la longue liste qui a parsemé l'histoire du cinéma. Kenneth Winslow apparaît comme un "cousin éloigné" de Norman Bates ou Patrick Batman en quelque sorte. Cependant, le film de Robert Parigi s'éloigne des sentiers battus car il ne parsème pas le fil de son histoire, d'une litanie de cadavres.
De par son sujet, il se démarque également du schéma traditionnel. Timide, discret, effacé même, Kenneth n'a rien du serial killer conventionnel. Le dérèglement de sa personnalité provient de la dualité qui le tiraille entre un caractère timoré, une vie sociale bien ordonnée et une libido déformée à l'extrême qui l'empêche de s'épanouir dans une relation amoureuse normale.

On remarquera que ce n'est qu'à la moitié du film que Kenneth embrasse Lisa alors qu'il était évident que, dès le début, celle-ci n'était pas insensible à son charme. Ce qui confirme que le personnage souffre d'une timidité quasi maladive que son double maléfique se fait un plaisir de transformer aussitôt en fantasmes malsains. Nous avons donc à faire à un bel exemple de schizophrénie libidineuse.
Plus avant, je faisais référence à Patrick Batman et ça n'était pas innocent car il me semble que Love Object vient loucher sérieusement du côté d'American Psycho. Il est par contre, nettement moins violent et il faut attendre la fin du film pour voir un peu de sang. L'interdiction aux moins de 16 ans me paraît, sur ce point, largement surestimée. 

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Love Object, couronné par le prix de la critique internationale au Festival de Gerardmer en 2004, fut le premier et l'unique long métrage de Robert Parigi qui a depuis disparu des radars. Incontestablement, le point fort de cette oeuvre reste son sujet original et l'habile exploitation que le réalisateur en fait en créant un climat de malaise tout du long.
Malaise en grande partie provoqué par la qualité de l'interprétation de Desmond Harrington qui se livre à une troublante composition (mais pas inoubliable). Le final, que je ne dévoilerai pas, est aussi assez réussi de par son immoralité. Mais, car il y a un mais, le très gros point noir de cette production reste sa mise en scène. Mou, plat, pour ne pas dire anesthésié, le film se traîne tel un téléfilm M6 d'un dimanche après midi pluvieux et il vous faudra attendre le dernier quart d'heure pour voir enfin, un peu d'action.
Alors, même si l'histoire se laisse suivre sans aucun déplaisir, Love Object souffre d'une réalisation vraiment trop amorphe pour susciter l'enthousiasme et ma totale adhésion. 
Au final, j'avoue avoir ressenti une certaine déception tant les avis élogieux sur ce film fleurissent sur le Net. Vraiment regrettable car un sujet comme celui là aurait mérité d'être traité avec plus de force et de dynamisme. Donc, Love Object s'avère être un petit gâchis par le manque de savoir faire (et tout simplement de talent) d'un réalisateur trop incompétent pour une oeuvre aussi ambitieuse. Too bad...

Note: 10,5/20


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