Chlorophylle le lérot et son comparse Minimum le mulot sont de retour sur l’île de Coquefredouille, lieu de leurs anciens exploits. Invités par le roi Mitron XIII à la cérémonie d’ouverture de la 33ème édition du festival international de cinéma, les deux compères vont devoir affronter un groupuscule indépendantiste bien décidé à renverser le pouvoir en place. L’occasion pour eux de sortir de leur semi-retraite et de revivre une aventure digne de leur glorieux passé.
Attention, série culte ! Pour moi du moins. Chlorophylle, c’est toute mon enfance. Le premier album date de 1954, je n’étais évidemment pas né (ben oui, je suis encore très, très jeune, faut pas croire) mais je l’ai découvert trente ans plus tard, lorsque j’ai enfin eu le droit de mettre le nez dans les BD de mon père. Et Raymond Macherot, le créateur de Chlorophylle, reste dans mon panthéon personnel comme un des plus grands auteurs de l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge. Certes bien moins connu que Franquin, Morris, Uderzo, Peyo ou Roba, mais tout aussi talentueux. Un dessinateur animalier dont la poésie et les ambiances bucoliques ont fait rêver le petit garçon que j’étais à l’époque.
Bref, trêve de nostalgie, je me suis plongé dans cet album avec pas mal d’appréhension, tant les reprises de ce genre sont rarement convaincantes. Avant coup, la présence de Zidrou avait de quoi rassurer. Après coup, je me dis que le pari est gagné et que ce diable de scénariste a su trouver un certain équilibre en saupoudrant d’un zeste de modernité un univers forcément un peu daté et, oserais-dire, suranné. Ainsi, lorsque Chlorophylle reconnaît, en bon personnage de BD des années 50-60, qu’il ne sait pas s’y prendre avec les filles parce que, de son temps, « on naissait célibataire et on le restait jusqu’à ce que mort s’ensuive », il s’entend répondre : « De ton temps, c’est bien simple, on n’avait pas encore inventé le sexe ».
Le mélange de thématiques modernes et de respect de l’esprit original est donc une réussite. Niveau dessin, Godi n’est pas Macherot, c’est une évidence, mais il s’en sort plutôt bien. Maintenant, je ne sais pas si la résurrection d’une aussi vieille série va trouver son public, notamment chez les enfants. Sincèrement, j’en doute. Par rapport à Titeuf, aux P’tits diables ou aux Sisters, Chlorophylle ne fait pas vraiment le poids. Et par rapport aux BD jeunesse d’aventure, Les légendaires ou La rose écarlate sont bien plus attirants. Finalement, ce n’est peut-être qu’une madeleine de Proust à destination des « vieux » lecteurs comme moi. Pas certain que cela suffise à pérenniser cette reprise, même si un second tome est d’ores et déjà annoncé.
Chlorophylle T1 de Godi et Zidrou. Le Lombard, 2014. 48 pages. 10,60 euros.
Qui dit Zidrou dit Noukette, c'est donc une fois de plus avec elle que je partage cette lecture commune.