Un film de Albert Dupontel (2012 - France) avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel, Nicolas Marié, Philippe Uchan
Une bonne comédie française, OUIIIIIIIIIIIII !
L'histoire : Ariane est magistrate, un tantinet psycho-rigide. Elle a décidé une fois pour toutes de ne jamais se mettre en couple, encore moins d'avoir d'enfants : sources de bien trop de malheurs, ainsi qu'elle peut le constater chaque jour dans son bureau. Elle se consacre entièrement à son boulot. Sauf un 31 décembre où, pressée par ses collègues, elle accepte de venir prendre un verre, puis, deux, puis trois... Six mois plus tard, elle apprend qu'elle est enceinte. Déni de grossesse. Une bande vidéo lui montre que, bien éméchée, et affublée d'une perruque de juge, elle a donné de sa personne avec un inconnu, dans la rue. Test ADN... il s'agit d'un repris de justice, qui vient d'être arrêté pour avoir coupé en morceaux puis mangé les yeux du propriétaire qu'il venait de cambrioler. Lequel ne la reconnaît pas mais la supplie de l'aider : cambrioleur, oui, mais Hannibal Lecter non ! Et elle seule (mais il ne le sait pas) détient l'alibi imparable qui le sauverait : à l'heure du crime, ils étaient en train de batifoler sur un banc public...
Mon avis : Et ben voilà ! Ce n'est pas de moi que ça vient. Il existe de bonnes comédies. Evidemment, pour ceux qui lisent ce blog régulièrement et savent que Dupontel me fait peu rire... ça a de quoi surprendre ! Mais il n'est que le fou qui ne change pas d'avis. Et ce film m'a vraiment fait marrer ! Complètement loufoque, barré, burlesque, avec une caméra virevoltante, voyageuse, qui donne le tournis (plans séquences, travellings). Du très joli boulot, un scénario très bien écrit, très drôle et deux acteurs en totale osmose. Sandrine Kiberlain fait merveille ; cette petite chose fragile, intello-déprimée, révèle un potentiel comique énorme (elle a été récompensée pour ce rôle). On avait pu le déceler dans Pauline détective, mais le film était si nul que sa prestation disparaissait dans le néant. Ici, elle s'éclate et ce n'est que du bonheur ! Quel couple d'enfer ! Aussi farfelu, délirant, et même parfois sérieusement gore, qu'attendrissant lorsque l'amour - complètement incongru et donc totalement dans l'esprit romcom - frappe à la porte.
Et plein de petits caméos sympas.
Voilà exactement pourquoi je ne DESESPERE jamais et que je continue de regarder, malgré mon effroi grandissant, les comédies françaises. Pour tomber sur ces perles qui confirment que la France a un incroyable talent. Le seul problème est de faire le tri entre ceux, rares, qui sont vraiment doués, et ceux qui, comme dirait Regards féeriques, se croient des artiiisssses.
Ah, je suis rassurée. 2.000.000 d'entrées, cette fois je comprends !
Toutes les critiques sont au top. Petit florilège de celles qui me semblent les plus pertinentes concernant le pourquoi du comment : "On n’avait pas vu Dupontel aussi en forme depuis "Bernie" ; son énergie débordante enfin maîtrisée, le sale gosse du cinéma accouche d’un adorable monstre." (parfaitement d'accord, je trouve que Dupontel partait dans tous les sens ces derniers temps, ici, c'est super bien écrit) (Ecran Large) ; "C'est irrésistible d'humour, d'une énergie colossale, et en même temps discret, touchant, modeste et tellement tendre. Si Dupontel a réalisé la meilleure comédie depuis longtemps, c'est parce que le scénario est implacable (...). Les acteurs sont parfaits et la mise en scène toujours au quart de poil." (Le Nouvel Obs) ; "La mise en scène est à l'avenant, rythmée en diable par l'enchaînement des bons mots dans les dialogues et des trouvailles insolites pour des gags visuels. Alors que le cinéma hexagonal se calfeutre dans la bienséance timorée, Albert Dupontel ose." (Ouest France) ; "Cette comédie loufoque très rythmée est ce que le cinéaste acteur a fait de mieux et de plus drôle. On y retrouve une Sandrine Kiberlain au sommet du décalage (...). Avec sa causticité mal embouchée, Dupontel relève le niveau de la comédie française." (L'Humanité) ; "Avec une délicatesse de touche inattendue, une palette de focales subtiles et une panoplie de seconds rôles abonnés à son cinéma (...), Dupontel s'apprête à élargir un public qu'il va, certes, faire pleurer de rire. Mais aussi rire et pleurer." (TéléCinéObs) ; "Albert Dupontel, jusque-là cinéaste original et incisif ("Bernie", "Le Créateur", "Le Vilain"), mais souvent freiné par la maladresse de son agressivité. Le voilà, soudain, transformé, très à l'aise entre rosserie et charme." (Télérama).
Bon, bien sûr, vous avez Les Cahiers qui n'ont pas aimé. Mais on sait qu'ils nagent toujours à contre-courant. Ce qui est une bonne chose. Ca permet de relativiser.