Vendredi 19 septembre, l’association toulousaine « Rue Piétonne » offrait aux toulousains une restitution du projet artistique « Perfomance KA ». Un travail menait en résidence, à l’Espace Bonnefoy par 5 artistes guadeloupéens et toulousains.
Sur scène Edwin Budon Batteur, Boula (Tambourinaire basse), répondè (choeurs), bouladjèl (Percussions vocales), Alex Abeil, Créateur sonore électronique, art numérique, Ndoho Ange, Danseuse Gwoka et danseuse contemporaine, chorégraphie sonore, répondè (choeurs), Célia Wa Beatmaker, flûte traversière, chant, ambiance sonore, Christophe Giffard Création sonore électro-acoustique, Allane Varane (Markè), Désirée Bachelin (Slam).Performance-Ka est une proposition de mise en présence artistique qui à pour but d’explorer la dimension contemporaine, au sens temporel du terme, autrement dit expérimentale, du Gwoka, culture traditionnelle de la Guadeloupe
Exposition « BigidiPlakata » – Anaïs Vespan – Toulouse, sept 2014.Une soirée qui démarre avec la présentation de l’exposition « Bigidi Plakata » de l’artiste peintre guadeloupéenne Anaïs Vespan, en présence du chargé des expositions de l’Espace Bonnefoy et de la maire de quartier Madame Hélène Costes- Dandurand. Elle explique le contenu de cette exposition, composée d’oeuvres de sa première exposition réalisé en 2010 en Guadeloupe et d’œuvres plus récents dont certaines réalisées spécialement pour l’occasion. Des toiles qui évoquent « le pied et la marche en situation de groupe ou solitaire, en Guadeloupe mais aussi le son des percussions. Elles sont réalisées à main ce qui donne une impression de mouvement immédiat. Les couleurs vives ponctuent et habillent ces toiles sur fond noir. Rouge, jaune, bleu, couleurs pas si primaires que cela entre les doigts d’Anaïs Vespan. Chaque jet, explosion, coup de peinture a sa raison d’être. Pas de fioriture, chaque élément est à sa place et contribue à l’équilibre de l’oeuvre. Bien sûr, je ne fais que retranscrire mon ressenti face au travail de cette artiste. Pour découvrir son univers l’idéal serait de vous rendre sur son site.
Performance Ka, de l’art visuel à la musique…
Un public de curieux et connaisseurs avait répondu à l’appel lancé par Rue Pietonne. Découvrir la culture KA et la mettre en perspective avec d’autres formes d’expressions visuelles et auditives. Une soirée ayant pour fil conducteur le gwo ka, musique traditionnelle de Guadeloupe composé de 7 rythmes principaux tels que le
- Le « toumblak » (le plus connu) qui est aussi danse de l’amour avec ses postures suggestives. Se rapprochant du « calenda », il rappelle les danses de la fertilité en Afrique (le « toumblak » devient « toumblak chiré » quand le rythme s’accélère jusqu’à l’envoutement).
- le « graj » : danse de travail dont les mouvements évoquent les différentes phases de la fabrication de la farine de manioc.
- le « mendé » qui est aussi un rythme et une danse de carnaval. Il symbolise l’évasion collective. Ce rythme incite à la marche et au défilé.
- le « woulé » : sorte de valse piquée appelée aussi « ballon », était autrefois dansé avec un foulard (danse de travail).
- la « granjanbel » (ou » padjanbel) : rythme et danse de travail qui rappellent les mouvements saccadés des esclaves des plantations.
- le « kaladja » : danse de l’amour (triste) – chagrin (« lenbé ») ou événement triste.
- le « léwoz » qui est sans doute le rythme le plus complexe et difficile à exécuter. C’est aussi une danse d’incantation probablement désacralisée et provenant des sociétés secrètes à l’origine des révoltes aux XVIIIème siècle.
Les acteurs de Performance KA
Les différents acteurs qui composent le Gwoka ont tous une place importante. L’art de l’improvisation reste l’un des fondements de cette musique. Toute individus entrant dans la ronde pour chanter, danser ou jouer est libre de s’exprimer mais doit veiller à respecter les règles rythmiques et mélodiques.
Instruments
Traditionnellement composé de 3 tambours ( 2 boulas et 1 Marké), la formation se complétera avec un chacha- calebasse ou exceptionnellement ti bwa, et la participation des chœurs. Pour l’occasion, 1 markè était accompagné du batteur et autres éléments de percussions électroniques représentaient cette base rythmique. Un duo qui fonctionnait assez bien sur scène. Celui était par moment agrémenté de percussions vocales (bouladjèl) réalisées par Célia Wa, et les autres protagonistes présents. J’aurais aimé que le public soit plus impliqué dans le spectacle.
Chanteur -Choeurs( répondé)
Le chant a une grande place dans le Gwoka. Le chanteur tient une place prépondérante et celui-ci doit faire preuve « lokans » lorsqu’il entre dans la ronde. Même les voix et expériences vocales étaient agréables, j’aurais aimé entre aussi ces voix fortes et graves qui sont si singulières à cette musique et qui de fait capte les âmes. Ce soir-là nous avons pu entendre tour à tour les voix de la chanteuse et flutiste Célia Wa et une autre artiste invité dont j’ai oublié le nom. Des standards tels que « Jean fouyé » « Elwa » ont été revisité par le collectif.Tambouyé Boula et markè (soliste)
Allan Varane, tambouyé soliste, lors de cette représentation. Une belle surprise pour moi. Précision et fluidité et une musicalité dans ses solos à ne pas négliger.
Performance Ka, quand la danse est aussi percussion
Dans le gwo ka, l’espace dédié à la danse est libre. Le danseur peut sortir du public et s’exprimer sur la production musicale qui lui sera offert. A lui ou elle d’être à la hauteur et de faire valoir sa souplesse, sa capacité d’improvisation en emmenant à la lui le soliste qui devra suivre les pas et déhanchés du danseur. Dans le cadre de performance KA, c’est la danseuse ANGE Ndoho qui s’est appropriée l’espace avec brio. L’expression corporelle mise en lumière via les créations sonores et numériques d’Axel ABeil et Christophe Giffard, ont apporté une plus à la mise en scène. Ce fût un vrai plaisir de la voir s’exprimer.
Performance Ka, une expérience artistique courage à développer
Un concept très intéressant qui mérite d’être développé. Une production musicale originale et audacieuse, des artistes déterminés que j’aurais aimé voir exploser sur scène grâce une vraie direction artistique. L’absence de mise en scène a été assez perturbante pour la spectatrice que je suis. Mais comme je le disais plus haut, je salue la performance et le courage de toutes les personnes qui ont participé à ce projet artistique. Oui, malgré les lacunes, il mérite d’exister et sur d’être par le plus grand nombre. En espérant voir un « PERFORMANCE KA II »
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